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Le Cameroun « mendie du riz » pour les fêtes de fin d’année : un cadre du SDF tire à boulets rouges sur le gouvernement

La situation économique du Cameroun est sous le feu des critiques, alors que le pays se retrouve dans une situation de dépendance alarmante vis-à-vis des importations de riz.

Olis
Le Cameroun et la problématique de l'importation du riz (c) Droits réservés

Dans une tribune parvenue à la rédaction de Lebledparle.com, l’économiste et homme politique Louis-Marie Kakdeu exprime sa préoccupation quant à la recherche désespérée du gouvernement de sécuriser une grande quantité de riz en vue des fêtes de fin d’année. Cette situation fait suite après la décision de l’Inde, principal fournisseur, de suspendre ses exportations. Pour Dr Kakdeu, cette situation expose le pays à une forme de « mendicité » économique et soulève la question du potentiel agricole inexploité du Cameroun.

Le gouvernement camerounais a récemment sollicité les importateurs pour qu’ils fassent l’acquisition urgente de 150 000 tonnes de riz en vue du mois de décembre, période de forte consommation. Cependant, la récente décision de l’Inde a laissé le Cameroun sans alternative immédiate pour combler le déficit d’approvisionnement en riz dans les mois à venir. Cette pénurie potentielle d’une denrée très consommée, doit selon Louis-Marie Kakdeu, susciter une prise de conscience nationale en vue d’exploiter le vaste les vastes espaces agricoles du pays et retrouver l’autosuffisance alimentaire.

La tribune intégrale du Dr Louis-Marie Kakdeu

« L’heure est grave. Le 18 juillet 2023, le Ministre du commerce (ou mieux des commerçants) a réuni les importateurs pour les instruire (ou les supplier puisque ce n’est pas lui qui leur donne le capital) de faire leur possible pour importer en urgence 150 000 tonnes de riz en vue de sauver la face du gouvernement pendant les fêtes de fin d’année, période de grande consommation. Malheureusement pour lui et pour le Cameroun qui dépendait toujours à 97% du riz importé, l’Inde qui détient 40% du marché mondial, a décidé le 20 juillet 2023 (2 jours plus tard) de suspendre « avec effet immédiat » ses exportations du riz non basmati (le vrac) que l’on consomme principalement au Cameroun. Le problème est qu’aucun fournisseur au monde n’est actuellement capable de remplacer l’Inde. Même pas les Etats-Unis, le Vietnam ou le Pakistan. Il s’agit d’un nouveau choc externe (après celui du Covid-19 et de la crise russo-ukrainienne) qui frappe le marché mondial en moins de trois ans. Il faut dire qu’en 2023 seulement, les prix du riz avaient augmenté d’au moins 25% sur le marché camerounais alors que les maigres salaires des citoyens ont plutôt perdu environ 10% de leur valeur à cause de l’inflation généralisée.

J’explique terre à terre : La mendicité est simplement définie comme étant le processus qui découle d’une chute économique. Je parle de mendicité dans la politique économique du Cameroun parce qu’étant rendu dans l’incapacité CHRONIQUE à créer localement la richesse, le pays s’est réduit à compter sur les FAVEURS du monde financier et du marché international pour survivre. Le gouvernement a atteint le niveau d’un parent qui va supplier le boutiquier ayant déjà fermé sa boutique de bien vouloir rouvrir pour lui prêter le riz. L’Inde a annoncé en effet qu’il traitera la situation des pays importateurs au cas par cas. C’est-à-dire que « l’on voit ta face avant de te servir » comme on dirait au Cameroun. La situation me désole parce que la diplomatie camerounaise sera réduite à la mendicité c’est-à-dire à faire le tour du monde pour quémander l’emprunt et maintenant, pour quémander la nourriture. Je parle de mendicité parce que le Cameroun est normalement un pays béni de Dieu, une catastrophe géologique, une Afrique en miniature qui dispose de 5 zones agroécologiques susceptibles de nous permettre d’être une Grande Puissance Agricole. Je parle avec regret bien sûr parce qu’il y a 30 ans, le pays avait l’auto-suffisance alimentaire. La responsabilité de ce régime était simplement de la maintenir à défaut de la faire fructifier. Il a lamentablement échoué.

Mais, c’est de la responsabilité du citoyen aussi. Le citoyen a abandonné la gestion de la chose publique entre les mains des prédateurs. Nous sommes dans la situation d’un citoyen qui a fait son champ de maïs et l’a abandonné aux mauvaises herbes. Et désormais, ce sont les mauvaises herbes qui dominent le champ. C’est notre responsabilité d’arracher les mauvaises herbes pour sauver la récolte afin que la moisson soit abondante. Certains citoyens cherchent ce feu de brousse qui viendra brûler les mauvaises herbes à notre place. Sauf que le feu brûle tout à son passage, sans discerner le bon grain de l’ivraie.

A nous de choisir ! Mais, pour ma part, je crois que nous devons retourner au champ pour arracher les mauvaises herbes en vue de garantir notre récolte et notre autonomie. Si nous laissons le champ brûler, nous resterons dépendants de l’extérieur à jamais. Nous pourrions changer de maître mais, nous ne serions jamais LIBRE. Or, il nous faut l’autonomie gouvernementale. L’objet qui nous manque le plus pour bâtir notre prospérité. »

 

Pour approfondir :   Massacre de Ngarbuh : Mathias Eric Owona Nguini analyse le rapport du gouvernement

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