Dans un article publié le 07 Mai, nos confrères de Jeune Afrique décrypte le froid qui existe entre l’état camerounais dirigé par Paul Biya et l’église. Le quotidien africain revient sur l’histoire de ces deux acteurs majeurs de la scène politique et religieuse pour montrer la longévité d’un relation qui n’a jamais été au beau fixe. Assurément, la tension palpable aujourd’hui était déjà bien présente à l’époque de La colonisation française au Cameroun.
Église et pouvoir politique ont des relations aussi étroites que compliquées qui s’enracinent dans les luttes d’influence de la fin du XIXe siècle. Tout remonte à l’arrivée des missionnaires catholiques : des membres – allemands – de la congrégation des Pallottins s’installent au Cameroun en 1890, et la collaboration avec l’administration coloniale – allemande également – est très étroite.
Mais à l’issue de la Première Guerre mondiale, l’Allemagne est chassée du pays et les Pallottins sont arrêtés puis expulsés, abandonnant écoles, dispensaires, plantations et missions.
Pour combler le vide, et au mépris de la loi de 1905 qui interdit de subventionner les cultes, le ministre français des Affaires étrangères, Aristide Briand, décide d’encourager l’expatriation des prêtres français au Cameroun, moyennant une coquette aide financière. Charge à eux d’effacer les traces de la colonisation allemande. La métropole participe à la construction des églises et même à celle de la cathédrale de Yaoundé.
Malgré tout, entre les cadres de l’administration coloniale locale et le clergé, les crises sont récurrentes. Tantôt ils se jalousent, tantôt ils s’affrontent sur le statut des indigènes, les travaux forcés ou les questions foncières…
Dans les années 1930, à l’issue d’un bras de fer épique, le vicaire apostolique Mgr François-Xavier Vogt obtient même la tête du commissaire Théodore Paul Marchand, le plus haut responsable de l’administration coloniale française.