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[Point de vue] Vivement les débats publics entre théoriciens et praticiens !

La fusion Gicam-Ecam fait polémique depuis la signature du traité de fusion entre les présidents des deux organisations patronales. Le dimanche 11 juin 2023, Canal 2 international dans son programme le Duel a invité le Dr Richard Makon, Expert de politiques économiques et Jean Perrial Nyodog, Vice-président Ecam pour débattre sur la question. Le débat a été intéressant et courtois. C’est ainsi que le journaliste Serge Aimé Bikoi dans un texte publié le lundi 12 juin 2023, sur Facebook, plaide pour des débats publics entre théoriciens et praticiens pour éclairer la lanterne des camerounais.

Makon Nyodog Duel Canal 2

Lebledparle.com vous propose le texte intégral

C’est avec intérêt, bienveillante attention et satisfaction que nous avons suivi l’émission « Le duel » sur Canal 2 international hier entre un théoricien, universitaire, spécialiste des questions juridiques, et un praticien, un manager et spécialiste de la politique et de la technicité managériale des entreprises. À travers un échange interactif, nous avons vu deux hommes, dont les idées étaient tantôt opposées, tantôt complémentaires,  mais qui, au demeurant, ont, tous les deux, fait preuve de courtoisie, d’écoute mutuelle, de respect et de civilité dans la saine confrontation.

D’un côté, Jean Perrial Nyodog, ancien Directeur général de Tradex, premier vice-président de Ecam (Entreprises camerounaises), spécifie les contours, la procédure et les enjeux de la fusion Gicam-Ecam. Richard Makon, Juriste, pose la problématique de la typologie de la fusion entre les deux mouvements patronaux qui devrait être opérationnalisée. Alors, la fusion Gicam-Ecam porte quel projet, insuffle quelle vision et cherche à atteindre quels enjeux? Dans la méthodologie réflexive de l’universitaire, il y a, de fond en comble, un questionnement épistémologique sur l’enjeu de la refondation du mouvement patronal pour atteindre la vision de l’émergence du pays. En substance, quel patronat les entrepreneurs économiques veulent-ils dans l’optique de l’essor du pays ? Alors, faut-il une fusion-création, une fusion-absorption ou, a contrario, une fusion-acquisition ? À ce questionnement, Nyodog penche pour la fusion-création. Contrairement à ceux qui postulent la thèse selon laquelle cette modalité fusionnelle est à l’avantage de Célestin Tawamba tant elle lui permettra de briguer une nouvelle mandature à la tête de ce mouvement patronal. Or, s’il s’agit, a contrario, d’une fusion-absorption, l’actuel président du Groupement interpatronal(Gicam) ne saurait briguer un autre mandat au regard des statuts de cet organe. Qu’on le veuille ou non, il y a non seulement un enjeu officieux de contrôle du patronat, mais aussi et a fortiori un enjeu officiel de la reconstruction du mouvement patronal face au constat de l’obsolescence du Gicam, qui, aujourd’hui, est, comme dirait Makon, un désert réflexif et discursif.

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À cause de cet état de choses, les universitaires, tels que Stanislas Melone, Paul Gérard Pougoue, Maurice Kamto, Roger Tsafack Nanfosso, etc, qui avaient meublé le champ réflexif par le passé, sont, aujourd’hui, qui englués dans le champ politique (Kamto), qui, enlisés dans l’espace d’occupation des hautes fonctions académiques(Tsafack Nanfosso), qui logés dans l’enseigne de la case de la retraite(Pougoue). Même Séraphin Magloire Fouda, Bruno Bekolo Ebe, et Touna Mama, tous les trois Économistes, qui plus est Agrégés des universités en Sciences économiques et de Gestion, qui devaient continuer d’animer les débats publics sur les politiques publiques en matière économique, sur le modelage de la nouvelle vision de développement du pays, sur l’implémentation de la donne industrielle, etc, ont été, tous, happés par le politique au point d’occuper les hautes fonctions décisionnelles à la primature(Touna Mama est conseiller technique du premier ministre alors que Fouda est Secrétaire général des services du premier ministre (Sgpm). Quand vous êtes sous la botte du politique, vous êtes astreints à la discrétion et à la circonspection. D’où la démission de certains universitaires et intellectuels qui ont préféré opter pour les carrières bureaucratiques. Ainsi sont-ils devenus des carriéristes, des pouvoiristes et des opportunistes. Ah l’intelligentsia est vraiment engloutie dans la nasse du politique. Résultat des courses : absence de productions intellectuelles et installation de la savane réflexive et discursive en matière de propositions de réformes structurelle fonctionnelle, conjoncturelle et organisationnelle. Dommage!

Les jeunes universitaires de la trempe de Makon doivent donc investir l’espace et être sollicités par des opérateurs et entrepreneurs économiques afin de meubler le mouvement patronal des réflexions intellectuelles dans le dessein de la refondation de la politique économique camerounaise aujourd’hui prise en tenaille par les contraintes de l’idéologie néo libérale insufflée par les institutions de Breton Woods.

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Des duels d’une trempe méritent d’être multipliés dans les médias audiovisuels afin qu’il y ait une débat vif, fort outillé et fort argumentatif entre les théoriciens et les praticiens. Comment ne pas, dans la même veine, organiser, à l’avenir, d’autres types de débats par exemple-la liste n’est pas exhaustive- entre Louis Marie Kakdeu et Célestin Tawamba, entre Pierre Nka et Protais Ayangma, entre Pierre Alaka Alaka et Aristide Aboudi Otou, entre Emmanuel Wafo et Valère Bertrand Bessala, entre Alfred Momo Ebongue et Serge Eric Dzou, entre Eric Eloundou Ngah et Meka Abessolo, etc. Cette modalité des joutes nous éviterait, à l’avenir, des débats publics oiseux,creux, pompeux et populistes,  où n’importe qui est invité pour dire du n’importe quoi sans être au parfum de la question de fond, objet de débat. Cela nous éviterait aussi d’avoir, chaque fois, des mandjaras spécialistes de tout sur les antennes. Personne n’est spécialiste de tout! Sachez-le ! De tels débats peuvent aussi concerner, s’ils en ont convenance, les parlementaires et les officiels gouvernementaux. Ainsi, verra-t-on, par exemple, des échanges Cabral Libii-Gregoire Owona; Koupit Adamou-Emmanuel Nganou Djoumessi, Engelbert Essomba Bengono-Alamine Ousmane Mey, Jean Michel Nintcheu-Louis Paul Motaze, Samuel Dieudonné Moth-Achille Bassilekin,etc. Vivement donc les débats entre théoriciens et praticiens !

Serge Aimé Bikoi

 

 


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