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Jean-Michel Nitcheu : « Les termes allogènes et autochtones ont de tout temps constitué le carburant qui permet à M. BIYA de diviser les camerounais »

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Le 14 aout 2020,le ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières a signé une décision suspendant provisoirement le contrat de bail entre Neo-Industry et l’État du Cameroun, dans la Vallée du Ntem.

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Jean Michel Nitcheu (c) Droits réservés 

 

Dans sa correspondance adressée au Préfet de ce département situé dans la région du Sud, Henri Eyebe Ayissi écrit : « J’ai l’honneur de vous faire connaître que j’ai décidé de suspendre, jusqu’à nouvel avis, les effets du contrat de bail provisoire signé le 27 mars 2020, entre l’État du Cameroun et la société Neo Industry S.A pour le développement des plantations cacaoyères aux lieux-dits Nlono, Messama et Zaminkan, département de la Vallée du Ntem, région du Sud, conformément aux recommandations pertinentes du rapport issu de vos concertations, dans l’optique de l’apaisement des esprits et de recherche d’un consensus positif et dynamique avec les populations locales dans le dossier », peut-on lire.

Le député du Social Democratic Front, Jean Michel Nitcheu dans une sortie sur les réseaux sociaux a interprété le conflit qui divise dans la Vallé du Ntem.

Lebledparle.com vous invite à lire la publication du député.

Le ministre des domaines, du Cadastre et des affaires foncières vient de prendre la décision lourde de conséquences de suspendre le contrat de bail entre NEO-INDUSTRY et l’État du Cameroun.

De prime abord, il convient de se poser les questions suivantes Jean Michel Nitcheu

A-t-on consulté au préalable les populations riveraines avant la concession de ces terres comme le prescrit la réglementation en vigueur ? Les procédures légales pour le contrat de. Bail sur leurs terres ancestrales ont-elles été respectées ? Ceux qui devaient être déguerpis ont-ils été dédommagés conformément aux dispositions légales en la matière ? N’y a-t-il pas eu des mafias qui se sont incrustées dans cette affaire au mépris des intérêts des populations locales qui sont fondées de réclamer des compensations diverses du fait de cette concession ? Voilà un ensemble de questions auxquelles des précisions méritent d’être apportées par ceux qui agissent dans ce dossier au nom de l’État du Cameroun.

Si ces préalables n’ont pas été respectés, le moins que l’on puisse dire est qu’on ne saurait concéder des dizaines de milliers d’hectares de terre sans tenir compte des populations.

Cette affaire de terres dans la vallée du Ntem étale à la face du monde les maux qui minent notre pays à savoir la mal gouvernance jacobine sur fond de tribalisme et de haine ambiante.

Tout en condamnant fermement les propos tribalistes et xénophobes tenus ouvertement et en toute impunité par un chef traditionnel de ce département, il faudrait comprendre la colère des populations de la vallée du Ntem.

Si tous les domaines privés du Cameroun sont la propriété de l’État, le principe de la gestion participative des affaires de la cité commande systématiquement que les populations soient associées à la gestion globale de tout ce qui concerne leur environnement. Le gros péché que le gouvernement doit s’abstenir désormais de commettre est de gérer les affaires de la cité sans l’avis ou le consentement des populations locales.

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La conséquence de ce diktat est ce cafouillage observé qui expose une fois de trop les incongruités de ce régime ultra centralisé qui pense qu’on peut par force administrer un pays exclusivement à partir du sommet sans tenir compte du peuple qui détient le véritable pouvoir. Nos gouvernants s’obstinent malheureusement à ne pas se rendre à l’évidence que le pouvoir est au peuple et non ailleurs.

