Je vous le confesse en toute honnêteté et même si je n’aime pas souvent parler de ma famille en public. Dans ma famille également les filles Éton, bassa et bulu malgré leur présence sont souvent contestées au départ en attendant qu’elles fassent leurs preuves. Curieusement les filles et gars bamileké sont plutôt acceptés d’emblée et plus nombreux à ce jour que ces tribus presque apparentées ou géographiquement plus proches que je viens de citer. On postule intuitivement le dynamisme, la politesse et la bonne gestion des ressources par les ressortissants de l’Ouest.
Mais quand vous débarquez le premier jour avec une fille Éton on craint qu’elle viendra battre ou crier sur tout le monde ou alors qu’elle viendra vous envahir en amenant ses frères et sœurs en mariage. Parfois on vous demande généralement sous forme de satyre si tu as déjà vu la tombe d’une fille bulu ou bassa au village. L’idée et le stéréotype étant qu’elles ne sont pas faites pour le mariage et qu’elles ne s’attachent à vous que quand vous avez des moyens financiers; quand vous êtes encore fonctionnaire à Yaoundé et qu’au moment de la retraite elles vous lâchent systématiquement.
Et je sais, par expérience de travailleur social que ces préjugés que certains feignent d’ignorer et que nous combattons souvent en tant que chrétien et intellectuel sont encore présents et fortement enracinés dans d’autres familles. Les idées reçues et conservatismes sont encore prégnants en Afrique. La persécution des couples mixtes ou l’obligation de choisir son partenaire au sein du clan est aussi fonction du niveau intellectuel des conjoints et des moyens financiers du ménage. Il est plus facile de discriminer un beau-fils qui n’a rien qu’un mbenguiste, un banquier, un pro ou un DG.
Quand vous n’avez pas d’argent et que vous comptez sur la famille pour doter votre épouse, il est fort à parier qu’elle mette le véto si elle n’est pas hospitalière, culturellement ouverte ou chrétienne.
Il faut cependant noter des évolutions significatives dans le sens du brassage des peuples au Cameroun. D’ici 20 ans il sera impossible de tenir un discours expressément tribal dans des familles du Cameroun avec les mélanges graduels.
Aussi, quand on est un homme public( Pasteur, prêtre, enseignant, commerçant, sportif ou leader politique…), on devrait promouvoir l’intégration et faire attention à son discours. Après l’état des lieux et le diagnosctic, nous devons tous dire non à la xénophobie. Nous devons tous promouvoir l’amour au-delà des frontières.
Un lion indomptable du Cameroun, souvent paré aux couleurs nationales est un diplomate de la diversité et un ambassadeur du multiculturalisme.
Du courage à ceux et celles dont les partenaires sont ostracisés à cause de leurs origines.