in

Ekodo Mveng : « Les discours de fin d’année des leaders politiques ne me semblent pas être des pures distractions »

Mveng Ekodo Roland Simeon

Comme chaque 31 décembre d’une année civile, le Chef de l’Etat s’est adressé à la nation. A  côté du message du président de la République, d’autres leaders politiques se sont exprimés le même jour et pour certains à la même heure. Ce phénomène qui a commencé depuis décembre 2018, au lendemain de la présidentielle au pays.  Cette nouvelle attitude dans l’arène politique et étatique est devenue une polémique. Des camerounais et des acteurs politiques sont divisés sur la situation. Pour comprendre cela, nous sommes allés à la rencontre d’un spécialiste de sciences politiques pour analyser les discours pluriels d’hommes politiques le 31 décembre. Il s’agit de Siméon Roland Ekodo Mveng qui se définit par ailleurs comme un militant de la société civile et écocitoyen du village planétaire.


Mveng Ekodo Roland Simeon
Siméon Roland Ekodo Mveng – DR

Lebledparle.com : Qu’est-ce qui peut expliquer le fait que plusieurs hommes politiques prononcent un discours le 31 décembre comme le Chef de l’Etat qui est sensé le faire seul ?

Siméon Roland Ekodo Mveng : Les hommes politiques formulent des adresses à la Nation le 31 Décembre au même titre que le président de la République  en raison de la liberté d’expression reconnue à tout citoyen indépendamment de son statut. Seuls les pouvoirs d’amnistie et de grâce, la déclaration de guerre, le pouvoir de contracter les accords internationaux et de nommer aux emplois civils et militaires sont des prérogatives exclusives du Chef de L’État.

L’autre raison est imputable au caractère éclaté de la légitimité du discours que se partagent      les élus de la Nation avec les leaders d’opinion, les journalistes et autres autorités religieuses.

Pour approfondir :   Cameroun : Vive altercation verbale entre Owona Nguini et Maxilienne Ngo Mbé sur les réseaux sociaux

Lebledparle.com : Ces discours pluriels sont-ils de l’ignorance, de la diversion et de la provocation politique, comme le pensent certains acteurs politiques ?

Siméon Roland Ekodo Mveng : Ces discours ne me semblent pas être des pures distractions. Ils répondent à un besoin d’évaluation annuelle et surtout de projection et de planification. Les chefs de partis de l’opposition  sont comptables des bilans vis-à-vis de leurs militants, ils tracent le cap, fixent des objectifs et donnent des directives aux démembrements structurels, autant qu’ils en profitent de cette occasion de grande écoute pour rallier les indécis.

Cette prise de parole est aussi le lieu d’un examen critique de l’action gouvernementale ou d’une formulation de propositions pour la bonne marche du pays et pour la résolution des crises qui interpellent chaque compatriote.

Force est tout de même de reconnaître également dans un pays où deux candidats de l’opposition se revendiquaient la victoire à l’élection présidentielle de 2018 en marge de la décision du Conseil Constitutionnel qui avait validé l’élection du président sortant, qu’ une formulation concomitante des discours le 31 Décembre aux heures similaires procède éminemment de la contestation tacite de la légalité constitutionnelle du président en exercice et donc de son droit exclusif à s’adresser aux Camerounais. En termes de représentation de soi, on est donc bien dans le prolongement du contentieux électoral par d’autres moyens de délégitimation du pouvoir en place.

Pour approfondir :   Erik Essousse, DG Elecam : « Notre objectif est d’atteindre les 10 millions d’inscrits »

Lebledparle.com : Qu’est-ce qu’on peut reprocher à ces acteurs politiques qui s’activent dans cet exercice ?

Siméon Roland Ekodo Mveng : Jusqu’à ce que le législateur ne statue sur l’exclusivité et le monopole du discours de fin d’année je ne peux faire aucun reproche à ces opposants. Encore que le droit de parole est un droit fondamental et constitutionnellement  inaliénable.

Lebledparle.com : Est-ce qu’il y a une possibilité de réguler ce fait ? Si oui, comment ?

Siméon Roland Ekodo Mveng : Pour réguler la tendance qui veut que chacun se déclare président de la République et s’adresse aux Camerounais en cette qualité, il faut résoudre la question de la légitimité des dirigeants en obtenant un code électoral consensuel. Seule une reconnaissance des procédures d’élection du président issu des urnes par les autres protagonistes mettra fin à ce qui apparaît comme une usurpation de titre.

Lebledparle.com : Merci d’avoir répondu à nos questions et bonne année 2021 ?

Siméon Roland Ekodo Mveng : Merci pour tout

Propos recueillis par Chancelin Wabo


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Diffamation et calomnie : Fridolin Nke porte plainte contre Aboya Manassé

Conseil de ministre

Cameroun: Cloisonnement entre le gouvernement et la présidence!