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[Tribune] Paul Mahel : « on tente de nous faire comprendre que lorsqu’un pays fait face à une rébellion, il vaut mieux que les militaires prennent le pouvoir pour en assurer la stabilité »

M Deby

Le journaliste Paul Mahel a publié une tribune le dimanche 09 mai 2021 sue facebook dans laquelle elle parle de démocratie et de stabilité. Pour lui, concernant certaines situations politiques, on met la démocratie de côté et on privilégie la prise du pouvoir militaire au nom de la stabilité et de la sécurité.


M Deby
Mahamat Idriss Deby Itno – DR

Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la tribune.

DÉMOCRATIE Vs STABILITÉ

Le 23 Décembre 2008,  Aboubacar Somparé, alors  Président de l’Assemblée nationale de Guinée Conakry, annonce à la télévision que le Président de la République Lassana Conté  est mort la veille, des suites d’une longue maladie. Le Président Conté, au pouvoir depuis 1984, décède alors que le pays traverse une énorme zone de turbulences, marquée par des revendications sociales et par une grogne dans les rangs de l’armée depuis le mois de Mai de la même année. 

Le lendemain de cette annonce, un groupe d’officiers se présentant sous le nom de Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD), conduit par un certain Moussa Daddis Camara, annonce à la radio, la dissolution du gouvernement et de la Constitution du pays. Le Capitaine Daddis Camara s’autoproclame président de la République, alors que le successeur constitutionnel était le Président de l’Assemblée nationale. Dès sa prise de pouvoir Daddis Camara fait de la lutte contre le trafic de narcotiques dans la sous région, son cheval de bataille. Ce qui qui lui vaut le soutien des Nations unies et même de certains pays d’Afrique de l’Ouest dont le Sénégal, dirigé à l’époque par Abdoulaye Wade. Il recevra d’ailleurs en Août 2009, l’oscar du Mérite du Conseil international des manageurs africains (CIMA) pour son combat contre les narcotrafiquants et pour la moralisation économique. La communauté internationale et l’union Africaine semblent ainsi fermer les yeux sur le coup d’état et le renversement de l’ordre constitutionnel au nom de la stabilité du pays et de la lutte contre le Narcotrafic.

Pour approfondir :   Wilfried Ekanga : « C’est cette tribu là (...) que nous devons combattre »

Un mois plus tard, le 28 Septembre 2009, lors d’un meeting organisé dans l’enceinte du plus grand stade de Conakry, l’armée guinéenne tire à balles réelles sur les manifestants, occasionnant 157 morts selon les ONG, qui font aussi état de milliers de blessés et de nombreux viols. Commence ainsi la descente aux enfers du Capitaine Président. Trois mois plus tard, le 3 décembre 2009, Moussa Dadis Camara se rend dans un camp militaire où son aide de camp, Aboubacar Sidiki Diakité, va lui tirer à bout portant une balle dans la tête.

Ce récit n’est pas sans rappeler ce qui se passe aujourd’hui au Tchad. Le Président est décédé, un groupe d’officiers annonce à la télévision nationale la dissolution de l’Assemblée nationale, de la constitution et du gouvernement, et consacre le fils du défunt comme Président de la junte et de fait, chef de L’Etat.  Ce n’est ni plus ni moins qu’un coup d’état.  Un renversement de l’ordre constitutionnel dans un pays démocratique que tout le monde (La France en tête) semble vouloir légitimer au nom de la stabilité du pays, ce dernier faisant face à une colonne de rebelles venue de la Libye voisine et fonçant sur N’Djamena depuis le mois de Février.

En gros on tente de nous faire comprendre que lorsqu’un pays fait face à une rébellion ou entre en guerre il vaut mieux que les militaires prennent le pouvoir pour en assurer la stabilité et la sécurité. Quelqu’un m’a même dit hier dans une de mes publications, qu’en temps de guerre il faut dissoudre les institutions et la constitution.

 Et je me suis donc rappelé que le Cameroun mon pays, est en guerre et sur trois fronts. Boko Haram dans l’extrême Nord, l’Ambazonie dans le NOSO et les Rebelles centrafricains qui frappent à la porte à l’Est. Depuis quelques mois, il se murmure qu’une rébellion militaire serait en gestation dans l’Adamaoua.

Malgré ces multiples fronts endogènes et exogènes,  il ne viendrait à l’idée de personne, de suggérer un seul instant que l’armée prenne le pouvoir au Cameroun. Parce qu’ici comme partout dans le monde, Les forces armées représentent les différentes organisations et moyens militaires qu’un État consacre à la mise en œuvre de sa politique de défense. Leur mission première est d’assurer la sécurité de l’État, la défense de ses intérêts et la protection de ses populations et territoires vis-à-vis d’une menace extérieure ou intérieure. Et pour accomplir cette mission elle n’a pas besoin d’être au pouvoir.

« La guerre est une chose trop grave, pour être confiée à des militaires ».

Georges Clemenceau


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