Lebledparle.com, CWT
Depuis quelques jours une polémique enfle au sujet de l’opposition de l’artiste musicienne Rufine Ngono à la programmation par Camtel d’un concert au Cameroun ayant pour figure principale l’artiste congolais Faly Ipupa et des artistes camerounais comme ses accompagnateurs.
Comme toujours c’est avec beaucoup de manichéisme ( le bien contre le mal) que les internautes abordent la question tout en éludant le fond de la question. Si l’on évite de mêler des considérations sur les préférences et que l’on se penche sur la problématique l’on verra certainement que le problème posé par la chanteuse du Bikutsi est tout à fait compréhensible, certes discutable, mais intelligible et légitime.
Il ne saurait s’agir de savoir si Rufine Ngono alias Lady Ponce a raison ou pas, car la question n’est pas d’ordre moral. Elle pose un problème d’ordre géopolitique dans l’échiquier international des ressources artistiques et culturelles. Imaginer que les artistes sont essentiellement des acteurs transnationaux c’est occulter la dimension de la valorisation du contenu local et l’intelligence économico -culturelle qui sont à prendre en compte dans ce débat.
Lorsque CAMTEL mobilise les fonds des camerounais dans le cadre de son marketing en achetant trop cher les services d’un artiste étranger, la question se pose en de termes simples : CAMTEL propose-t-il des produits compétititifs sur la scène étrangère ? Les fans s’identifiant à la figure de cet artiste étranger s’identifieraient-is pour autant au produit de CAMTEL du fait de cette dernière ?
Les consommateurs des produits CAMTEL sont essentiellement des nationaux, d’où son devoir de satisfaction des clients qui s’évaluerait moins dans ses capacités publicitaires que dans la qualité de son offre… Car comme on le dit trivialement au quartier » l’on ne vend pas les oeufs pourris »… Or si le contribuable camerounais a su s’accommoder d’une entreprise nationale peu performante au nom de ce qu’elle est d’abord une boîte parapublique c’est à dire proche du service public, alors elle devrait aussi servir d’escalier aux artistes nationaux. Ainsi ces derniers pourraient aussi avoir des capacités d’influence sur la scène étrangère comme Faly.
Il y’a de cela quelques années le Colisée à Yaoundé avait organisé une concert pour Faly et l’entrée était à 1 million de f CFA… C’était littéralement une affaire privée concernant un opérateur qui ne compte que sur ses capacités pour faire du bénéfice. Lors de la dernière CAN le même Faly fut invité à prester à l’ouverture de la CAN par le COCAN et c’était normal, car l’événement était continental. Mais comment comprendre que CAMTEL qui est une entreprise nationale, qui ne peut conquérir que le marché local par le truchement des subventions donc de l’argent du contribuable camerounais ne soit pas astreint à promouvoir prioritairement le contenu local, car nous qui utilisons CAMTEL c’est pas toujours pour ses performances technologiques ou sa couverture incomplète du territoire, mais par souci de promouvoir une entreprise nationale.
Serge Éric DZOU
