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[Tribune] Le bilan de Rigobert Song et ses implications : échec effectif et espoirs pour le futur.

Après la sortie prématurée des Lions indomptables à la coupe du monde Fifa Qatar 2022, l’universitaire acteur sportif, Mathias Eric Owona Nguini fait une analyse profonde de la participation du Cameroun et faire des propositions concrètes pour le devenir de l’équipe nationale du Cameroun.

Rigo Song Qatar

Rigobert Song n’a pas réussi a nous qualifier pour le 2eme tour du mondial 2022 et est très loin des ambitions affichées par le président de la Fecafoot de gagner le 7eme match de la coupe du monde !!! il faut le dire d’emblée, l’objectif était clairement trop haut !!! Pour autant l’affichage de Samuel Eto’o a eu une valeur symbolique, celui de restaurer le Cameroun dans une mentalité de confiance en coupe du monde détruite par 2 coupes du monde catastrophiques en 2010 et en 2014 (31eme /32 et 32e /32).

     1-un objectif manque de peu en raison d’insuffisances tactiques des joueurs.

Le Cameroun a manqué d’aller au deuxième tour parce qu’il a manqué de justesse technique (pour ouvrir le score avec 4 occasions nettes) et de lucidité tactique (pour réduire le score une fois mené, en faisant sortir Choupo Moting au lieu de l’associer à Aboubakar venu du banc de touche). le coach Song et son staff n’ont pas résolu le problème de la nécessaire remontée  du  bloc-équipe pour essayer de revenir au score contre l’ absence  en l’ absence d’un métronome incontestable pouvant la projeter vers l’ avant et varier les attaques en vue de déséquilibrer la suisse et d’égaliser). Même avec ses failles tactiques ou ses biais techniques, le Cameroun pouvait passer au deuxième tour si nos attaquants avaient fait preuve de maturité contre la suisse en passant le ballon à des coéquipiers mieux places pour marquer (4 occasions nettes gâchées par l’égoïsme de Mbeumo, Choupo et Toko.   Le milieu n’a pas su jouer sa fonction stabilisatrice faisant peser son inertie sur la défense centrale et ralentissant les transitions rapides vers l’attaque. Les défenseurs de couloir, surtout à gauche n’ont pas su créer ni multiplier les dédoublements, les débordements et les centres. Il faut quand même indiquer que Fai a dans ce secteur, fait plus d’efforts que Tollo. Nkoulou malgré sa science tactique s’est montré trop prudent dans le positionnement de sa défense.

 2- un poste de gardien déstabilise par l’indiscipline de son numéro 1.

Aussi bien Onana qu’Epassy ont eu des prestations honorables. On peut néanmoins reprocher à Onana de contester les consignes fixées par le coach Rigobert Song en faveur d’un jeu classique n’abusant pas du jeu au pied ni d’un positionnement de libero. Cela n’a pas été du gout d’Andre Onana. Devis Epassy s’est montre plus classique. Le problème est que le staff n’avait lors de la préparation donne de signaux d’une quelconque mise en concurrence au poste de gardien. Epassy n’était donc pas suffisamment préparé psychiquement à devenir titulaire.

  3- une défense tactiquement déséquilibrée.                                    

L’un des grands problèmes de la défense camerounaise est liée à l’inégale culture tactique des joueurs de ce compartiment. Ce problème s’est pose surtout pour Nouhou Tolo mais aussi pour Collins Fai. Il a trait au positionnement de ces latéraux. Cet état de choses contraignait la coordination de la défense par Nicolas Nkoulou, ce désordre tactique combine à sa vivacité réduite contraignant le libero à valoriser un jeu prudent et bas pour éviter des ballons dans le dos de la défense camerounaise. Trop prudent, le coach (c’est compréhensible) a fait confiance à l’expérience et l’intelligence tactiques d’un Nkoulou physiquement émoussé a la vitalité et au talent d’un Christopher Wooh. surtout, Song et son staff ont manqué de voir que la qualité et la polyvalence d’Enzo Ebosse auraient dû en faire le titulaire du couloir gauche de la défense des lions indomptables car Ebosse est largement supérieur à Tollo !!!

