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Antonio Conceicao : «On n’a pas de joueur capable de faire la différence, comme Samuel Eto’o ou Roger Milla»

antonio conceicao Lions

De passage en France pour superviser les Lions indomptables de Ligue 1, Toni Conceiçao a accordé une interview au journal Ouest France. Le technicien portugais s’est ainsi exprimé au sujet de sa méthode, qualités et limites de son effectif, non sans afficher sa volonté de poursuivre son aventure à la tête de l’équipe du Cameroun jusqu’à la Coupe du monde 2022.

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Toni Conceiçao (c) Droits réservés

Vous avez repris la sélection il y a deux ans. Qu’avez-vous changé pour la remettre sur la voie du succès ?

Depuis notre arrivée, on avait fait le constat qu’il manquait un projet à long terme. On n’a cessé de le répéter et d’y travailler. Si le Cameroun veut retrouver sa force passée, il doit intégrer les jeunes au pays et développer la formation. La sélection U23 a ainsi disputé la CAN en Égypte en 2019 et n’a fait aucun match depuis. On se heurte à une absence de continuité. J’ai toujours 6 à 8 joueurs U23 pour préparer le futur de la sélection et du foot camerounais.

Vous avez aussi observé beaucoup de joueurs depuis votre arrivée. Qu’en est-il ressorti ?

On a analysé le potentiel de plus de 60 joueurs. Certains étaient habitués de la sélection, d’autres ne l’ont jamais été car il n’y avait pas forcément ce travail de repérage. On avait besoin de cerner les joueurs susceptibles d’intégrer la sélection. On a aussi appelé cinq joueurs évoluant au Cameroun. C’était un message affirmant que la porte de la sélection est ouverte à tous ceux qui travaillent dur pour l’intégrer.

Léa Siliki (Rennes), Billong (Clermont) ou Neyou (Saint-Étienne) ont rejoint la sélection. Comment avez-vous convaincu les bi-nationaux ?

C’est un travail de suivi et de dialogue, qui perdure au-delà des stages, où on dispose de peu de temps. On a établi un contact permanent avec les joueurs. A ce niveau, il est primordial de créer une dynamique de groupe et d’insuffler une culture de la gagne. D’où l’importance d’avoir un projet. On a réalisé un important travail de planification, d’organisation et de logistique afin de gagner en rigueur. Les joueurs doivent pouvoir se concentrer sur le terrain, le reste, comme les voyages, ne doit pas être un obstacle.

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Les qualifications pour la coupe du monde et l’organisation de la Can à domicile constituent aussi des arguments ?

Oui, mais le meilleur argument, c’est le bouche-à-oreille entre les joueurs. Ils savent que le staff est plus proche de leurs préoccupations, que les conditions de travail s’améliorent. L’arrivée de nouveaux joueurs le démontre et injecte de la concurrence. On a mis en place une dynamique positive. Ils sentent que les choses changent et c’est primordial.

Le Covid a perturbé les regroupements. Quelles conséquences a eu la pandémie sur votre travail et comment avez-vous fait face ?

Il a interrompu la continuité dans le travail avec des matches annulés, des stages reportés. Ça nous a contraints à un travail de reprogrammation. Le positif, c’est qu’on a eu plus de temps pour mieux connaître et observer les joueurs

La Fédération a aussi fixé des objectifs élevés ?

Élevés et ambitieux, mais je les assume. « Je connais la valeur de mon travail »

Ça ne vous a pas fait peur ?

(Il rit). Clairement non car je connais la valeur de mon travail. J’ai confiance. Ce qui ne veut pas dire qu’on est indifférent à la pression. On la prend en compte. Je mesure l’importance du foot pour le peuple camerounais, et encore plus avec l’organisation de la CAN. Qu’on gagne ou qu’on perde, il y a toujours des critiques.

Vous avez obtenu une régularité dans les résultats. Vous avez trouvé votre style ?

Il y a encore du chemin à effectuer. Les résultats sont positifs et notamment les deux dernières rencontres face au Nigéria, mais il reste du travail pour arriver là on veut aller. La force de la sélection, c’est l’équipe et son état d’esprit. Plus qu’une individualité, c’est le collectif qui prime. Contrairement au passé, on n’a pas de joueur capable de faire la différence, comme Samuel Eto’o ou Roger Milla.

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La Ligue 1 comptait 7 joueurs lors du dernier rassemblement. C’est un des principaux viviers d’observation ?

C’est un championnat très fort et c’est positif d’avoir beaucoup de Camerounais à le disputer. Ça permet d’avoir des joueurs compétitifs au haut niveau.

Vous avez relancé le Nantais Jean-Charles Castelletto. Que vous apporte-t-il ?

C’est un joueur très important, de par son intelligence. Ce n’est pas un shérif qui fait de la force son arme. Il sait très bien lire le jeu et offre des qualités de vitesse. C’est important que les deux centraux soient complémentaires pour avoir un bon équilibre entre l’agressivité et le placement.

Avec Choupo-Moting, Toko-Ekambi ou Aboubakar, la concurrence est vive en attaque. En quoi le profil de l’Angevin Stéphane Bahoken vous intéresse ?

L’attaque est un point fort quand tous les joueurs travaillent très bien ensemble… Ça s’est vu contre le Rwanda (0-0), où on a manqué d’efficacité. Par rapport à Aboubacar et Choupo- Mouting, qui évoluent davantage entre les lignes, Bahoken offre de la profondeur. Il peut aussi aller jouer dans les secteurs plus larges du terrain et il est très fort dans le jeu de tête. C’est aussi un joueur très agressif, qui résiste aussi à la pression. Et dans un jeu où on s’efforce d’effectuer un pressing haut, il est important pour l’équipe

Vous êtes certain d’aller à la Can ?

Je veux la jouer et qualifier le pays à la coupe du Monde. C’est un prestige de les disputer. Je serai au Cameroun cette semaine et ça sera un des dossiers qu’on abordera.

 


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