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Alex Gustave Azebazé : « le discours de Prof Abah Oyono est dangereux »

Dans une tribune publiée sur sa page Facebook, le lundi 05 juin 2023, le Journaliste est revenu sur la sortie médiatique de l’universitaire Abah Oyono, élite de Sangmélima. Pour l’Éditorialiste indépendant, le discours de l’enseignant de droit est dangereux à propos des évènements malheureux de Sangmélima. Lebledparle.com vous propose le texte intégral.

Abaa oyono

Événements de Sangmelima: Pourquoi je trouve le discours de Prof Abah Oyono dangereux!

Il y a une semaine, à peine une bonne partie de l’opinion se remettait des événements impunis de Sangmelima, une vidéo du Professeur Oyono Abah, enseignant de droit public des universités camerounaises, extraite d’une émission télévisée organisée sur Vision 4 a fait sensation.  Largement distribuée, y compris dans des milieux défendant une manière de progressisme structuré au sein de la république, elle m’a pourtant semblé justifier les actes répréhensibles en tous points de vue des compatriotes, jeunes pour l’essentiel, qui se seraient spontanément pris aux ressortissants de communautés pourtant bien camerounaises mais dites allogènes auxquels de manière totalement inappropriée ils rattachaient l’acte individuel de menaces de mort mystique qui auraient provoqué le décès d’un autre jeune dit autochtone pourtant bel et bien malade.

En déclarant urbi et orbi que la reproduction de ce type d’actes dans cette localité dont est originaire, comme lui, le président Biya, ces jeunes gens accusait en creux l’élite, entendue comme les détenteurs de postes administratifs et politiques – dont il ne serait pas -, en raison de l’absence d’entités économiques et industrielles que n’auront pas construites ces derniers, l’ancien président de la Commission permanente de gestion des droits d’auteurs – une entité administrative évidemment -, a fauté pour deux raisons.

Sans aller jusqu’à dire que ses propos encourageraient une éventuelle reproduction de tels actes répréhensibles, sa première faute, du moins pour un leader d’opinion et juriste publiciste en plus,  est de n’avoir pas préalablement condamné tout recours à la violence dans un Etat de droit. La seconde faute à mon sens, est de laisser ainsi penser voire diffuser que chaque fois que des jeunes gens seraient en déshérence sociale, ils seraient fondés à transgresser les lois de la république notamment la plus haute d’entre elles qu’est la constitution.

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La double faute de l’universitaire publiciste et leader d’opinion

La loi fondamentale du Cameroun, et le Professeur Abah Oyono le sait mieux que quiconque, protège tout camerounais en ses initiatives culturelles, sociales, économiques ou même politiques tant que cela se fait dans le respect des règles juridiques édictées par le législateur. Le droit à la protestation pacifique est ainsi reconnue et consacrée par divers textes nationaux (lois de 1990 sur les libertés d’association, de réunions ainsi que de manifestations publiques) pour autant que cela se fasse dans le cadre des lois établies. Les instruments régionaux telle la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) ainsi que les textes internationaux ratifiés par le Cameroun tels la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) et le pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIRDCP) de même que le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) consacrent surabondamment ces droits, fondements du préambule de la Constitution camerounaise. Mais une fois encore, tous ces instruments juridiques internationaux soumettent la jouissance de ces droits à l’encadrement des réglementations nationales dont la finalité est la protection de la paix et la tranquillité publiques.

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En cette ère de libéralisme économique et politique – une option politique de l’État camerounais dont le Professeur Oyono dit pourtant être un soutien du chef actuel Paul Biya, c’est une grave méprise de la part d’un universitaire de ce niveau de réduire une situation aussi malheureuse en tous points de vue à une simple querelle entre les élites locales et la jeunesse désœuvrée. Tout citoyen pétri des valeurs de la république doit éviter tous discours populistes chaque fois que des vies et des biens des personnes, qu’elles soient étrangères ou de communautés dites non autochtones, sont mises en danger par une ou des personnes qui enfreignent la loi.

En un mot comme en mille, il ne doit y avoir aucune tolérance de la violence quelle que soit la motivation réelle ou supposée.

Alex Gustave Azebazé

 


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