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Tribune : Camair-Co ou la “lucidité terminale”

Biba Francois Depute

le lundi 12 octobre 2020, selon les instructions du chef de l’Etat, et suite à un communiqué du directoire, la CAMAIR-CO aurait dû relancer ses activités avec 01 avion, le Boeing 737-300  loué à l’Ukraine.


Biba Francois Depute
Honorable François Biba – DR

Hélas fausse alerte dans un horizon couvert de nuages opaques: la relance finalement n’aura pas lieu ce jour. « Les vols du lundi 12 octobre au jeudi 15 octobre sont annulés et par conséquent fermés à la vente » annonce la compagnie.

Au milieu de tout ce tâtonnement l’on se demande bien combien de temps durera ce énième simulacre de relance? Preuve palpable et tangible de la gestion imprécise du gouvernement en place. Nous avons tous au fil des années été plus ou moins témoins de la descente aux enfers de notre porte-drapeau et par ricochet de notre pays.

Créée le 21 septembre 2006, son unique actionnaire est l’Etat du Cameroun, avec une flotte de 6 avions ou plutôt 6 coucous au garage, la CAMAIR-CO n’est plus que l’ombre d’elle-même. Rien qu’un triste souvenir très loin des heures de gloire et de vaches grasses.

Le mardi 21 juillet 2020, les salariés observaient un mouvement de grève pour réclamer 5 mois d’arriérés de salaire pour une masse salariale mensuelle d’environ 500 millions de FCFA.

Une fois de plus la pandémie Covid-19 (la bouée de sauvetage du gouvernement) aura permis de reculer les échéances en envoyant au chômage technique un peu plus de 250 salariés.

Un bilan des plus chaotiques, des chiffres calamiteux qui donnent le tournis:

– Une dette de 115 milliards de FCFA

– Des pertes financières d’à peu près 126 milliards de FCFA.

– Les capitaux propres de la compagnie inférieurs à la moitié du capital social.

En 9 années, la compagnie aura vu passer 6 directeurs généraux dont les fonctions n’avaient jamais excédé 3 ans.

On se demande bien pourquoi un tel acharnement de la part du gouvernement à injecter autant d’argent pour sauver une compagnie devenue un gouffre financier alors que des propositions connexes étaient présentées depuis de longues années.

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Pourquoi avoir misé autant d’argent alors que tous les signaux étaient au rouge?

Ne s’agissait-il pas d’une manœuvre orchestrée afin de distraire des fonds et ainsi vider les caisses de l’État ? Rien de nouveau direz-vous.

Après un semblant d’embellie en 2018, la compagnie amorce une fois encore sa descente au fond des abîmes, à l’image du pays tout entier.

Des escaliers d’embarquement conçus par un menuisier de la place, des passagers qui se baladent sur le tarmac de l’aéroport.

Plus de 100 milliards de FCFA ont été investis, des services médiocres, un endettement colossal, des avions faisant l’objet de saisie faute de paiement des échéances,…

Depuis le 7 mai 2020, sur les 6 avions que compte la flotte, seuls 3 étaient alors opérationnels. En fin mai 2020, l’unique gros porteur était récupéré par son propriétaire Abu Dhabi Aviation pour cause d’impayés.

Les dessertes régionales ne sont plus assurées. Au niveau national l’on enregistrait uniquement 5 vols par jour.

Pour couronner le tout, le 27 mai son Directeur Général M. Ernest DIKOUM a été limogé par le Conseil d’Administration et éjecté tel un parachute par le hublot.

Après moult tergiversations, le 14 juillet dernier, le Président Paul BIYA demandait au Premier Ministre d’élaborer un plan de restructuration et de relance en vue de la cession des parts majoritaires, soit 51% de son patrimoine à un partenaire stratégique privé.

Mais, avant cette issue, étaient une fois de plus affectés  dans la gestion de la compagnie 15 milliards de FCFA visant entre autres à rehausser l’image de la compagnie (Il faudrait quand même que la cendrillon soit parée de ses plus beaux atouts afin d’attirer à elle des meilleurs partis.)

Pourtant il ne s’agit pas uniquement de doter la compagnie de fonds, mais également d’en assurer la bonne gestion au travers de dirigeants compétents, un directoire digne de ce nom. Nous sommes face à une entreprise qui ne fait pas de bénéfices, face à une entreprise sans objet social. Une entreprise reniée par son propriétaire qui préfère recourir aux services des compagnies étrangères pour ses déplacements.

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Au vu des résultats obtenus après les  privatisations de CAMRAIL, SONEL, SNEC,… nous avons des doutes en ce qui concerne cette nouvelle privatisation.

A se demander si les termes du contrat sont négociés comme cela se doit. On aurait envie de dire qu’il s’agirait plutôt d’une fuite en avant du gouvernement, qui voudrait se débarrasser du boulet que constituent les entreprises étatiques après avoir dépouillé ces dernières.

 Pourtant il aurait fallu penser:

● Un fonctionnement autonome sans une main mise de l’Etat lui conférant ainsi son statut d’entreprise commerciale

● Opter pour un directoire 100% maison. C’est à dire mettre à la tête de la compagnie un salarié ayant gravi les marches de l’entreprise et donc qui la maîtriserait mieux.

● Une image de marque soignée

●Un développement commercial ambitieux ( la CAMAIR-CO est à ce jour la seule compagnie aérienne dont le site internet est vide et inutile)

● Développer des alliances avec des compagnies étrangères

● Développer des prises de participation avec les petites compagnies aériennes de pays voisins à l’instar du Tchad en Afrique centrale, et même en Afrique de l’ouest et australe,…

Un changement de toute urgence doit être amorcé pour un Cameroun qui protège et qui libère les énergies.

Honorable François BIBA

Député PCRN

 


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