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Cabral Libii: « Paul Biya ne peut pas gagner. L’élection va se jouer entre Maurice Kamto et moi »

Cabral Libi Intw

Dans une nouvelle interview, le candidat du parti Univers à la présidentielle revient sur les enjeux de cette éléction 2018 qui tient en haleine le Cameroun depuis plusieurs semaines.


Cabral Libi Intw
Cabral Libii lors du dépot de sa candidature à Elecam – DR

Chez Jeune Afrique, Cabral Libii se dit persuadé de battre le chef de l’État sortant Paul Biya mais aussi Maurice Kamto. Il revient aussi sur la non volonté du pouvoir en place de résoudre la crise dans les zones anglophones, qui «  sont des zones qui ne lui sont de toute façon pas favorables. » Interview.

Depuis les années 1990, on n’avait pas observé un tel intérêt des Camerounais pour la présidentielle. Comment l’expliquez-vous ?

 Beaucoup ne soupçonnaient pas un tel engouement. On disait que les Camerounais ne s’intéressaient plus à la politique. Mais il faut bien comprendre que c’est aux hommes politiques de susciter l’intérêt. C’est ce que j’ai voulu faire en apportant du sang neuf et en essayant de les convaincre que nous pouvions supprimer le verrouillage politique qui existe actuellement.

Depuis le début, je répète que le plus important est de faire en sorte que le maximum de citoyens s’inscrivent sur les listes électorales. Nous avions besoin d’un raz-de-marée et je crois que nous sommes en passe de l’obtenir. Bien sûr, c’est David contre Goliath. Nous sommes face à un parti au pouvoir qui peut utiliser l’argent public. La clé, c’est donc le raz-de-marée populaire. Paul Biya a l’argent mais il n’a pas le peuple.

Le format de l’élection, à un seul tour, n’est pourtant pas favorable à l’opposition, surtout si elle n’a pas réussi à s’unir…

Bien sûr, l’opposition aurait pu faire davantage bloc. Nous aurions pu mener des actions communes pour pousser le peuple à s’inscrire encore plus massivement. Nous serions plus forts aujourd’hui. Même si nous nous présentions en rangs dispersés, nous aurions pu avoir des représentants communs dans les 23 000 bureaux de vote pour ramener les procès-verbaux, mettre en ligne nos résultats et prouver, documents à l’appui, notre victoire. Malheureusement, nous ne sommes pas encore parvenus à nous entendre.

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Comment expliquez-vous que l’opposition ne soit pas parvenue à s’unir, alors que les négociations ont été entamées voici des mois ?

J’ai parfois l’impression que certains candidats sont liés par l’argent à ceux qui les ont financés. Ils ont peut-être pris des engagements auxquels ils ne peuvent pas renoncer aujourd’hui. Il y a également le problème de l’âge. Les candidats Akere Muna et Maurice Kamto se présentent pour la première fois à plus de 65 ans. C’est peut-être la dernière chance pour eux.

Avoir plus de 70 ans n’est pas forcément synonyme de retraite politique au Cameroun…

Je crois que le dernier ancêtre qu’on aura au palais présidentiel sera Paul Biya. C’est le dernier des Mohicans.

Comment comptez-vous incarner ce nouveau Cameroun que vous appelez de vos vœux ?

Je veux avant tout un Cameroun qui protège. Aujourd’hui, il n’y a pas de système de santé, pas d’appareil judiciaire indépendant, pas de protection du citoyen… En réalité, l’État est absent, en dehors de la levée de l’impôt. Il faut changer cela. Je souhaite écrire un nouveau contrat social avec les Camerounais.

Dans l’emballement des indépendances, nous ne nous sommes pas posés ces questions : qui sommes-nous et où allons-nous ? Nous sommes une mosaïque de peuples et la seule chose qui nous réunit, c’est notre nationalité. Si nous ne nous accordons pas sur le pourquoi de notre vivre-ensemble, comment en tirer une quelconque prospérité ? Nous avons besoin d’une démocratie de proximité.

Faut-il revoir la forme de l’État et aller, comme plusieurs candidats le proposent, vers un fédéralisme ?

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Nous sommes asphyxiés par l’hypercentralisation. Il n’est pas normal que la moindre broutille doive être réglée par un ministère à Yaoundé, surtout quand vous avez un président qui ne réagit jamais à rien.

Il faut régionaliser le Cameroun, permettre aux régions de s’autogérer dans des domaines bien précis. Le régionalisme nous permet d’engranger les bienfaits du fédéralisme tout en évitant ses effets pervers, et notamment la superposition institutionnelle. Nous devons également sortir de la captivité de la division français/anglais. Imposons une révolution linguistique et faisons de nos langues nationales des langues officielles.

La présidentielle peut-elle se tenir dans les régions anglophones ?

Non. Il y a des zones où il n’y aura pas d’élection. À certains endroits, il n’y a plus rien. Les symboles de l’État ont été détruits et il n’y a que des militaires. Le vainqueur de la présidentielle ne sera donc pas élu par tout le pays. Le pouvoir en place n’a pas voulu régler la question à temps et on peut le comprendre : ce sont des zones qui ne lui sont de toute façon pas favorables.

Vous avez évoqué John Fru Ndi, chef de file du Social Democratic Front (SDF, opposition), qui avait selon vous remporté la présidentielle en 1992. En quoi 2018 peut-elle être différente ?

Il y a plus d’inscrits et plus de moyens de contrôle. Encore une fois, nous devons surtout nous atteler à prouver notre victoire, sur la base des procès-verbaux. Paul Biya ne peut pas gagner. Donc, je peux me tromper, mais je pense que l’élection va se jouer entre Maurice Kamto et moi-même.

© Entretien Avec Jeune Afrique


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