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Wilfried Ekanga : «Voici pourquoi autant de Camerounais étaient si heureux de l’élimination de l’équipe A’»

Ekanga

L’analyste politique dans une sortie Facebook datant de ce 9 février 2021, se pose deux questions : la première, pourquoi certains camerounais sont révoltés contre leur armée ? Et la seconde : pourquoi autant de compatriotes se sont réjouis de l’élimination des Lions A’ en demi-finale du CHAN ? S’il choisi de ne pas répondre à la première interrogation, il élabore une tentative d’explication pour ce qui est de la seconde. Lebledparle.com vous dévoile l’intégralité de son texte dans la suite de cet article.


Ekanga
Wilfried Ekanga (c) Droits réservés

La première : pourquoi autant de Camerounais sont aujourd’hui si révoltés contre l’armée nationale, alors que lors de l’avènement de Boko Haram sur notre territoire en 2014, la symbiose derrière les forces de défense était totale ? Que s’est-il donc passé ? A quel moment se situe la cassure ?

La deuxième (et c’est celle qui nous intéresse parce qu’on traitera la première plus tard) c’est : pourquoi autant de Camerounais étaient si heureux de l’élimination de l’équipe A’ en demie finale du CHAN, alors qu’on sait que le football est une quasi religion dans le pays, et qu’il est le plus fort élément unificateur ? Qu’est-ce qui s’est passé pour que les gens en arrivent là, surtout quand on se souvient de la communion générale lors des victoires d’autrefois ?

Si les biyayistes pensaient avec leur tête (et non pas avec le genou comme à l’heure actuelle), ils verraient que le problème ne se situe pas au niveau de ces Camerounais, mais plutôt du côté d’une élite aussi manipulatrice que mesquine, qui a voulu définir à leur place ce qu’était le patriotisme.

Car pendant que vous étiez en train de vous exciter comme des perdrix pour une compétition entachée de retards, de délestages, de vol de matériel, d’impréparation, de surfacturations, de copinage et de fraude sanitaire, ces élites qui vous ont dit que c’étaient vous les vrais patriotes (car vous aimez le Cameroun plus que nous) n’avaient qu’un projet en tête : se servir du CHAN pour vous endormir de jouissance et diaboliser tous ceux qui oseraient poser des questions existentielles, au-delà de la prétendue  » beauté  » des stades.

En un mot, ceux qui nous accusaient de vouloir « politiser le football » avaient déjà effectué leur calcul politique sur le football depuis le départ ! Le gang de malfrats-explication :

Dans la Rome antique , l’empereur avait pour habitude de distraire le peuple avec du futile pour l’empêcher de se poser les questions sur son devenir, ou de se révolter. Alors de temps à autre, l’on distribuait de la nourriture et l’on organisait des tournois de cirque pour mieux endormir les masses. C’est d’ailleurs sur cette idée que plus tôt, les Grecs avaient inventé les fameux Jeux de l’Olympe, près de 800 ans avant notre ère.En latin, on disait : «Panem et circenses ». Traduction : « Du pain et des jeux de cirque ».

Et ça fonctionnait à merveille ! Car pour mieux abrutir une nation – et surtout sans qu’elle ne se rende compte qu’elle est abrutie -, il faut lui enseigner que l’horizon se limite à la jouissance. Mais surtout, il faut la priver de sa capacité de jugement. Voilà pourquoi des gens qui étaient heureux qu’on emprisonne leurs compatriotes qui marchaient pour revendiquer une enquête sur les 3000 milliards de la CAN, étaient en même temps heureux que le CHAN ait lieu, tout en traitant ceux qui marchaient de « jaloux antipatriotes. »

N’essayez pas de chercher la logique. Il n’y en a pas ! Car on leur a mis dans la tête que si quelqu’un reçoit 1 milliard pour te construire une balançoire en 3 jours, et qu’à la fin il surfacture à 8 milliards et finit l’ouvrage en 10 jours, tu dois te taire au nom du patriotisme. Tu ne dois réclamer des explications ni sur le supplément de 7 milliards, ni sur le glissement de livraison. Au contraire, tu as ta balançoire, donc tais-toi. Même si les cordes ne sont pas aussi solides que prévu et que la structure est incomplète, comparée à la maquette. C’est la fin qui justifie les moyens.

Même si les moyens sont perfides et cyniques. Le célèbre militant de la cause noire Marcus Garvey (1887-1940) disait toujours : « Un peuple ignorant de son histoire est comme un arbre sans racines ». Car il avait aussi remarqué que les blancs usaient de tous les stratagèmes imaginables pour empêcher le peuple noir de revisiter son passé et d’y puiser les leçons de sa libération. Dans le même ordre d’idées, le Camerounais qui n’a toujours pas saisi que la diversion est la potion magique utilisée par le régime pour neutraliser sa pensée, est condamné à subir le musèlement par l’enfumage.

Marcus Garvey disait aussi : « L’histoire de l’Afrique est glorieuse et belle ». Sauf que le régime de Yaoundé, imbibé de colonialisme, s’est activé à pervertir cette histoire, toujours dans l’optique de réécrire le patriotisme selon ses propres codes. Voilà pourquoi lors du cinquantenaire des indépendances, on vous a invités à célébrer Biya (enfin sa photo), plutôt que les véritables héros des guerres de libération que furent Um Nyobé, Ouandjé, Moumié ou Affana.

Et tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec cette commémoration perverse portaient soudain l’étiquette d’antipatriotes, exactement comme dans l’exemple de la CAN et du CHAN cité plus haut. Le Cameroun fonctionne donc selon une logique paranormale où les lépreux prétendent soigner la lèpre. C’est un pays rendu malade par une clique de faussaires dont le délire de diversion est désormais la seule devise.

Si tu as compris cela, alors on ne t’y prendra plus ! En bref :

Un peuple sans background est donc un arbre sans racine . Et pour cacher qu’il n’a pas de souche, le dirigeant le plus médiocre de ces deux derniers siècles vous a trempés dans l’alcool , la jouissance , les églises de réveil et le commerage (les seules activités qu’on laisse proposer au pays des Crevettes), et a voulu profiter d’un tournoi bancal pour créer une symbiose qui n’existe plus. C’est pour ça que, sous prétexte du CHAN, ceux qui n’ont ni championnat local, ni électricité fonctionnelle, ni autouroutes, ni eau courante, étaient encore les premiers à nous insulter en disant :  » Ahhh vous dérangez dis-donc ! Laissez notre pays tranquille, bande de haineux. »

Ça s’appelle l’en-doc-tri-ne-ment. Et donc, au Cameroun, la « haine », c’est de réclamer pour un peuple le bonheur que ce peuple mérite, comme tous les peuples de la terre. En d’autres termes, l’amour consiste plutôt à ne pas observer de minute de silence face aux victimes d’un effroyable accident routier, ni face aux victimes de la guerre, alors même que le match se joue dans cette zone de guerre. Voilà un beau cas unique dans l’univers ! Mais pour ne pas frustrer nos chers patriotes, chantons tous ensemble : Vive le C.H.A.N. (Catastrophe Honteuse d’Ampleur Nationale).


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