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[Tribune] L’illusion d’une révolution spectatorielle et de la parole en Afrique francophone

Dans un contexte marqué par des défis persistants et des aspirations à l’indépendance, l’Afrique francophone fait face à des questions complexes de politique, de responsabilité et d’émancipation. Cet article explore la dynamique entre les dirigeants, les aspirations populaires et les enjeux géopolitiques qui façonnent la réalité africaine, en mettant en évidence l’importance de la prise de responsabilité pour l’essor du continent.

Touko Kom

L’Afrique francophone, marquée par une histoire de colonisation et de néocolonialisme, fait face à des défis multiples qui entravent son développement. La mal-gouvernance, la pauvreté et la violation des droits de l’homme ont créé un environnement difficile pour les jeunes générations, qui rêvent souvent d’émigrer pour échapper à cette réalité. L’émergence de mouvements exigeant une rupture avec la politique d’assujettissement et de prédation de la France témoigne d’une volonté croissante de changement.

Les illusions de la révolution spectatorielle

L’article souligne que la révolution attendue ne peut provenir de la simple réaction contre la France ou d’une attitude spectatorielle. Les coups d’État militaires, bien que soutenus par une partie de la population, ne résolvent pas nécessairement les problèmes fondamentaux. L’émancipation stratégique de l’Afrique francophone nécessite une remise en question profonde des systèmes internes et externes qui entravent le progrès.

Dépasser la déresponsabilisation

L’auteur pointe du doigt la tendance à détourner l’attention des actions dictatoriales envers le peuple en mettant l’accent sur la responsabilité historique de la puissance coloniale. Cependant, il insiste sur le fait que l’émancipation véritable doit émerger de la prise de responsabilité des dirigeants africains et des citoyens pour construire un avenir meilleur. Il met en garde contre la dilution de cette responsabilité dans des discours d’accusation envers l’Occident ou d’autres puissances.

Émancipation stratégique et responsabilité

L’auteur souligne que l’émergence stratégique de l’Afrique dépend de sa capacité à relever les défis géopolitiques et à construire des partenariats équilibrés. Il appelle à la promotion des leaders et des dynamiques populaires fondées sur des compétences et des valeurs éthiques. Plutôt que de tomber dans le piège du réactionnisme géopolitique, l’accent doit être mis sur la construction d’un continent unifié, libéré des entraves internes et externes.

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Tenaillée par l’exigence de son indépendance, par l’urgence de sa survie, par la crucialité de son désir d’avenir, l’Afrique francophone est devenue par une conjonction de facteurs dont le néocolonialisme et la mal-gouvernance, une atroce géhenne, d’où sa jeunesse ne rêve que de s’échapper par l’immigration.

C’est dans ce chaudron que se fait entendre de manière plus véhémente, cette Afrique qui exige de la France, la déconstruction de sa politique Africaine d’assujettissement et de prédation, qui n’a secrété que des dictatures, des violations des droits de l’Homme, la pauvreté et dont le franc CFA et la présence militaire française en Afrique sont le corollaire.

Présentant de manière plus pertinente des revendications profondes des Peuples d’Afrique francophone sur l’échiquier de la praxis sociale et politique, des leaders d’opposition et leur parti sont écrasés au Tchad, neutralisés au Sénégal, ostracisés et chassés en Côte d’ivoire, réduits au Bénin, anesthésiés au Togo, génocidés au Cameroun, massacrés au Gabon…afin que rien ne change, afin que toutes les lumières s’éteignent.

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Les coups d’état en Afrique francophone sont-ils la solution ?

Dans les ruines de cette Afrique francophone, chloroformée par d’interminables dictatures, les coups d’État militaires qui se succèdent, apparaissent comme la panacée, la bouée, pour cette Afrique qui rêve de liberté, de démocratie et de prospérité. Les armées, plébiscitées par une bonne partie de l’opinion, portent désormais les espoirs d’émancipation et du rêve panafricain, jusque-là réduit à l’égrenage des chapelets, des meurtrissures et des frustrations de l’Afrique, à des prêches saillants contre l’impérialisme et la France dont le départ de l’Afrique est promptement exigé.

