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Débat autour du FCFA : Olivier Bile écrit au vice-premier ministre italien Luigi Di Maio

Olivier Bile

Un peu plus d’une semaine après qu’il a fait une sortie, au nom de son pays l’Italie, pour dénoncer le FCFA considéré comme une monnaie que la France utilise depuis la période coloniale pour asservir les Etats francophones d’Afrique, l’opposant camerounais et président de l’Union pour la Fraternité et la Prospérité (UFP) a écrit ce 30 janvier à Luigi Di Maio, via la journal « Le soir », pour sa gratitude et sa collaboration.


                 Olivier Bile
Le président de l’UFP, Olivier Bile – (c) DR

« Faisant suite à votre pertinente et courageuse prise de position récente sur les fondements françafricains de la crise migratoire d’origine africaine, notamment dans leur dimension d’instruments d’exploitation économique et monétaire par le F CFA, il me plaît de venir par la présente, vous adresser un mot de gratitude pour votre prise de position en faveur des Africains victimes de cette inadmissible répression en plein XXIe siècle. », écrit-il l’homme politique, d’entrée.

Ci-dessous, la lettre : 

LETTRE OUVERTE ET PUBLIQUE A LA HAUTE ATTENTION DE M. LE VICE-PREMIER MINISTRE DE LA RÉPUBLIQUE D’ITALIE (Publiée par le Journal Le Soir)

Monsieur Le Vice-Premier Ministre,

Faisant suite à votre pertinente et courageuse prise de position récente sur les fondements françafricains de la crise migratoire d’origine africaine, notamment dans leur dimension d’instruments d’exploitation économique et monétaire par le F CFA, il me plaît de venir par la présente, vous adresser un mot de gratitude pour votre prise de position en faveur des Africains victimes de cette inadmissible répression en plein XXIe siècle.
Après avoir pris la peine en 2017, d’adresser la lettre ouverte, plutôt courtoise, ci-jointe au président français Emmanuel Macron, en vue d’attirer son attention sur les graves conséquences sociales de cette mécanique du F CFA sur l’Afrique membre de la zone franc, nous n’avons, jusqu’ici, enregistré qu’un silence assourdissant à cette initiative qui rejoint ainsi les nombreuses autres sans doute entreprises par d’autres Africains et africanistes à ce sujet.

Le même silence qui prévaut depuis votre déclaration, tant du côté du gouvernement français que de celui des chefs d’Etat africains, atteste bien d’une véritable omerta prévalant sur un sujet pourtant vital et essentiel, qui embarrasse manifestement les uns et les autres. Le Franc CFA charrie des enjeux historiques, politiques, économiques et sociaux dépassant l’imagination.Il est scientifiquement établi qu’il est à l’origine du sous-emploi massif prévalant dans nos pays. 
Nous devons à cet égard, rappeler les prescriptions de deux savants faisant depuis longtemps unanime autorité en la matière : le Français Jacques Rueff qui nous rappelle que « le destin de l’homme se joue sur la monnaie », lorsque dans la même veine, le Camerounais Joseph TchundjangPouémi nous instruit de ce que « la superstructure monétaire précède l’infrastructure économique et sociale ». Mais alors, quel destin, quelle infrastructure économique et sociale pouvons-nous construire sans une monnaie créée et gérée à cet effet ? Faut-il préférer l’esclavage et la misère dans une superficielle stabilité claironnée par certains, à une prospérité réalisable et à bâtir dans les virtualités du risque et de la liberté ? Les peuples africains ont, depuis un moment, audiblement fait le choix de la seconde option. 
Monsieur le Premier Ministre, votre déclaration tombe à point nommé. Elle arrive à un moment où les masses populaires africaines, d’une manière certaine, manifestent clairement leur aspiration à une autodétermination pleine et entière, et partant, leur affranchissement de tels mécanismes de perpétuation d’un ordre néocolonial, supposé être aboli depuis longtemps.
Votre arrivée aux commandes de l’Italie, pays dont nous Africains nous sentons également si proches, représente un réel motif d’espoir pour notre jeune mouvement politique, qui ambitionne de changer le monde à travers une gouvernance de restauration de la dignité humaine, mais aussi des valeurs les plus essentielles de la vie. Nous croyons que votre dynamique politique actuelle, qui suscite une espérance nouvelle et forte au sein de votre propre pays, se situe dans la même trajectoire.
En vous faisant tenir un exemplaire de mon dernier livre sur la Démocratie en Afrique ainsi qu’une vidéo traitant de ce thème monétaire du F CFA, je voudrais vous dire ma conviction que seule une synergie forte des acteurs partageant le même idéal de libération, nous permettra d’agir en faveur de l’instauration d’un nouvel ordre monétaire, économique et politique en Afrique francophone en particulier.

Nos États prendront ainsi un plus vigoureux et plus vertueux départ qui, à l’infini, fera reculer le spectre quotidien d’une immigration inhumaine et mortifère.
En vous renouvelant ma gratitude pour votre courageux soutien, je vous prie d’agréer, Monsieur Le Premier Ministre, l’expression de ma très haute et parfaite considération.

Olivier BILE, 
Président de l’UFP

 


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