in

[Tribune] Mbankolo : La montée des marches de l’horreur

Dans un Coup de gueule publié le dimanche 22 octobre 2023, Saint-Eloi Bidoung semble critiquer la réaction de certaines personnalités politiques et publiques face à un drame survenu à Mbankolo, au Cameroun. Lebledparle.com vous propose le texte intégral.

Eboulement de terrain au quartier Mbankolo à Yaoundé
Eboulement de terraine à Mbankolo - DR

Le moment le plus lumineux d’un festival de cinéma est la montée des marches. Que ce soit pour le  festival de Cannes en France ou celui de Hollywood aux Etats Unis d’Amérique, Producteurs, Réalisateurs, Acteurs et autres célébrités y vont voir, sous les flashs des photographes et des cameramen. Cela ne se passe plus là-bas loin de nous,   ça se passe ici chez nous et à coté de nous, à Mbankolo. Depuis dimanche 8 Octobre 2023, le Cameroun est devenu une curiosité géographique internationale, le théâtre de l’horreur, de la consternation et de la désolation.

Un remaniement ministériel est prévu et très attendu, et on l’espère, causera un éboulement dans le gouvernement. Un congrès du parti au pouvoir est en préparation, on suppose qu’il provoquera un glissement de terrain catastrophique. Une élection présidentielle anticipée est annoncée par les services de la météorologie politique, elle annonce un séisme politique dévastateur au sein du gouvernement, du comité central, du parti proche et dominant du pouvoir. L’alerte est donnée et tout le monde se met à l’abri pour éviter l’ensemble des cataclysmes apocalyptiques qui feront d’importants dégâts matériels et pertes en vies humaines.

Le temps des convois de marabouts béninois, des gourous indiens et des féticheurs pygmées est révolu, Paul Biya semble décidé à sortir de son sommeil, que dis-je ? de la léthargie ambiante et habituelle, pour nous offrir si ce n’est un tsunami, dans une moindre mesure, un cyclone politique. Les ministres, députés, présidents de partis, hauts fonctionnaires et autres aventuriers ne dansent plus nus dans la brousse avec les chimpanzés dans les campements de pygmées ; ils ne commandent plus des talismans et des potions magiques auprès de magiciens d’Orient, ils ne partent plus au Benin pour se faire des lavages et des potions de protection chez de « grands maîtres » du vaudou.  « OA », « On Attend », « OTA » « On a Trop Attendu » ce moment

Mbankolo, salle de cinéma, de théâtre et de comédie

Ils vont désormais à Mbankolo. Comme on va à un pèlerinage à Lourdes. Comme on va à une montée de marche à Hollywood. Pour se donner un prestige qui pourra être utile et conséquent quand se prépareront : la mouture finale du prochain gouvernement, les désignations au Comité central du parti au pouvoir à l’issue du prochain et certain congrès, qui sait.

Se faire voir à Mbankolo est une obligation plus spirituelle, plus politique qu’une compassion sincère. Se faire voir à Mbankolo est une séance de purification pour conjurer, exorciser les sorts maléfiques nés des actes impurs et illicites de la vie de ces personnalités qui pataugent dans la boue des lieux du sinistre. On dirait que celui qui n’y irait pas, aura compromis ses grâces, son avenir et ses ambitions. Voir comment des personnes reconnues autrement que gentils, sympathiques et charitables envers des populations martyrisées, se contorsionnent pour jouer des rôles très compliqués pour eux. Ils font pitié en essayant de montrer de la compassion devant les caméras de télévisions. Quel cynisme pour faire autant de comédie, les pieds dans la boue d’un grand charnier ! Ils y en a qui sont déjà très habitués à ces circonstances, on les a vu à Ngouaché, à Damase, à japouma et aujourd’hui à Mbankolo récitant le même crédo : « les dons du chef de l’état ». Ceux-là, sont des privilégiés, des  habitués du transport prompt, spontané des dons du Chef  de l’Etat à l’instant « T »

Pour approfondir :   Point de vue : Fotso Victor est un mauvais Génie de l’unité

Des producteurs de films d’horreur, ces (I.R.I.C) « images ridicules et indignes du Cameroun », avec des bayam-sellam brimées par des loubards communaux qui emportent tout sur leurs passages et affament des familles entières, montent les marches de Mbankolo avec des masques montrant leur compassion et leur affliction. D’autres, acteurs de nos misères et des calamités quotidiennes des camerounais vont jouer des rôles ridicules à Mbankolo. D’autres comédiens ont été vus sur le lieu du drame, Comme des comédiens et des acteurs de cinéma qui se sont donnés dans le grand hall d’un festival de cinéma.