En même temps, dans ce tumulte existentiel, d’authentiques dictateurs, qui ont affamé et écrasé dans le sang leur peuple, sont à la faveur d’un rapprochement circonstancié avec la Russie, célébrés comme des porte-flambeaux du panafricanisme…

Le piège de la déresponsabilisation

Dans cette Afrique Francophone qui concède finalement à la puissance coloniale, sa superpuissance, et donc son omniresponsabilité quant à son retard, émerge un « panafricanisme » silencieux sur les crimes des dirigeants africains envers leur peuple, qui détourne l’attention de ce dernier par une sur-communication sur la responsabilité entière et totale du colon d’hier devenu néo-colon d’aujourd’hui.

L’expression d’une forme de réactionnisme géopolitique

Froidement, l’émergence stratégique de l’Afrique ne s’obtiendra pas au débit de ses sécrétions lacrymales que viendrait assécher la Russie…

Tant que le monde existera, il n’y aura pas de honte pour un État stratégiquement émancipé, à avoir un intérêt dans un autre pays où sur un autre continent que sert son projet géostratégique.

Ce devrait plutôt être une honte pour un pays indépendant depuis plus de 60 ans, de ne pas savoir faire face aux assauts géostratégiques de ses différents partenaires, voisins, du même continent ou d’ailleurs. Le réactionnisme géopolitique ne sera jamais l’expression d’une émancipation stratégique. Entre la France et l’Allemagne il existe le jeu d’intérêts, entre l’Union Européenne et les États Unis, il existe le jeu d’intérêts,  comme entre les États-Unis et la Chine, etc…Mais, en raison de l’émancipation stratégique de chacun de ces acteurs, il n’y a pas de place pour le réactionnisme géopolitique entre eux.

Dans cet ordre d’idées, l’esbroufe géopolitique des putschistes ouest-africains ne doit pas bercer d’illusions les Africains. Le problème n’est pas la défiance géopolitique envers l’Occident ou la France, mais bel et bien celui du défi de l’émancipation stratégique des pays africains. Malheureusement avec les putschistes, les pays africains ne prennent la voie ni de l’indépendance, ni de la liberté, ni de la démocratie, ni de la Prospérité. D’ailleurs, le modèle Russe de démocratie, de liberté et de prospérité ne me semble pas être le plus séduisant.

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Pour moi donc, l’urgence Panafricaniste c’est avant tout, la prise de Responsabilité de l’Afrique et des Africains, et non la dilution de celle-ci dans un torrent d’incantations et de prêches contre l’ogre français et le refuge auprès d’un sauveur Russe.

De la dilution de la responsabilité des tyrans africains

La stratégie de l’omniresponsabilité de la puissance coloniale ne développera jamais l’Afrique. C’est sur le terrain de la praxis sociale et politique qu’il faut agir, en travaillant à congédier les dictatures pour faire émerger la vision du monde des peuples et d’authentiques leaders, à même de défendre l’Etat africain contre des prédateurs voisins, occidentaux et d’ailleurs.

Pour cela, nous devons avoir le courage, l’honnêteté intellectuelle et la lucidité nous permettant de saluer et promouvoir des dynamiques populaires pertinentes, des profils, qui présentent des compétences du registre comportemental précieuses pour l’essor de l’Afrique.

Nous ne devons pas céder au diktat de l’impuissance congénitale, définitive face à l’impérialisme ou du « tous pourris », qui essaie d’engloutir dans un magma de médiocrité et de pessimisme, ces forces du progrès qui essaient de s’organiser, ces nombreux talents qui feront l’Afrique de demain. Ces talents existent dans le peuple, ces talents existent parmi les leaders d’opinion et responsables politiques.

Ce panafricanisme stérile qui se réduit au rejet de la France ne peut construire l’Afrique de demain.

Nous devons apprendre à célébrer notre intégrité et celle de nos semblables. Sans aucun complexe, nous devons afficher ces valeurs essentielles de l’Afrique, chacun de nous.

Construire l’Afrique unie, c’est d’abord vaincre ces systèmes qui arrachent leur liberté et leur vie à tant de citoyens. Avec le Peuple tout est possible. Nous devons avoir la patience de construire, de construire définitivement.

(é) Me Amedee Dimitri Touko Kom

 


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