  4- une faible maturité tactique de l’entrejeu.                       

Le milieu de terrain est le problème fondamental des lions indomptables. Il est compose de joueurs essentiellement défensifs dont l’impact physique est réduit par leur faible compétitivité en club. Ces joueurs sont techniquement moyens, se montrant très frileux au plan tactique. Ces milieux ont une relance médiocre et une capacité limitée de projection vers l’avant. La star de ce milieu, Andre Franck Zambo Anguissa, n’arrive pas à s’imposer comme le métronome de l’équipe et le patron de ce milieu.  Cet entrejeu n’a manifeste que peu de capacité à varier méthodiquement le jeu entre jeu long et jeu court. Même si avec l’entrée de Kunde Malong et d’Olivier Ntcham, sa capacité de projection vers l’avant s’est améliorée, cet entrejeu souffrait toujours d’une circulation inégalement fluide de la balle. Ce faisant, le Cameroun avait des difficultés dans le jeu de transition. Ainsi, sa capacité de riposte offensive était limitée. Ses milieux ayant beaucoup de peine à relancer surtout par la rapidité de transition.   Hongla a joué par éclipses et Samuel Oum Gwet n’est jamais sorti de sa zone de confort tout comme Gaël Ondoa. Zambo quoique plus combatif que d’habitude, pèche par trop de fantaisie et de nonchalance, pourtant il a beaucoup patrouille !!! Seul Ntcham, pour le peu de temps qu’il a eu, a essayé de jouer juste et de projeter l’équipe vers l’avant. Kunde Malong a aussi tente mais en sombrant dans le one man show.

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        5-une attaque souvent isolée et pas assez efficace.                                     

L’attaque camerounaise a d’abord souffert de la difficulté qu’avaient les milieux de terrain à en trouver les éléments. Ensuite, les attaquants de couloir en dehors de Bryan Mbeumo et dans une moindre mesure de George-Kevin Nkoudou et de Nicolas Moumi Ngamaleu a créer de la percussion. Toko était complètement hors de forme et Bassogog pas assez affute !!! Au centre, Choupo et Aboubakar ont pesé sur l’adversaire mais en étant souvent coupe des ailes. Il a alors fallu souvent recourir aux balles cassant les lignes comme avec la passe décisive de Castelletto pour Aboubakar pour sa louche concluante devant la Serbie. Quand le Cameroun a respecté les bases du jeu en mouvement par les cotes, il a pu marquer quand Aboubakar a centre en retrait pour Choupo Moting et lorsque Ngom Mbekeli a  » déposé » un centre pour une tète victorieuse d’Aboubakar contre le brésil. Le jeu d’attaque du Cameroun a souffert de la paralysie du couloir gauche Toko a été décevant, il est vrai fort desservi par la pauvreté du jeu offensif de Nouhou Tolo. l’attaque a aussi souffert de l’égoïsme outrancier de ses joueurs contre la suisse avec 4 occasions nettes manquées en raison de leur refus de passer le ballon a des coéquipiers mieux places pour marquer !!!

          6- un apprentissage apeure du coaching du haut niveau mondial.     

Ni Rigobert Song ni son staff n’avaient jamais eu a gérer les responsabilités du coaching dans les matchs de haut niveau que sont les matchs de coupe du monde !!! Cela a eu pour effet de les crisper et de les pousser à une prudence s’apparentant parfois de la frilosité. Song conscient des failles tactiques de son équipe a raisonnablement conseille à ses joueurs d’être prudents. Avec sa tactique défensive contre la suisse, il a oublié de concevoir un dispositif de contre-attaques rapides visant à déséquilibrer l’adversaire pour se créer des occasions de but en insistant sur la nécessite d’une efficacité impitoyable des attaquants car de telles occasions ne seraient pas abondantes. Comme ses joueurs, Song entretenait des complexes d’infériorité vis-à-vis des équipes adverses. Cela a empêché le Cameroun de tenter plus contre la suisse et même la Serbie.

