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Mamadou Mota (1er Vice-Président MRC) : « Si pour Biya, arrêter Kamto fera peur aux gens, il se trompe »

mamadou mota

L’homme qui gère les affaires courantes du MRC en l’absence de Maurice Kamto dans les filets de la justice en ce moment a accordé une interview au quotidien privé Mutations ce lundi 26 février 2019. Dans les colonnes du quotidien privé de la rue des brasseries, Mamadou Mota revient sur plusieurs sujets d’actualité politique, en occurrence l’arrestation de Maurice Kamto et plusieurs autres leaders du MRC. « Le président Kamto sera libéré par tous les moyens que nous avons en notre possession », a déclaré le compatriote. Lebledparle.com, vous propose l’intégralité de cet entretien.


mamadou mota
Mamadou Mota dans le studio de la RTS – capture photo

Avant votre propulsion à la première vice-présidence du MRC, vous étiez inconnu du grand public. Qui est Mamadou Mota ?

Je suis ingénieur agronome, formé à la Faculté d’agronomie et des sciences de Dschang, promotion 1999-2004. Je suis zootechnicien, c’est-à-dire que je suis spécialiste en production animale. Sur le plan professionnel, j’ai été intégré à la fonction publique camerounaise que j’ai ensuite abandonnée parce qu’on m’a affecté comme délégué d’arrondissement à Dschang. Cela veut dire que, vous prenez un général, vous l’affectez dans une brigade parce que vous voulez le faire taire. Je suis expert des projets, j’ai piloté plusieurs projets dont certains de l’Union Européenne, en sécurité alimentaire. Je suis marié. J’ai trois enfants, protestant de confession.

En l’absence de Maurice Kamto, emprisonné, vous assurez une sorte d’intérim non formalisé. Comment conduisez-vous ce parti ?

Je ne suis pas Président par Intérim du MRC. Je gère les affaires courantes. Mr Kamto n’est pas déporté, il est au Cameroun. Le MRC n’est pas un individu, c’est un état d’esprit. Voyez-vous, le Camerounais voit l’homme politique comme celui qui est financièrement très assis, ou ayant une envergure genre 2 mètres 15 ; la politique ce n’est pas cela. Sur le plan personnel, je puis vous dire que la gestion des humeurs des populations ponctue la vie de la profession que je me suis donné de faire toute ma vie durant. Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun est un parti politique bien structuré et bien organisé, où chaque aspect d’un secteur de développement est affecté à un spécialise bien précis. Nous avons un présidium, constitué de 04 vice-présidents, et du président Kamto; nous avons des secrétaires rompus à la tâche. L’absence du président Kamto ne peut pas faire en sorte que le MRC baisse les bras. De toute façon, pour nous, le président Kamto sera libéré par tous les moyens que nous avons en notre possession. Le Cameroun est une République et comme j’aime bien à le dire, en République il n’y a pas d’impuissance. Si monsieur Biya nous dit que nous sommes dans une dictature, nous baissons les bras. Mais tant qu’il nous dira que nous sommes en République, nous allons tout faire pour libérer monsieur Kamto. Ce n’est pas normal qu’on embastille les opposants.

 Dans l’opinion, il y’en a qui pensent que le MRC a été décapité. A preuve, les manifestations prévues les 02 et 08 février derniers ont été annulées, et on ne parle presque plus des  » marches blanches « 

