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[Tribune] – Adresse du chef de l’État à la nation : Un discours infiltré et corrompu !

Dans une analyse partagée dans les réseaux sociaux, Valère Bertrand Bessala, le guide du parti Jouvence revient sur le discours du chef de l’État à la nation le 31 décembre 2022.

Paul Biya Message 31 12 2022
Paul Biya lors de son adresse à la nation (c) Droits réservés

Dans une analyse partagée dans les réseaux sociaux, Valère Bertrand Bessala, le guide du parti Jouvence revient sur le discours du chef de l’État à la nation le 31 décembre 2022. Dans son texte, l’homme politique évoque les manœuvres autour de l’élaboration des discours du Président, soutenant que les membres du gouvernement « se battent généralement à coups d’enveloppes obèses pour que leurs secteurs et leurs réalisations soient préférées et mentionnées positivement dans le propos annuel du président ».

Ci-dessous, lebledparle.com vous invite à lire Bertrand Bessala

Le président de la République, Chef de l’État, Paul BIYA, s’est adressé une fois encore à son Peuple le 31 décembre 2022. Au-delà des éternels réchauffés, des retournés et des recrachés, intéressons-nous au fond du texte et au texte de fond.

Le fond du texte est décidé par ceux qui le préparent. Tandis que *le texte de fond* est l’exclusivité du Président. Ce dernier ne peut être perçu et compris que par analyse et interprétation. Donc par l’esprit.

Comment prépare-t-on le discours du Président ? 

De manière ramassée, l’orthodoxie et la pratique habituelle renseignent que des correspondances sont envoyées aux membres du Gouvernement, via le Premier ministre, leur demandant de faire parvenir à la présidence de la République des laïus retraçant les grandes lignes de leurs réalisations sectorielles, ainsi que les projections pour l’année à suivre. Une fois collectées, elles sont triées et classées par domaines (économique, social, politique etc.) et par ordre d’importance.

Le discours une fois prêt et soumis à plusieurs tamis, est porté à l’attention du Président qui peut élaguer des superflus ou ajouter des précisions. Ce n’est qu’après la consolidation des mentions du Chef de l’État, que la mouture finale à adresser au Peuple, est retenue définitivement.

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Un discours empreint de mercure

Le plus important à préciser est que ce discours fait l’objet d’une grande convoitise des membres du gouvernement. Ils se battent généralement à coups d’enveloppes obèses pour que leurs secteurs et leurs réalisations soient préférées et mentionnées positivement dans le propos annuel du président. L’objectif étant de marquer psychologiquement leur illustre patron et à terme, se prémunir éventuellement contre toute quelconque bousculade dans les prochaines nominations.

Une occasion d’enrichissement

D’un autre côté, la préparation du discours de fin d’année est aussi l’occasion pour le(s) rédacteur (s), de marquer le terrain à titre personnel. Ils useront donc de leur souveraineté dans le tri et le choix des éléments à retenir dans la mouture finale à soumettre au Président de la République, pour brider financièrement certains membres du gouvernement. Cela se fait avant la mouture finale et après le 31. Pour ce dernier cas, certains membres influents de l’équipe de préparation du discours gagneront au cours de l’année, les faveurs de certains membres du gouvernement (marchés publics et autres) en remerciement ou en prévision du prochain discours de fin d’année.

Un discours qui célèbre les démons au détriment des mi-démons?

Aussi, pour qui sait lire entre les lignes, tout exégète des coulisses des discours de chefs, comprendra facilement:

– pourquoi l’on choisit certains secteurs plutôt que d’autres;

– pourquoi l’on met plus de temps à développer ou étaler un ou deux secteurs plutôt que d’autres ;

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– pourquoi ce sont généralement les secteurs gérés par les ministres les plus décriés qui sont emphasés dans le discours, en exposant leurs essais médiocres et maigres,  afin de voiler et maquiller leurs échecs criants;

– pourquoi l’on choisit pour un moment aussi important que l’adresse du Chef de l’État à la Nation, une approche énumérative (en bilan comme en projection), plutôt qu’une approche holistique et impersonnelle (qui est la marque des Chefs).

Un discours élogieux des médiocres

Remarquons donc pour le déplorer que:

– les secteurs évoqués _positivement_ dans le discours du Président, sont ceux qui impactent _négativement_ au quotidien la  vie des Camerounais ;

– les activités évoquées en bilan et projections, relèvent pour l’essentiel des secteurs tenus par les ministres dont la compétence est sujet à caution;

– les secteurs exposés en bien sont ceux tenus pour la plus part par des Ministres collusionnaires, concussionnaires, malversateurs et complices des bourreaux socioéconomiques du Peuple.

Un mâchis imparable!

Le Président de la République, pour des raisons évidentes, ne peut parer ce genre mauvais coup de ses collaborateurs.

D’ailleurs lui-même, sachant pertinemment que son équipe gouvernementale est atteinte d’une ménopause créative et d’une stérilité managériale, ne peut que se contenter de tout mâchis que l’on lui soumet. Quitte à lui d’ajouter quelques mentions qui lui tiennent à cœur personnellement.


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