7-une maturation tactique au fil des matchs.                                                    

Au fur et à mesure que la compétition avançait, Song a progressé dans sa compréhension du cadre tactique des matchs de coupe du monde. N’eussent été les bourdes de son milieu de terrain sur les deux premiers buts de la Serbie, les choses auraient pu aller dans le sens d’une qualification.la gestion tactique du 3eme match s’est faite avec plus de maturité. Le début d’une maturation tactique de haut niveau pour le coach. Il est important que Rigobert Song regarde à plusieurs reprises la vidéo du match contre le Brésil. Ceci lui permettra de mieux intégrer les exigences tactiques des matchs de haut niveau que sont les rencontres de coupe du monde. Cela lui fera encore mieux comprendre la nécessite pour un coach en chef d’avoir des assistants dotes d’une haute culture tactique et charges d’aider le coach a mieux cerner la dynamique configurationnelle propre à chaque match dans les différents compartiments de l’équipe.

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  8- l’exigence consolidée d’une meilleure connaissance du groupe. 

La brièveté de la période de préparation n’a pas facilité la maitrise du groupe renouvelé dont le coach avait besoin pour mieux asseoir les bases tactiques et stratégiques de son équipe. Au fil des matchs, le coach Song a clairement amélioré son niveau de connaissance sur les forces et les faiblesses de son équipe. Il a aussi commencé à comprendre l’importance de tout ce processus pour la maturation de ses plans de jeu.

9-la constitution d’un noyau potentiel de champions.             

Rigobert Song, a vu, du moins on l’espère, le potentiel international de ses joueurs. Des garçons comme Mbeumo, Nkoudou Ebosse, Ntcham, Wooh, Casteletto associes a des joueurs absents comme Jean Onana ou Ignatius Ganago fournissent un réservoir de forces complémentaires aux cotes de zambo ou de Toko, pour construire une grande équipe du Cameroun. Aboubakar et Choupo qui sont en fin de trajectoire n’auront plus beaucoup de temps pour les accompagner. La Can 2024 sera peut-être, s’ils tiennent encore la route, leur dernière campagne. Si des jeunes comme Baleba et Tchato continuent de monter en puissance, il faut les intégrer. S’il ne faut pas fermer la porte a André Onana, celui-ci doit donner des gages sur sa disposition à respecter la discipline nécessaire pour l’épanouissement du groupe.

  10-privilegier la performance et la rigueur pour construire une équipe mondialement compétitive.

Rigobert Song et son staff doivent bénéficier d’un renouvellement de la confiance de la fédération car avec un peu de réussite, et malgré les failles de son équipe, il aurait pu se hisser au deuxième tour. Son échec ne saurait faire oublier que Song a placé les lions indomptables sur le chemin du redressement. Cela faisait 20 ans que le Cameroun n’avait plus gagne ou même fait de match nul en coupe du monde. Quelque chose est née et il faut de la continuité pour le faire murir. L’un des facteurs bloquants pour les lions indomptables en coupe du monde, c’est la valse des entraineurs. C’est comme cela qu’on avait rompu la mécanique mise en place par Seedorf et Kluivert parce qu’ils avaient perdu la Can 2019 alors qu’ils étaient en train d’améliorer la base de jeu des lions indomptables. Il faut laisser son en place mais consolider son staff avec comme objectifs la Can 2024 et la coupe du monde 2026.

Note du coach : 1- leadership : 1.5/2.5. 2 -motivation : 2/2.5. 3- savoir -faire tactique : 1.5/2.5. 4- technicité : 1.5/2. 5- efficacité : 1.25/ 2.5. 6-gestion du groupe : 1.5 / 2.5. 7- gestion du jeu/réussite dans la compétition : 1.25/ 2.5. 8-potentiel : 2/ 2.5.

 


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