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Ngala Desmond : « Chaque groupe doit trouver un moyen d’autorégulation en matière de discours de haine »

Le mercredi 10 mai 2023, a eu la cérémonie d’ouverture du Colloque Nationale national sur les discours haineux et la violence au Cameroun sous le thème « Discours haineux et violence au Cameroun : origines sociales, formes émergentes et réponses possibles », à l’université de Yaoundé 1. Le colloque est organisé par le département de sociologie de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Yaoundé 1, en partenariat avec l’Ong Defyhatenow. À la fin de la cérémonie d’ouverture, nous, nous avons interviewé le Manger Cameroun de l’ONG Defyhatenow, qui fait un diagnostic du phénomène au Cameroun et propose la conduite à tenir pour réduire la portée du discours de haine à l’échelle nationale.

Desmond Ngala

Vous organisez un colloque national sur la lutte contre les discours de haine et des violences au Cameroun. En tant que société civile, quel diagnostic faites-vous de ce phénomène au Cameroun ?

Je crois que le Cameroun fait face à un problème qui date depuis l’indépendance. Nous avons plus de 250 tribus au Cameroun. Mais on a eu avec le passé, les constructions sociales autour des questions de tribu. Je crois que le discours de haine n’est pas qu’ethnique ou tribal, c’est autre chose. Il faut commencer par ce qui touche le camerounais directement qui est la question tribale. Nous avons vu des personnes qui ont grandi ensemble, mais aujourd’hui grâce à des variables différentes commencent à s’haïr. Et comme disait l’un des intervenants, si on peut apprendre à haïr, on peut aussi apprendre à s’aimer. Le discours de haine au Cameroun dans cette optique-là intervient à trois niveaux principalement. Je veux dire au niveau politique, des personnes qui essaient d’utiliser la politique pour instrumentaliser les communautés, des individus pour des gains politiques. Mais aussi les questions sociales, nous avons vu des personnes qui ont grandi avec des clichés et que ces clichés sont devenus des choses qu’ils pensent que c’était la réalité, la vérité. La troisième et la plus importante, c’est la question économique. Je vous dirai que parce que certains n’ont pas eu du travail, n’ont pas eu de l’argent, des moyens de vivre, se retournent vers d’autres communautés qui à ce niveau pousse à un discours qui est beaucoup plus tribal et il se dit que le partage n’a pas bienfait. Tout ceci se résume à une préparation psychologique et ce que ça va nous faire dans 10 à 20 ans, on va cesser de voir des personnes comme nos frères, nos sœurs, des êtres humains, mais on va continuer à les voir beaucoup plus avec les noms qu’on les appelle aujourd’hui. Je dis par-là, que si on vous appelle comme un rat, demain on va vous voir comme un rat. Voilà en quelque sorte comment le discours de haine intervient au Cameroun dans l’optique du tribalisme.

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Selon vous, quelles sont les formes de mobilisation sociale les plus efficaces et puissantes pour lutter contre les discours de haine au Cameroun ?

La première ce sont des actions pour la paix que nous appelons vulgairement l’art pour la paix, des actes pour la paix. Ce sont des petits groupes, ça commence par des individus. Si vous voyez quelqu’un qui est victime de discours de haine, vous ne devez pas attendre que c’est la personne qui se pointe, parce que c’est ça qui nous freine souvent. Mais aussi, nous avons des actions que nous pouvons mener des des écoles, dans des églises, dans des groupes culturels. Je crois que chaque groupe doit trouver un moyen d’autorégulation en matière de discours de haine. Ça veut dire, si nous voyons ne fils ou quelqu’un de notre tribu prononcer des discours de haine, on doit être en mesure de le rappeler à l’ordre pour que ça serve aussi de leçon à ceux-là qui veulent se lancer. Je suis de la Société civile, ça veut dire que les membres de la société civile devraient d’avantage pousser à ce que les discours de haine, la tolérance, l’acceptation des uns et des autres soient au centre de tout ce qui sont en train de faire dans les communautés différentes.

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Quel regard portez-vous sur l’action du gouvernement relativement à la montée en puissance des discours de haine dans l’espace public et médiatique ?

Je crois que le gouvernement est conscient du problème. D’ailleurs, le président de la République a répété le mot discours de haine, réseaux sociaux dans ses multiples sorties souvent à la jeunesse, à la nation. Mais je tiens aussi à dire qu’une ait intervenu au Cameroun en décembre 2019 pour punir les auteurs de discours de haine, nous avons une commission nationale qui lutte contre les discours de haine, nous avons un ministère de la communication qui a une direction qui se charge du discours de haine, nous avons un ministère des postes et télécommunications qui s’intéresse aussi à la question. Tout se déploiement est très bien, mais ce que j’ai envie de dire c’est qu’il faut aller au-delà de tout ce déploiement politique et être beaucoup plus pragmatique, c’est-à-dire, il faut une synergie avec le peuple. Nous sommes dans la rue chaque jour et la plupart des gens ont perdu confiance au gouvernement, aux actions menées par le gouvernement. Et c’est d’ailleurs pour cela que certaines de nos actions vont envers le gouvernement et tout ce qui va avec.


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