Lebledparle.com, Marchelo TIENTCHEU
Il n’est pas un ange. Mais l’Abbé Abraham Ndongo Minkala est très loin d’être un diable en soutane. En attestent les faits, corroborés par les témoignages des fidèles des paroisses de Nsimalen et de Mvog Ada où il a servi avant sa nomination comme Principal du Collège de la Retraite de Yaoundé le 27 août 2011.
Le témoignage de M. Antoine Essomba Eyenga, notable Mvog Ada, tranche irrémédiablement avec l’image qu’on présente: «Nous avons un grand souvenir de l’Abbé Abraham Ndongo Minkala. En tant que Curé de la paroisse de Mvog Ada, il a laissé une œuvre extraordinaire. Il est parti très propre, aucun homme de Mvog Ada ne peut dire qu’il est sorti avec sa femme ou sa fille. C’est pour toutes ces raisons qu’on le regrette et que même parti, on continue de l’inviter aux évènements que nous organisons».
L’ancien Président du TKC de Yaoundé se convainc que «pour sa gestion du Collège de la Retraite où fréquente ma nièce, sa détermination à restaurer la discipline peut expliquer les grincements de dents».
La preuve: au Collège de la Retraite, le Principal veuille personnellement que le portail soit fermé à 7h30 et que les cours s’arrêtent à 16h45. «Certains enseignants vendaient des épreuves aux élèves. Pour mettre fin à ces pratiques, le nouveau Principal a créé un site internet qui permet, chose inédite, que le concours soit organisé et les résultats publiés le même jour», souffle un responsable administratif.
Qui n’hésite pas à établir un lien entre ce retour à la rigueur et les performances actuelles de l’établissement.
Dans le classement général des établissements aux examens 2012 de l’Office du Bac rendu public mardi 19, le Collège de la Retraite se classe 9è avec un taux de réussite de 76,15 % alors qu’il occupait le 11è rang en 2011 avec un taux de succès de 68,84 %.
D’après des confidences, l’animosité contre le Principal se justifie aussi par son coup de pied donné dans la fourmilière de la gestion du Collège. «La gestion de l’ancienne équipe était opaque et surtout gabégique. Les membres du Conseil de direction, tous issus d’une même ère ethnique, se sont octroyés des primes de rendement mirobolantes en l’absence d’une quelconque décision les instituant», susurre une source. Aussi, ces gratifications ont été suspendues et une nouvelle équipe désignée qui a reçu l’onction du patron de l’archidiocèse.
Dans une correspondance datée du 16 janvier 2012, M. André Manga Bikélé, Agent Comptable du Collège, sollicite l’arbitrage de Monseigneur Victor Tonyé Bakot, Archevêque de Yaoundé, notamment au sujet de sa collaboration houleuse avec le Principal et du refus par ce dernier de justifier certaines dépenses. Il s’agit précisément d’une somme de 7 millions de FCFA destinés à l’achat de matériel (calices, encensoirs, livres liturgiques, chasubles, équipements de musique, etc.) hors du Cameroun.
«Vous imaginez que le Principal, qui n’a pas le droit de débloquer plus de 500.000 FCFA sans autorisation de sa hiérarchie, puisse voyager avec une telle somme sans le quitus de celle-ci», s’enquiert une source à l’archidiocèse. D’ailleurs, précise-t-on à l’économat, le matériel acheté a coûté plus cher que l’argent débloqué et toutes les dépenses ont bel et bien été justifiées.
En vérité, croit savoir une source au Collège de la Retraite, la pomme de discorde est née de ce que «l’Agent Comptable gérait tous les fournisseurs, avec tout ce que cela peut impliquer comme petits arrangements, ainsi que le coffre-fort du Collège en faisant au passage de l’usure. Toutes ces responsabilités lui ont été retirées et incombent désormais à l’économe».
Une élite du Mfoundi voudrait voir à travers ces dénonciations une cabale contre l’Abbé Abraham Ndongo Minkala, pouvant bien aussi être orchestrée par ses propres confrères, qui estiment qu’il bénéficie des faveurs de Mgr Tonye Bakot. En effet, le fait que l’Archevêque de Yaoundé l’ai envoyé aux études en Espagne n’a pas été du goût de tout le monde. Et à peine revenu avec un doctorat, il a été nommé Principal du Collège de la Retraite. Pour M. Essomba Eyenga, «dans ce pays, on s’ingénie à sacrifier ceux qui veulent faire leur travail».