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 Wilfried Ekanga : « Notre pays ressemble de plus en plus à la Corée du Nord »

Wilfried Ekanga en costume

Dans un hommage qu’il adresse à ses « camarades de route », emprisonnés à Yaoundé depuis les marches du 26 janvier 2019, le militant du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) Wilfried Ekanga, se plaint de l’Etat dégradant des Droits de l’homme dans un Cameroun qu’il compare désormais à la Corée du Nord. L’analyste politique s’étonne par ailleurs qu’il y ait des compatriotes qui se réjouissent de cette situation.


Wilfried Ekanga en costume
Wilfried Claude Ekanga – (c) DR

« Notre pays ressemble de plus en plus à la Corée du Nord, où au Trousieme Reich hitlerien.
Ou à l’enfer de Staline, en Union Soviétique

Et il y a une belle clique de vauriens que ça réjouit

Vous êtes bien contents. Ça vous enchante
Parce que dans votre bêtise, vous pensez que c’est nous qui souffrons. 
Vous pensez que ceux qu’on a mis en prison, ce sont des « opposants ». Et qu’ils ont mérité leur sort », écrit Wilfried Ekanga dans ce texte partagé dans les réseaux sociaux.

L’intégralité :

MONSTER 
Quand l’Etat devient fou

Ils ont arrêté tout le monde
Des modèles, des aînés, des partenaires, des amis 
Ils ont arrêté tout le monde ou presque

Maitre Michèle Ndoki vit cachée. Comme si recevoir trois trous dans les jambes n’était pas déjà assez douloureux 
Elle fuit désormais la folie du Monstre. Elle vit recluse dans un lieu secret, dans la peur d’être déportée à tout moment.

Engelbert LeBon, mon ami, avec qui me revient le doux parfum du poulet grillé au Queen’s.
Lui aussi ils l’ont arrêté. Emprisonné pour une marche pacifique dite « illégale » à laquelle il ne participait même pas.

Et ils ont arrêté le grand frère Ndjamen, qui venait à peine de se faire ouvrir la jambe.
Après avoir osé arrêter Maurice Kamto, pour un délit commis par d’autres à 6 000 kilomètres de distance.

Bienvenu dans la demeure du Monstre. 
Et le Monstre est devenu fou. Il a grossi à n’en plus respirer. Il a totalement perdu la tête

Il a reçu le pouvoir en 1982, sur un plateau d’argent. Sans élection ni efforts.
Sans avoir à se battre pour ça 
Cela explique pourquoi il n’a jamais su battre campagne. Privilégiant la monétisation et le pain-poisson

Notre pays ressemble de plus en plus à la Corée du Nord, où au Trousieme Reich hitlerien.
Ou à l’enfer de Staline, en Union Soviétique

Et il y a une belle clique de vauriens que ça réjouit

Vous êtes bien contents. Ça vous enchante
Parce que dans votre bêtise, vous pensez que c’est nous qui souffrons. 
Vous pensez que ceux qu’on a mis en prison, ce sont des « opposants ». Et qu’ils ont mérité leur sort

Vous ne vous rendez pas compte que les prisonniers, les vrais, c’est vous. 
Voilà jouissez d’une liberté illusoire. Basée sur le silence ou les louanges du Monstre

Vous ne pouvez plus rien dire dans votre pays. Vos actes, vos paroles et même vos pensées sont à présent contrôlées
Le jour où vous ressentirez le besoin de vous plaindre, on vous arrêtera aussi 
Vous comprendrez alors que c’était pour vous qu’on se battait, pour que nous vivions tous dans un cadre ouvert.

Et puisque vous n’aurez pas le courage de vous plaindre, vous garderez le silence face à la souffrance. C’est l’essence même de la zombimorphose 
Alors bienvenue dans la prison sans murs, la prison du Monstre

Le Monstre grossit. Il grossit. Il grossit encore 
Et il devient fou. 
Et il arrête tout le monde

Moi je n’oublie pas tout cela. Je ne les oublie pas. 
Mes compagnons de route, je ne les oublie pas. 
Ils sortiront de là très bientôt. Car nous ne les auront pas abandonnés.

Et je ne vous oublie pas non plus 
Vous

Vous tous qui y prenez du plaisir 
Vous qui distillez des menaces, des encouragements à la crispation ethnique 
Et à la division tribale

Vous finirez dans la poubelle de l’histoire 
Comme les imbéciles que vous êtes

Viendra le jour où les accusateurs seront les accusés 
Vous qui êtes plus coupables que ceux que vous condamnez 
L’instant vient où on vous traitera comme lors des procès de Nuremberg
Alors ne rêvez pas
Cette histoire ne finira pas comme ça. Vous paierez le salaire de votre méchanceté

Souvenez-vous du sort des fossoyeurs nazis 
Le public ne se lève qu’à la fin du film
Celui qui porte plainte, n’est pas toujours la victime

De l’enfer ils reviendront 
Et dans l’enfer, vous irez
Pas dans celui de Satan
Pas dans celui de Dante

Mais dans celui du Monstre 
Que vous avez aidé à grossir

Claude Wilfried Ekanga Ekanga 
(Les tentacules du Poulpe)

Frankfurt, le 7/02/2019

 


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