C’est moi qui les annule, parce que ce régime avait recruté des agents pour infiltrer la marche et casser. Il est inadmissible qu’on m’appelle et me demande de ne pas me mettre devant la marche parce qu’on a reçu l’ordre de tirer. Je ne peux pas marcher, et mettre la vie des personnes en danger alors que je suis derrière par peur. Ça je ne le ferai pas. Nous avons reporté les marches, mais nous allons marcher. Si pour Biya, arrêter Kamto fera peur aux gens, ou tirer sur madame Ndoki, Celestin Djamen et les cinq autres camarades, il se trompe. D’ailleurs, nous avons marché à Maroua. Pourquoi n’ont-ils pas arrêté les gens à Maroua ? Allez chez vous, laissez les affaires des Bamilékés, ont-ils dit à nos manifestants de Maroua. Mais, jusqu’à quand mes chers compatriotes on va instrumentaliser les Camerounais sur le champ du tribalisme ? J’ai fait l’école à Dschang. Je suis marié à une fille anglophone de Mambila. Qu’est-ce que sont mes enfants ? Quand un peuple refuse de construire chez les autres, pourquoi devrait-il s’en prendre à un autre qui construit ? Je suis de la région de l’Extrême-Nord. Je connais la maison d’un seul Bulu dans le grand Nord, celle de Motaze qui a épousé notre fille. Pourquoi est-ce que les gens, parce qu’ils veulent maintenir un pouvoir illégitime mal acquis, veulent diviser le Cameroun ? Ils ont déjà réussi dans le Nord-Ouest. Mais si nous les francophones acceptions cette situation, ça ne sera pas contre Kamto, ça sera contre tout le monde. Même le journalisme en pâtira. Vous ne seriez pas capables d’écrire ce que vous êtes en train d’écrire aujourd’hui si vous étiez en Corée du Nord ; et c’est ça qui s’installe aujourd’hui au Cameroun. Ce que nous sommes en train de vivre au Cameroun est pire qu’en Corée.

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Combien de personnes dans cette salle ont déjà voyagé dans le Cameroun pour comprendre la réalité de la souffrance des Camerounais ?

Les Camerounais souffrent de la faim. Lorsque vous ne pouvez pas marcher dans votre pays parce que vous n’avez pas les moyens de vous offrir le luxe de connaitre votre pays, c’est un handicap majeur. Combien de personnes dans cette salle ont 200 m2 pour se bâtir une maison ? Nous nous sommes enfoncés très bas et cela, sous notre regard complice, peut-être par peur. Mais, la peur consolide ce régime. Vous avez vu les nominations fantaisistes. On prend un jeune homme qui n’a pas géré des vigiles, on le bombarde directeur général de l’Enam (Ecole nationale de l’administration et de magistrature), et on fait comprendre aux Camerounais qu’il a de l’expérience. Ce garçon a déjà géré 2 millions de Fcfa ? Soyons sérieux. Le tribalisme c’est quand Cavaye met 40 de ses enfants dans la haute administration avec des faux diplômes ; c’est lorsqu’ils se marient entre eux pour nous maintenir dans un état de servitude. Ils ont créé une tribu des riches et des plus forts, prêts à tirer sur les pauvres, ceux qui n’ont pas de pouvoir.

 Vous êtes originaire de Tokombéré dans l’Extrême-Nord, avez-vous l’impression que les populations de cette localité adhèrent au projet de renaissance du Cameroun ?

 Je suis un vice-président. Ce n’était pas une faveur que le parti m’a fait. La délégation qui est venue de l’Extrême-Nord, du Nord, de l’Adamaoua, était substantielle par rapport au nombre de participants à la convention. Je peux mobiliser près de 20 000 personnes dans mon fief politique. Le MRC a eu combien de voix ? Ce que le Rdpc dit c’est qu’il a eu plus de 1000 voix. Ces voix sortent d’où ? Alors qu’on sait que tout le monde a fui Kolofata.

Dans votre localité, les chefs ont un pouvoir absolu sur les populations. Comment les gens seraient-ils capables d’aller à l’encontre du mot d’ordre d’un lamido ?

Les chefs ont ce pouvoir sur ceux qui l’acceptent. Je ne peux pas être assujetti à un chef qui viole. Je vous dis, je n’aime pas les chefferies du grand Nord telles qu’elles sont. Ce sont des chefferies qui exploitent des jeunes filles de 13 ans. Les parents prennent leurs filles de 13 ans et les donnent aux chefs pour avoir la grâce aux yeux de ces chefs. Sur le plan humain, c’est inacceptable. Je le dis et j’assume ; les sultanats sont les piliers de la dictature du Cameroun. Vous connaissez ce qui se passe à Rey-Bouba ? Sur chaque sac de mais que vous produisez, on vous prélève la somme de 1000 Fcfa. C’est une République dans une République. Pourquoi devons-nous nous taire devant ce genre de dérives ? On défile dans le Mayo-Rey, on vient arracher les cartes de tous ceux qui ont défilé pour dire que Baba [le lamido, Ndlr] n’a pas dit. Baba c’est qui dans une République ? Cavaye avait 08 bureaux de vote devant sa chefferie. Il a fait venir des réfugiés qui étaient affamés et leur a dit :  » si vous votez, je vous donne votre ration alimentaire « . Sur le plan sociologique, sur le plan humanitaire, c’est une infraction très grave.

