Bien des Camerounais doivent forcément se gratter pour se poser la question de savoir s’il s’agit de réalité ou de fiction : on a réussi en ce début du mois de novembre de l’an de grâce 2016, à organiser à l’université de Yaoundé 2 un colloque «scientifique » sur l’œuvre sociale de Chantal Biya !
«Mais on est où là ?!» S’exclame t-on encore chez tous les camerounais à qui il reste encore un tout petit peu de lucidité. Ces trois derniers jours donc, des personnes nanties de doctorats et employées à former la jeunesse camerounaise se sont réunies très sérieusement pour disserter sur l’œuvre de la Première Dame.
Sans aucune pudeur pour le douloureux deuil que subit notre pays à cause du sous équipement, mais surtout du fait de l’incurie, que dis-je? De l’impéritie de ceux qui sont en charge des Camerounais. Sans aucun souci du jugement que l’Histoire portera sur ce type d’événement qui relève du culte de la personnalité le plus ubuesque. Même chez Mobutu et Dada Lawana on n’avait pas réussi à faire mieux …
Cette célébration malsaine d’un personnage, mal masquée par les toges – salies- d’universitaires, constitue l’un des aspects les plus achevés du système: présenter en tout temps et en tout lieu des actions qui relèvent de la banale attention des pouvoirs publics pour les populations, comme une manifestation de la bonté, de la magnanimité du chef et sa femme . Un hôpital pour enfants est-il fonctionnel? C’est grâce au grand cœur de la «Maman». Un établissement de formation a-t-il ouvert ses portes? C’est grâce aux délicates attentions du «Papa».
Les Camerounais ont-ils encore à l’esprit que des enfants bien nourris, convenablement soignés, éduqués de manière adéquate, cela fait partie de leurs DROITS et c’est le DEVOIR de ceux qui nous gouvernent ? Ce n’est pas un cadeau, encore moins une faveur…Voila pourquoi en retour, le citoyen paye des impôts , et choisit ces dirigeants par son bulletin de vote.
C’est pour couvrir ces charges présentées comme autant de fruits de la bonté du prince et de sa moitié, que les députés votent un budget de l’État tous les ans.
Ce sont donc ces notions élémentaires de la citoyenneté que l’on essaye de nettoyer du cerveau de nos compatriotes, avec la complicité des universités.
C’est tout simplement pitoyable.