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Un écrivain ivoirien calme l’euphorie autour de la décision de Ouattara : « C’est un non-événement pour un peuple de maturité politique »

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Alassane Ouattara a déclaré jeudi 05 mars 2020 qu’il s’écartait de la course à présidentielle du 31 octobre prochain. Si de nombreuses personnalités politiques à l’instar de Macron ont daigné saluer le président ivoirien pour cet acte, Dara Fofana estime pour sa part qu’il est absolument incongru d’encenser quelqu’un qui n’a fait que respecter la constitution.


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Alassane Ouattara – capture photo

Devant les députés réunis à Yamoussoukro, Alassane Ouattara, 78 ans, élu en 2010 puis en 2015, a mis fin au long suspens : « Je voudrais annoncer solennellement, que j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération ».

Cette décision a suscité une euphorie nationale qui s’est ensuite propagée au-delà des frontières ivoiriennes. D’après Dara Fofana, écrivain et analyste politique : « Ça crie… Ça hurle çà et là ! Mais au fond, cette décision du Président de la République est un non-événement pour un peuple de maturité politique», écrit-il dans une chronique partagé sur son compte Facebook. Lebledparle.com vous communique ci-dessous l’intégralité de sa sortie.

Le respect d’un principe politique fondamental ne le transforme pas en article de foi : n’est-ce pas que la Constitution a juste été respectée ?

Silence… Hésitations après hésitations, l’annonce par le Président Alassane Ouattara qu’il ne sera pas candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020 est une décision logique, normale voire normative. Vouloir donc le brandir comme un excellent démocrate au point de le diviniser, c’est faire preuve d’émotion et non de raison. La démocratie c’est aussi le respect de la Constitution, des libertés individuelles et politiques, de la séparation des pouvoirs, de la libéralisation des médias d’État pour tous les partis politiques, et surtout la mise en place d’une CEI consensuelle pour garantir des élections libres, transparentes, démocratiques et apaisées… Mais hélas ! Et au-delà de cette décision, il faut bien voir la possibilité d’une alternance manipulée, truquée et ficelée. Quel héritage politique ou démocratico-libéral le Président de la République laisse-t-il aux nouvelles générations ? Voilà la vraie question.

Ça crie… Ça hurle çà et là ! Mais au fond, cette décision du Président de la République est un non-événement pour un peuple de maturité politique. Je ne comprends donc pas les déclarations émotionnelles des uns et des autres, qui nous terrorisent avec la sainteté démocratique de l’homme venu du Fonds Monétaire International (FMI)… C’est la preuve que l’intelligence ne suffit pas pour faire de nous des hommes… Eh bien, il faut l’imagination pour être un homme achevé. Ainsi que l’écrit éloquemment Martha Nussbaum : « Bien raisonner, pour un citoyen, un juge ou un homme politique, suppose non seulement des capacités argumentatives et logiques, mais également des capacités d’imagination développées et maîtrisées. […] L’argumentation sur les questions morales et politiques passe par la capacité de décrire, de voir et d’imaginer. » Il y a là de quoi méditer !

La loi fondamentale a juste été respectée. Je ne vois donc pas, très sincèrement, le miracle politique. Le peuple ivoirien doit mûrir politiquement…

Très fraternellement,

Dora Fofana – Auteur-écrivain, analyste politique, doctorant en philosophie politique et sociale à l’UAO Bouaké, ancien élève de l’ENS d’Abidjan (PL).


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