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 Comment réagirait le MRC si en juin, le président de la République convoquait le corps électoral en vue des législatives et municipales ?

Déjà, le hold-up que nous dénonçons n’est pas seulement celui du 07 Octobre 2018. Il y’a eu des hold-up et il y’en aura encore si rien n’est fait. Il y’a eu le 07 Octobre, il y’en a eu avant. En 1990, monsieur Biya n’a pas gagné. Avons-nous peur de le dire ? Chez moi, c’est le Sdf (Social Democratic Front) qui avait gagné. Tout cela parce qu’on voulait faire barrage à l’Undp (Union national pour la démocratie et le progrès). Et qu’est-ce qui s’est passé ? Monsieur Biya a volé. Si on ne fait rien, il va continuer à voler. Mais, ce n’est pas lui de toute façon. Ce sont les autres qui sont en train de préparer une succession dynamique. Il faut que les médias camerounais qui ont encore en eux cette parcelle de justice et d’équité parlent au peuple camerounais. Nous sommes en train d’aller tout droit dans le mur. Lorsqu’on nous endette à un rythme où l’insolvabilité du Cameroun est mise en jeu, ça ne va pas seulement faire mal aux partisans du MRC. Nous devons défendre notre intérêt commun. La terre promise c’est le Cameroun. Que faisons-nous de cette terre ? Nous l’avons laissée entre les mains des bandits. Ils ne méritent aucun respect. Ils ont mis le Cameroun et les Camerounais au niveau des besoins primaires, c’est-à-dire manger, boire et dormir. Or, l’homme doit penser à l’expression de soi. Mais, pour peu qu’on donne 1000 Fcfa à un Camerounais, il vilipende sa famille. On a vu avec Momo, qui rappelle des points sombres de l’humanité pour pouvoir obtenir un poste. C’est aberrant et exaspérant.

Est-ce que vous irez aux élections législatives et municipales si le président de la République décidait de convoquer le corps électoral dans les prochains mois ?

 Nous irions. Vous savez pourquoi ils arrêtent le président Kamto ? C’est parce que là où Paul Biya ira voter, le MRC gagnera la commune. Je suis venu défier le régime de monsieur Biya. Si je repars de Yaoundé sans qu’ils ne m’arrêtent, ses satrapes et lui, alors ils sont des lâches. Le Plan National de Résistance continue. Je l’ai dit, on va le relancer. La prison est faite pour les hommes. Que monsieur Biya qui n’a pas consolidé l’outil de sa dictature sache qu’il faut construire des prisons parce que sa dictature sera balayée dans les prochains jours. Nous n’allons pas laisser ça. Nous allons marcher et il va nous mettre en prison.

La campagne d’adhésion massive au MRC que vous avez lancée au plan national porte-t-elle des fruits ?

Nous recrutons chaque jour. Cette campagne est prévue à Yaoundé, à Bafoussam, à Douala. J’irai d’ailleurs à Douala pour dire aux gens que nous défendons notre survie. Peut-être que nous ne l’aurons pas. On ne vit plus la quarantaine passée. On se maintient pour les enfants. Ce que nous faisons c’est pour la postérité. Je vous assure, si nous ne faisons rien, collectivement nous allons mourir. Si on ne m’arrête pas, c’est parce qu’ils sont lâches. L’objectif du régime était d’arrêter ceux qu’on voit tous les jours pour faire croire que le MRC se bâtit uniquement autour d’eux


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