Campagne présidentielle oblige, d’autres sont annoncés au fil des jours, on nous signale l’arrivée dans les prochains jours, du vice-dieu, du Ngambé et de Badjika Ahidjo pour encore nous faire rire. Oui, tous ces clowns et acteurs de cinéma nous font rire quand nous les voyions sur scène à Mbankolo, devant les cameramen qu’ils arrosent de vins et de billets de banque avant et/ou après leurs spectacles comiques sur le lieu d’un effroyable sinistre mais de quoi s’agit-il ? Il s’agit de se faire une image, une nouvelle image. Une autre image que le peuple entier doit voir. Alors, ils foncent à Mbankolo, pour se défoncer, Mbankolo est devenu la plus grande salle de spectacle du Cameroun. Nul doute », Il ne serait pas surprenant de voir les images de la boue meurtrière de Mbankolo, avec la tête de la personnalité en exergue, sur les affiches de campagne électorale prochaine.

Des compassions feintes et calculées

Sans minorer le drame qui a endeuillé et appauvrit des dizaines de familles à Mbankolo, nous regardons les images de cette curieuse procession avec un zeste de désolation face à la perfidie de ces personnalités qui y vont. Parce que le Cameroun est par essence une terre de drames quotidiens. Des milliards de FCFA prévus pour des projets sociaux ont été détournés par les hautes personnalités de la République, parmi lesquelles beaucoup qui vont se filmer sur les décombres et les corps encore enfouis dans la boue à Mbankolo. Ces détournements de fonds publics ont causé la mort de plusieurs centaines de camerounais, victimes du manque de mercurochrome dans les hôpitaux et du manque d’infrastructures routières pour évacuer des malades graves vers les districts de santé situés à des kilomètres. Aucune de ces personnalités n’est descendue sur les lieux de ces drames pour « adresser leurs condoléances et exprimer leurs compassions » envers les familles éprouvées. Jamais !

Pour approfondir :   Cameroun : Un DG et un DGA nommés à la PAMOL

D’autres drames tout aussi dévastateurs peuvent être listés, mais l’exercice sera fastidieux. Tellement il y en a. Ceux qui ont provoqué une violente crise dans la zone anglophone, des officiers sans réserve l’alimentent et la font s’enliser pour leurs intérêts égoïstes et leurs fortunes personnelles, provoquant la mort de centaines de jeunes gens parmi les éléments des Forces de défense et de sécurité et des forces rebelles, causant des milliers de déplacés et de sans-abris sont encore vivants dans la haute hiérarchie du pays. Ils iront à Mbankolo, s’ils ne l’ont pas fait, pour se livrer en spectacle, se donner une autre image. Comme des acteurs de cinéma contraints de jouer des rôles complétement en travers de leurs véritables personnalités.

Toute l’agitation autour du sinistre de Mbankolo cache mal sa texture caricaturale et artificielle. Si ce n’est pas du cinéma, ce n’est rien de plus que du cynisme. Quand ce n’est pas de la cosmétique, c’est de la comédie. C’est du spectacle. C’est du cinéma. Ce sont des acteurs de cinéma qui montent les marches et se font filmer et photographier pour se donner une image. Une image irréelle dont ils ne sont pas eux-mêmes fiers, mais qui s’impose par ces temps que la météo politique annonce difficile, sous un ciel nuageux, un vent cyclonique ou tsunamique.

Seigneur prends pitié. Amen

Par  Saint-Eloi Bidoung

 

 


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Yongwa

Georges Mbimbe : «Le Cameroun a respecté le Sénégal »

Lobe Elimbi

Elimbi Lobé : « Samuel Eto’o est victime de tribalisme »