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[Tribune] La gratuité de l’école primaire au Cameroun : Mythe ou réalité ?

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En cette 3e journée mondiale de l’éducation, il est plus que jamais nécessaire et même primordial de soulever le voile opaque qui couvre l’éducation au Cameroun.


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Elèves en classe, assis à même le sol – capture photo

L’éducation est un droit humain, un bien public et une responsabilité publique. L’éducation est un droit équitable. Grâce à elle, nous parviendrons à réaliser l’égalité des genres et à sortir de la pauvreté qui laisse sur le banc des millions d’enfants, de jeunes et d’adultes.

Cette journée a été instituée afin de célébrer le rôle de l’éducation pour la paix et le développement.

Cette année, elle sera célébrée sous le thème « Relancer et redynamiser l’éducation pour la génération Covid-19 ».

Relancer l’éducation au niveau national en termes d’accès et de qualité.

Redynamiser l’éducation dans nos campagnes, donner de nouvelles orientations, pour une éducation axée sur l’apprentissage et la formation professionnelle.

Nous avons aujourd’hui besoin de jeunes entrepreneurs et de techniciens afin de relever notre économie.

De ce fait, le gouvernement devrait mettre tout en œuvre afin que l’éducation soit accessible à tous et de bonne qualité pour tous.

Selon un décret présidentiel du 19 février 2001, «les élèves des écoles primaires publiques sont exemptés des contributions annuelles exigibles.». Ce qui était la suite logique du forum mondial sur l’éducation de Dakar en 2000, dont le but était de rendre l’éducation véritablement universelle en 2015.

Quoiqu’ayant eu un effet positif sur le taux d’alphabétisation, l’on note l’apparition de plusieurs failles dans le système éducatif primaire public, et dans la pratique l’on est bien loin de l’application du décret.

Dire que l’école primaire est gratuite au Cameroun, est purement et simplement une manière de fermer les yeux face à une réalité bien triste et de se jouer de la communauté internationale.

En effet,  en marge de cette pseudo gratuité viennent de greffer des frais annexes :

  • Les frais pour l’intégration d’un enfant à l’école primaire
  • Les frais d’association de parents d’élèves (APEE)
  • Les frais pour soutenir les enseignants vacataires
  • Les frais d’activités sportives et autres activités extrascolaires
  • Les frais pour impression des épreuves,…

Sans oublier les multiples demandes adressées aux parents de la part des enseignants.

Pourtant, selon la circulaire du 24 juillet 2000 portant organisation des modalités pratiques d’approvisionnement des écoles en matériels didactiques et pédagogiques, les établissements primaires publiques reçoivent une subvention d’une valeur de 2500 FCFA par élèves. D’où vient-il donc que les parents soient rançonnés pour l’éducation de leur progéniture?

Pour approfondir :   [Tribune] : Assemblée Nationale, l'urgence d'un toilettage...

Vous, membres du gouvernement, êtes parfaitement informés de ces faits, mais, vous avez délibérément choisi de vous taire et de devenir complices de ces chefs d’établissement qui dépouillent les parents déjà démunis à cause de votre gestion calamiteuse.

Selon la loi n°2008/001 du 14 avril 2008 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la constitution du 02 juin 1972, précise dans son préambule que : «l’Etat assure à l’enfant le droit à l’instruction. L’enseignement primaire est obligatoire. L’organisation et le contrôle de l’enseignement à tous les degrés sont des devoirs impérieux de l’Etat.»

Il ne nous reste plus qu’à constater une fois de plus que le gouvernement a bel et bien failli à ses responsabilités.

  • La gratuité de l’école primaire publique n’a pas du tout été préparée, le gouvernement s’y est lancé dans un effet de suivisme moutonnier afin de s’arrimer aux décisions de la communauté internationale.
  • Il n’existe évidemment aucun contrôle sinon l’on se serait rendu compte depuis belle lurette que l’école primaire publique n’est pas gratuite au Cameroun.

Plus grave encore, le gouvernement a jeté l’éponge et abandonné parents et enfants car avec la gratuité de l’école publique l’on observe la baisse de la qualité de l’enseignement. Pour ce qui est des infrastructures elles sont inexistantes dans certaines régions, et dans l’arrière-pays. Pour celles qui existent elles sont dans un état de vétusté et de délabrement avancé.

Les effectifs ? Une centaine d’enfants dans une salle classe, entassés les uns sur les autres. Certains assis à même le sol, d’autres sur des troncs d’arbres sous un soleil accablant, exposés aux trombes d’eau de pluie, livrés à la merci de reptiles de tout genre.

Oui voilà le sort réservé à nos enfants en quête de savoir dans un Cameroun, au 21e siècle, un « Cameroun aux grandes réalisations ».

Pour approfondir :   Opinion : Jean De Dieu Momo maitre du guidonnage politique ?

Une chose est certaine, nous sommes bien loin des 50 élèves par salle de classe recommandée par L’UNICEF.

Raison pour laquelle, quoique le public soit « gratuit », de nombreux parents préfèrent se tourner vers le privé qui présente plus de sérieux. 

Pendant que le Cameroun reste à la traîne, les pays africains ayant ratifié la charte pour les Objectifs du Développement Durable, (dont le Cameroun bien entendu) ont déjà implémenté la gratuité de l’école primaire publique et celle-ci est bien effective.

Qu’est-ce qui n’a pas marché au Cameroun?

Plusieurs aménagements sont nécessaires pour assurer à la fois la gratuité et la qualité dans les écoles primaires publiques au Cameroun.

Pourquoi les chefs d’établissement doivent-ils payer des vacataires alors que des CAPIEMP attendent d’être recrutés?

Monsieur le MINEDUB, nous réitérons ici la régularisation du recrutement des CAPIEMP les plus anciens tel que vous l’aviez annoncé. Cela viendra résoudre plusieurs problèmes, entre autres:

  • La pénurie d’enseignants,
  • Soulagera les parents des frais destinés à soutenir les vacataires
  • L’on pourra probablement ENFIN prétendre à la directive de « 50 élèves par classe », …
  • La revalorisation salariale du corps enseignant afin d’arrêter de faire de ces derniers les mendiants de la République. Ce qui propulsera sans nul doute, leur engagement et leur motivation et par ricochet aura un impact sur la qualité de l’enseignement dans le secteur public.
  • Un contrôle de l’enseignement tel qu’énoncé par le préambule de la constitution. Contrôle du respect de la gratuité, contrôle de la qualité des enseignements, contrôle des conditions d’enseignement.
  • L’affectation des enseignants dans toutes les régions et dans l’arrière-pays où les écoles font face à la pénurie.

Une chose est et demeure toutefois certaine, la gratuité de l’école primaire publique au Cameroun est et demeure un MYTHE.

Honorable François BIBA


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