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Contestations. Périls sur la paix sociale au Cameroun

Ce n’est plus la sérénité totale dans les rangs de la garde présidentielle depuis que quelques familles des éléments des corps d’élite chargés de la sécurité du président de la République sont sans eau. Une panne sèche provoquée par la fermeture d’une vanne qui ne tenait plus, à cause de son obsolescence.

yaounde

Récemment, après la finale de la Coupe du Cameroun de football, c’est un élement de la G.P. qui a fait parler son arme. Sans faire de victime. Mais le jeune homme, selon des sources, entendait exprimer son mécontentement. Toute sa solde ne lui parvient pas. Les indemnités seraient coupées quelque part. Un problème que connaîtraient la plupart des Hommes de troupe, voire des sous-officiers.

 

La colère et les mouvements d’humeur des éléments de la garde prétorienne viennent s’ajouter à tous ceux de la plupart des commis de l’Etat et des employés du secteur privé qui, ces dernières années réclament des arriérés de salaires ainsi que l’amélioration de leurs conditions de travail. La dernière réclamation en date est celle des gardiens de prison qui ont adressé toute une lettre ouverte au président de la République. Correspondance dans laquelle les gardiens de prison accusent sans circonlocution le secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Justice chargé de l’administration pénitenciaire, le directeur de cette administration de clientélisme et d’autres hiérarques d’être des auteurs de frustrations qui sont de nature à exacerber leur mécontentement et de provoquer une grève. Avec toutes les conséquences que cela pourrait entraîner.

Le chapelet des griefs qui menacent la paix sociale est bien long. Des ex-employés des sociétés d’Etat attendent d’être indemnisés, les infirmiers et autres personnels de la Fonction publique réclament des statuts particuliers et l’amélioration de leurs conditions de travail, les enseignants vacataires en l’attente d’être intégrés à la Fonction publique, les temporaires de certaines administrations caressent le même espoir, des retraités de la fonction publique qui passent des mois, voire des années sans voir leur dossier aboutir au paiement de leur pension, etc.Ceux des mécontents qui se fâchent et s’organisent en collectifs pour manifester devant les services du Premier ministre sont accueillis ou dispersés par les matraques et les canons à eau de la Police et de la gendarmerie.

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Dans le secteur privé, il est des entreprises comme la Sitrafer dont le directeur général, Jacques Bimaï, fort de son appartenance au parti au pouvoir passe outre les injonctions du ministre du Travail et de la sécurité sociale pour imposer des mois d’arriérés de salaire à ses employés. En dépit de l’arbitrage du ministre du Travail, des arrêts de travail et les blocages de la voie ferrée, Jacques Bimaï maintient serrés les cordons de sa bourse.

La dernière manifestation du genre date d’hier lundi, 7 janvier 2013.Les agents de Sitrafer ont interrompu les circulations ferroviaires depuis 5 heures du matin au niveau du pont d’Elig-Edjoa, à l’entrée nord de Yaoundé. Réagissant à cette situation,  Camrail dont Sitrafer est un  sous-traitant,  a sorti un communiqué qui stigmatise «le non-respect de certains engagements de Sitrafer vis-vis de ses employés,  à la suite du mouvement de grève du 24 septembre 2012 ». Y faisant suite, Camrail rappelle qu’elle paie à échéance  l’ensemble de ses fournisseurs  dont Sitrafer, conformément aux termes du contrat. Elle a, au titre de l’année 2012, versé à Sitrafer environ  un  milliard Fcfa Ttc au titre des travaux réalisés et d’avance de démarrage sur les bons de commande.

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En conséquence, Camrail fait savoir que le trafic se poursuit sur le reste de son réseau et espère que des solutions définitives aux problèmes posés par le personnel de Sitrafer vont être trouvées.

A observer ces mouvements sociaux qui s’étendent de plus en plus dans les secteurs sensibles comme la santé,  l’éducation, la sécurité présidentielle et autres,  on a l’impression que c’est  soit de l’incompétence ou alors la volonté manifeste de certains responsables camerounais de  nuire à  leurs compatriotes . Tant pis pour tout ce qui peut arriver. Sait- on jamais jusqu’où peut aller l’accumulation de toutes ces frustrations infligées au bas peuple ?

Au Mali,  c’est une grève des élèves qui avait provoqué la mutinerie qui balaya Moussa Traoré. C’est également une manifestation des élèves qui fit tomber Jean-Bedel Bokassa, l’empereur de Centrafrique. L’augmentation du prix du pain de quelques centimes fut à l’origine des émeutes en Algérie, en Egypte, en Tunisie et ailleurs. Le printemps arabe  déclenché il y a juste deux ans par un vendeur  ambulant  de fruits et légumes qui, n’en pouvant plus des brimades de la police qui lui confisqua la marchandise, s’est immolé par  l e feu.

Certes les émeutes de février 2008 ont été circonscrites. Mais à quels  prix ? Combien de morts et  de blessés. Des dégâts évalués à combien de milliard s. L’accumulation des frustrations peut engendrer des extrémités de tout poil et de tout bord.

(c) Jacques Doo BELL


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