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08 Mars 2018 au Cameroun: Olga Tiyon « Il y’a des collaborateurs qui estiment qu’une femme ne devrait pas leur parler comme ci ou ça »

Olga Tiyong
Olga Tiyong

Les habitués du festival Ecrans Noirs et des Trophées Francophones du Cinéma la connaissent très certainement.  Olga Tiyon, est l’hôte de notre #7e épisode de la série ‘08 Mars 2018 au Cameroun’. la dame au sourire nous donne un aperçu de sa vision de la place de la femme dans la société.

Olga Tiyong
Olga Tiyong

 Bonjour et merci d’avoir répondu à notre demande d’interview. Peux-tu te présenter aux – quelques – internautes qui ne te connaissent pas ?

Je suis Olga Tiyon. Je mène une vie embrouillée entre le journalisme, la communication culturelle cinématographique, la création de bijoux et accessoires africains et le missionnariat. Oui, tout ça rien que pour mes 1m65 et mes 63 kg  (Rires).

Coté académique, Je suis diplômée d’un DSTIC (Diplôme Supérieur des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication) de l’ESSTIC et d’un Master 2 international en management des media de l’ESJ (Ecole Supérieure de Journalisme) de Lille.

En quoi consiste ta routine de travail dans ce domaine ?

En tant que responsable de communication des évènements sur lesquels j’ai travaillé, notamment le festival Ecrans Noirs et les Trophées Francophones du Cinéma, mon travail a consisté à optimiser la visibilité, l’accès à l’information et la notoriété de ceux-ci. Aussi bien par le développement de partenariats, la mise en place des stratégies de communication, la coordination de la communication numérique, la production et le déploiement des supports de communication auprès des publics cibles.  En tant que responsable des relations presse, je fais connaitre et relais des actualités sur des films, réalisateurs, acteurs ou tout autre projet culturel sur lequel je travaille auprès des journalistes et des media.

Mais bien sûr je compte aller beaucoup plus loin que tout ça bientôt…

Pour le thème de la journée du 08 Mars cette année on demande « d’Intensifier la lutte contre les discriminations à l’égard des femmes ». Pour réduire ces discriminations, penses-tu qu’il faut :

a- Se dire : ca va venir ?

b- Sensibiliser encore et encore?

c – déclarer la guerre pour cette cause?

Sensibiliser encore et encore. Bien souvent c’est par ignorance, esprit conservatisme ou encore par peur que les gens enferment les autres dans des « cages » mentales et socio-culturelles. Le changement social a toujours été précédé du changement de mentalités et bien des fois cela prend du temps. Enormément de temps…

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Que fais-tu à ton niveau pour réduire ces discriminations? 

Inconsciemment dans mon travail de journaliste, j’ai toujours eu plus de plaisir à mettre en avant les femmes. Cet esprit m’animait déjà quand j’ai créé et managé de 2008 à 2013, Goducamer.com, le 1er site féminin camerounais d’informations. J’estimais qu’il n’y avait pas assez de représentativité de leurs profils et activités dans les medias. Quand c’était le cas, c’était cantonné la plupart du temps dans les pages mode, beauté et cuisine. Or elles se déploient et de plus en plus jeunes dans des domaines dans lesquels on ne les attendait pas (politique, économie, technologie, sport, éducation…) et cela mérite d’être relayé surtout dans nos sociétés où les choses nous sont rarement facilement acquises à causes des poids culturels et traditionnels.  

Dans le milieu du cinéma dans lequel je me suis orientée par la suite, j’ai toujours plus de plaisir de mettre les projecteurs sur des évènements et des films faits par les femmes ou sur des hommes qui abordent des thématiques féminines. 

As-tu été victime de discrimination en tant que femme ? Sinon quelqu’un de ton entourage ? Racontes-nous ; Comment as-tu réagi ?

Oui.  Maintenant est ce que c’est au point d’être un frein à ma carrière je dirai : Non. Je dois avoir un ange gardien vraiment efficace (rires)  

Sinon, il y’a des collaborateurs qui estiment « qu’une femme ne devrait pas leur parler comme ci ou ça… ».  Il y’a des phrases du genre « les femmes à ton âge devraient être ci ou ça, ou ne pas faire ci ou ça… », ou encore « Tu te prends pour qui ? Pour un homme ? ». J’en ai entendu tellement que je préfère en rire. J’ai toujours été quelqu’un de très libre dans ma tête et un peu fofolle sur les bords. Je prends les choses avec beaucoup d’humour et d’auto dérision.

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Mais quand ces discriminations concernent quelqu’un d’autre, je reste rarement muette devant l’injustice…  Et bien des fois ça prend feu (rires)

Quel est le stéréotype le plus répandu sur les femmes comme toi qui entreprennent ?

Le stéréotype selon lequel on décrocherait des contrats, travaillerait sur des projets ou obtiendrait des financements grâce à nos charmes. Quand on a en face une femme nettement plus intelligente et compétente que soi, prendre le raccourci pour répandre des rumeurs de ce genre sans preuve sur elle juste pour salir sa réputation et contenter son égo, c’est déplorable. Oui les « promotions canapés » existent. Il y’a rien de nouveau sous le soleil mais y avoir recours systématiquement comme explication à toute réussite féminine relève juste d’un complexe d’infériorité et d’une petitesse d’esprit pour laquelle on ne plus faire grand-chose.  Et bizarrement cela ne vient pas que des hommes…  

 Penses-tu qu’il faut nécessairement une égalité entre homme et femme pour une société idéale ?

Qu’on donne tout simplement la même chance aux gens d’avoir ce à quoi ils devraient avoir droit en tant qu’être humain sans se cacher derrière des stéréotypes, préjugés et cloisons socio-culturelles qui ne servent qu’à satisfaire des egos surdimensionnés d’une société hautement patriarcale.

 Qu’est-ce que tu prévois de faire pour la journée du 08 Mars ?

Cela dépendra s’il fait beau temps ou pas (Rires). De toute façon tout ce qui tournera autour du cinéma, de la musique, de la littérature ou de la photographie m’intéressera…

Propos Recueillis par Yves Martial TIENTCHEU, Lebledparle.com

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