Là où le bât blesse dans cette affaire de concession des 66.000 hectares de forêt dans la vallée du Ntem, ce n’est pas tant la superficie concédée mais plutôt le tribalisme, la haine proclamée et la xénophobie dont font montre certains dignitaires de ce département qui n’ont eu de cesse d’instrumentaliser les populations. L’attitude du ministre des domaines et du Cadastre qui a fini par céder aux menaces est également fort questionnable…

Il me souvient que l’Institut américain John Hopkins a révélé il y a moins d’un an que l’État du Cameroun a accordé des concessions de terres d’une superficie totale de 105.000 hectares aux Chinois…

Pour quelles contreparties ? Pas une seule réaction du régime de Yaoundé. Les groupes Castel et Vilgrain, dans le cadre du rachat de la Sosucam, ont bénéficié d’une concession de 50.000 hectares de terres à Nkoteng et a Mbandjock.  Pas une seule réaction des populations locales. Pas un seul cri d’orfraie enregistré par ceux qui s’indignent aujourd’hui. Que dire des centaines de milliers d’hectares de la PHP ? Silence assourdissant.

Ce qui est marrant dans cette affaire est que la Société NEO-INDUSTRY – qui dispose déjà d’une usine de transformation de cacao à Kekem dont l’investissement est évalué à 50 milliards FCFA – n’est pas la seule concernée par cette concession de forêts autorisée par l’État.

Sont également citées dans ces espaces de forêts d’autres entreprises notamment l’entreprise PAC à capitaux ivoiriens mais qui en réalité a pour principaux actionnaires un conglomérat de personnes dont l’appartenance à une même aire géographique saute à l’œil. PAC a bénéficié de plus de 30.000 hectares sur les 66.000 de forêts concédées.

Alors qu’elle ne dispose même pas à l’instar de NEO-INDUSTRY d’une usine de transformation de cacao. Il est tout de même curieux que cette entreprise ainsi qu’une autre bénéficiaire d’une parcelle des 66.000 hectares de forêts concédés ne soient pas visés par l’arrêté du ministre des domaines et du cadastre. Veut-on faire croire aux camerounais que les griefs portés contre NEO-INDUSTRY sont différents de ceux des autres entreprises bénéficiaires de la concession globale de 66.000 hectares ?

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Le seul tort manifeste de NEO-INDUSTRY est que son promoteur est un originaire de la région de l’Ouest. Les émeutes de Sangmelima sont encore présentes dans la mémoire collective. Aucun assaillant n’a été sévèrement sanctionné après les violences perpétrées contre les ressortissants de l’Ouest dans cette ville Même pas une condamnation symbolique.

Il devient évident que le fond de cette affaire de suspension des effets du contrat de bail entre l’État du Cameroun et la Société NEO-INDUSTRY se résume en deux mots inscrits dans la Constitution de la République à savoir « allogènes » et « autochtones ». Ces deux termes hautement nocifs pour notre vivre ensemble ont de tout temps constitué le carburant qui permet à M. BIYA de diviser les camerounais pour assurer sa longévité au pouvoir.

Au demeurant, quel que soit le bout par lequel on prend cette affaire, c’est une honte pour le régime de Yaoundé. C’est la honte absolue. Cette affaire expose la cacophonie, le cafouillage et la médiocrité observés dans l’administration quotidienne de notre pays. Cette décision provisoire de suspension de, si elle devient définitive, sera forcément une grosse perte pour les populations et pour le développement économique de notre pays.

Un très mauvais message envoyé aux potentiels investisseurs nationaux et surtout étrangers avec comme conséquence désastreuse pour notre économie qu’il y ait de forts risques que les banques ainsi que investisseurs étrangers n’injectent pratiquement plus leurs capitaux dans les projets portés par nos hommes d’affaires. Il y a lieu de rappeler que le projet agricole de la vallée du Ntem occupe à la base une part très importante dans l’échelle de valeurs contenues dans le business plan de NEO-INDUSTRY. 

Les procédures de concession de ces forêts doivent être reprises afin que toutes les parties concernées accordent leurs violons et trouvent leur compte dans un partenariat gagnant-gagnant. Et c’est possible. Sauf si tout est mis en œuvre par le puissant lobby mondial du chocolat pour entretenir justement un blocage permanent afin que le projet de transformation sur place du cacao ne puisse jamais se réaliser dans notre pays. Cette dimension virtuellement périphérique et sans doute surpuissante n’est pas à exclure dans le contexte mondial actuel. Il n’est de secret pour personne que le régime de M. Biya est prêt à tout céder pour demeurer au pouvoir

Hon. Jean Michel NINTCHEU

Député du SDF à l’assemblée nationale.


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