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[Tribune ] « Le mouvement 10 millions de Nordistes est un groupe d’intérêt communautaire »

Guibai Gatama

Par le biais d’une publication sur Facebook, le 19 novembre 2020, le politologue Siméon Roland Ekodo Mveng réagit à l’interdiction d’activité sur toute l’étendue du territoire national par le ministre de l’administration territoriale, Paul Atanga Nji.


Guibai Gatama
Guibai Gatama, à l’origine du mouvement camerounais « 10 millions de Nordistes ». © Guibaï Gatama © Jean-Pierre Kepseu

Retour sur les faits

Dans un arrêté rendu public ce 18 novembre, le ministre de l’Administration territoriale a déclaré « nul et de nul effet » le mouvement « 10 millions de Nordistes » ayant pour promoteur et porte-parole le journaliste Guibai Gatama, propriétaire et directeur de publication du journal régional L’Œil du Sahel.

Pour le gouvernement camerounais, la plateforme créée par le journaliste Guibai Gatama pour défendre les intérêts des régions septentrionales du pays n’a fait l’objet d’aucune déclaration et va à l’encontre de la Constitution. « Ce projet vise à diviser les Camerounais en les appelant insidieusement et sournoisement à se dresser les uns contre les autres », ajoute-t-il dans un communiqué de presse diffusé le même jour, précisant avoir été « saisi par plusieurs ressortissants du grand Nord ».

L’essence du mouvement 10 millions de nordistes

L’analyste politique pense que 10 millions de nordistes est un groupe de pression avec un objectif bien précis. « Le mouvement 10 millions de Nordistes au Cameroun est un groupe d’intérêt communautaire qui revendique et  réaffirme à partir du référentiel de l’équilibre régional, le principe républicain des  macrodosages sociologiques au sein d’un appareil d’État frauduleusement pris en otage par des réseaux dynastiques  clientélaires et sectaires. Ces contre-élites patrimoniales au potentiel intellectuel inexistant et à la compétence discutable mobilisent pourtant  leur position éminente de pouvoir de décision  dans le sérail pour faciliter une entrée par effraction à l’ENAM à l’IRIC, et à l’ÉMIA de leurs enfants  au mépris d’une brillante  masse de prolétaires opportunément  transformés en générations sacrifiées. Ce mode de captation bourgeoise de la haute fonction publique dans un agenda voilé de reproduction d’une élite médiocre de commandement prépare tranquillement la succession de gré à gré, en jouant ainsi avec la peur des camerounais, la répression administrative, l’achat des consciences, la manipulation tribale et le mensonge d’État  pour maintenir les privilèges exorbitants de ces fils à papa consuméristes du trésor public. Cette régulation monopoliste inique des carrières dans le fichier solde de l’administration publique truqe souvent, et volontairement par des mécanismes subtiles d’exclusion, la sélection des agents publics et technocrates idéologiquement démarqués des règles de progression aujoulatiste par le sexe, la tribu, l’argent, les loges et les bonnes fréquentations. Si cette perspective compromet les chances de développement à défaut de faire le nid futur d’un affrontement aux allures d’un antagonisme de classes, il faut dire qu’elle facilite l’exil des cerveaux et met suffisamment en mal l’unité nationale d’un pays déjà assis sur des brasiers politique, terroriste, séparatiste et ethno-communautaire. Vivement que ces dirigeants au logiciel gouvernemental antécambrien, quittent par moment le schéma de poils system pour le mérite system. Qu’ils pensent au Cameroun de demain, à la fin des régimes injustes, et qu’ils apprennent au moins dans un contexte pluraliste à adosser leurs décisions sur des enquêtes sociologiques, des concertations, des avis d’experts indépendants et sur des consultations publiques », écrit Siméon Roland Ekodo Mveng.

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La réponse de 10 millions de nordistes

Le même 18 novembre 2020, jour de l’interdiction du mouvement 10 millions de nordistes, la réaction des responsables ne s’est pas fait attendre, comme l’a rapporté Lebledparle.com. Le mouvement 10 millions de nordistes pense qu’on n’interdit pas le cœur, la conscience et l’esprit. « Dans les consciences et dans les cœurs », pouvait-on lire dans une publication sur Facebook.

Adorlac Lamissia, ressortissant du grand nord et proche de ce mouvement a aussi répondu à Paul Atanga Nji. « Monsieur le Ministre Atanga Nji, permettez-moi de vous dire le « Mouvement 10 millions de Nordistes » continuera à faire son travail de veille pour dénoncer les injustices subies par les populations du Septentrion, ceux des membres du gouvernement, directeur de grande école qui ne respecteront pas la politique de l’équilibre régionale comme vous.  Le Président Paul Biya vous a confié la mission d’améliorer le bien-être des camerounais et de veiller à la justice sociale en faveur de tous les Camerounais et non de les intimider et de les réprimer.  La Jeunesse du Septentrion est unie et restera debout contre toute injustice qu’elle qu’elle soit.  Vive le « Mouvement 10 millions de Nordistes ». Vive le Septentrion pour que Vive le Cameroun », écrivait-il dans une publication sur Facebook.

Dans une publication sur Facebook le vendredi 20 novembre 2020 , le mouvement revient à la charge et répond au Minat. « J’entends ici que j’ai dit ceci, je lis ici que j’ai dit cela ou que j’ai écris ceci. Le mouton n’a encore rien dit, ni rien écrit. Le mouton regarde, il observe », peut-on lire la page Facebook de l’œil du Sahel.

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Officialisé le 27 juin 2020 par une publication Facebook, « 10 millions de Nordistes » est, selon son instigateur, « une initiative apolitique visant à promouvoir les intérêts du grand Nord dans un esprit républicain ». Son nom de baptême renvoie à l’effectif de la population des trois régions septentrionales du Cameroun, selon le dernier recensement. Une masse électorale régulièrement courtisée par les hommes politiques, puisqu’elle compte 2,5 millions d’électeurs potentiels sur les sept millions d’inscrits au fichier électoral national. Guibai Gatama ne s’y est pas trompé. « Si nous sommes 10 millions, c’est que nous sommes une force. Nous devons peser dans le pays », martelait-il à la création du mouvement.

En scène depuis 4 mois, le Mouvement 10 millions de Nordistes a déjà à son actif plusieurs requêtes, actes de dénonciations et même des actions en justice pour protéger les intérêts des ressortissants des trois régions septentrionales à travers le triangle national. Le plus en vue est sans doute la dénonciation du « non-respect, des quotas des régions septentrionales au concours 2020 de l’ENAM ». « Seulement 75 candidats originaires des trois régions septentrionales ont été admis à ces concours sur les 417 nouvelles recrues ; soit un taux de 17,9%, très loin des 30% de places affectées à cette partie du pays par les textes en vigueur organisant les concours d’entrée à la fonction publique au Cameroun » pouvait-on lire sur le communiqué publié à cet effet. Une sortie qui avait par ailleurs appelé le ministre de la Fonction Publique à donner plus de précisions sur ce recrutement. Le mouvement porté par Guibaï Gatama se présente pour de nombreux observateurs comme un groupe de pression ; lequel selon le Minat a un caractère Belliqueux.


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