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Crise en république Centrafricaine: que faire maintenant ?

Centrafrique crise
Un rebelle dans le nord de la République de Centrafrique. (Photo : hdptcar / Source : Flickr / CC).

Centrafrique crise

Rien ne semble pouvoir arrêter la folie meurtrière en Centrafrique. La nouvelle présidente Catherine Samba-Panza, impuissante, multiplie les appels au secours à l’Onu, à la France et à ses voisins. Le ministre de la Défense français se rend à Bangui le 12 février.

Ceux qui croyaient que la Centrafrique avait tourné la page de la chienlit avec le départ de Michel Djotodia doivent déchanter.Certains Centrafricains donnent de plus en plus libre cours à leur instinct en massacrant d’autres Centrafricains sur la base de considérations confessionnelles. Cette situation généralisée de chasse aux musulmans a mis sur la route de l’exil plusieurs milliers de Centrafricains et d’étrangers, aggravant ainsi la situation humanitaire qui, déjà, était au bord de la catastrophe. Face à une telle situation inédite caractérisée par un désir inextinguible de violence, une question se pose : comment en est-on arrivé là ?


Du conflit politique au conflit confessionnel

Ce déchaînement de la vendetta constitue un véritable pied de nez à celle qui avait placé son mandat sous le signe de la réconciliation nationale et de la lutte contre l’impunité. En effet, l’on a l’impression d’être dans un rêve qui, malheureusement, est en train de tourner au cauchemar. Les Centrafricains ont réussi le tour de force de transformer un conflit initialement politique en conflit confessionnel dont la gravité rappelle celle de la guerre confessionnelle qui avait déchiré le Liban dans les années 1970.

L’acte le plus symbolique de cette animosité religieuse est le lynchage à mort d’un Centrafricain de confession musulmane en pleine cérémonie de célébration de la renaissance des forces armées centrafricaines, à laquelle assistait la ”dame de vertu” Catherine Samba-Panza. La situation est d’autant plus inacceptable et révoltante que certaines exactions se passent sous les yeux des forces africaines et françaises présentes sur le sol centrafricain.

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Complaisance française ?

A ce propos, l’on a l’impression que les Forces françaises de l’opération Sangaris n’appliquent pas à la milice chrétienne anti-balaka, la même fermeté qu’elles ont pu opposer aux éléments incontrôlés de l’ex-Séléka [Rebéllion musulmane]. Certes, chaque camp a des cadavres dans ses placards, mais il faut reconnaître que la plupart des exactions constatées aujourd’hui en Centrafrique sont le fait des anti-balaka qui ne se gênent même plus pour commettre leurs forfaits à visage découvert.

Même si cette milice peut être perçue comme une réponse aux exactions de l’ex-Séléka qui, il faut le dire, a traumatisé les Centrafricains, la nouvelle donne politique, marquée par le départ de Michel Djotodia et l’avènement de Catherine Samba-Panza, commande que tous les mouvements qui prônent la haine et la violence soient purement et simplement éradiqués par les armées africaines et françaises dépêchées au chevet de la Centrafrique.

Actionner la CPI

La tâche de pacification de la Rca [République centrafricaine] ne sera pas aisée, mais elle n’est pas impossible. Toutes les forces de pression et de dissuasion doivent être mises à contribution, y compris la CPI [Cour pénale internationale] qui vient d’annoncer son intention de prendre en charge les questions d’atteinte aux droits humains qui pourraient relever de sa compétence.

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La milice anti-balaka, qui donne l’impression d’opérer ses forfaits en toute impunité, a certainement mis à profit les dérives meurtrières des ex-Séléka, pour exacerber dans le pays le sentiment anti-tchadien. De manière collatérale, ce sentiment se traduit sur le terrain par des attitudes visiblement hostiles à l’encontre des Centrafricains d’origine tchadienne, qui dans leur écrasante majorité sont de confession musulmane. En cela, les Centrafricains se trompent de combat.

Refonder une nouvelle Centrafrique

L’heure devrait plutôt être à la mobilisation de toutes les forces vives du pays autour de Catherine Samba-Panza pour la renaissance démocratique de la Centrafrique. Seule cette perspective est susceptible de rendre inopérantes toutes les velléités rétrogrades fondées sur les stigmatisations ethniques et religieuses. Cette nouvelle Centrafrique démocratique et laïque doit émerger contre vents et marées.

Pour y arriver, les Centrafricains auront certes besoin de l’accompagnement de la communauté internationale, mais l’essentiel du travail leur revient au vu de la situation d’ensemble de la sous région. Une situation caractérisée par l’indifférence pathologique des uns et les préoccupations domestiques des autres, qui font du drame centrafricain le cadet des soucis de Yaoundé [Cameroun] et de Kinshasa [République démocratique du Congo]. 


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