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Père Ludovic Lado : « La fin du régime Biya est proche »

Le President Camerounais Paul Biya

Comme tous les dimanches, le Prêtre Jésuite Ludovic Lado a proposé à ses lecteurs sa chronique dominicale sur les textes du deuxième dimanche de l’Avent, année liturgique « A ». L’homme de Dieu pense que la fin du régime de l’actuel locataire d’Etoudi est proche. Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la chronique.


Le President Camerounais Paul Biya
Paul Biya – DR

UN REJETON JAILLIRA DES RACINES…

Mais il faut d’abord que la souche pourrisse! « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est proche » (évangile) crie Jean-Baptiste ! Se convertir, c’est devenir une meilleure version de soi-même, plus proche de l’original divin. Les Africains en général et les Camerounais en particulier rêvent aujourd’hui d’un nouvel ordre politique et social, la version tropicale du royaume des cieux. Il est en effet tout proche au Cameroun, car la fin imminente du régime Biya donne une chance à l’instauration du royaume des cieux, le royaume de justice. Mais seulement, n’y entreront que les convertis. Se convertir c’est abandonner l’ordre de l’injustice pour embrasser l’ordre divin de la justice.

La fin du régime Biya est proche, disais-je, car « tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu » (évangile). C’est alors qu’« un rameau sortira de la souche » … «un rejeton jaillira des racines » du Cameroun pour inaugurer le nouvel ordre social en gestation. Oui, parmi les vingt-quatre millions de Camerounais, il y en a au moins un qui peut faire mieux qu’Ahidjo et Biya. Alors, « préparez le chemin…rendez droits ses sentiers » (évangile). Et, un jour, la providence divine le fera émerger. En attendant, nous faisons nôtre la prière du psalmiste de ce dimanche : « Dieu, donne au roi tes pouvoirs, à ce fils de roi ta justice. Qu’il gouverne ton peuple avec justice, qu’il fasse droit aux malheureux ! En ces jours-là, fleurira la justice, grande paix jusqu’à la fin des lunes ! Il délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours. Il aura souci du faible et du pauvre, du pauvre dont il sauve la vie » Voilà notre prière, voilà notre espérance qui nous donne la force de persévérer.

En effet, pourquoi lisons-nous les livres saints ? Pour persévérer dans l’espérance : « Frères, tout ce qui a été écrit à l’avance dans les livres saints l’a été pour nous instruire, afin que, grâce à la persévérance et au réconfort des Écritures, nous ayons l’espérance. » (Deuxième lecture). Car celui qui perd l’espérance est un candidat au suicide, surtout sur un continent comme celui de l’Afrique, surtout dans un pays comme le Cameroun où l’arbitraire politique peut à plusieurs visages, y compris la destitution d’un chef traditionnel par une autorité artificielle. Pendant ce temps, à Ndjamena, on s’interroge sur les vraies raisons de l’arrestation du militant des droits de l’homme Mahamat Nour Ahmat Ibedou. Au Gabon, Ali Bongo, très diminué, perpétue les réflexes dynastiques et positionne son fils. Face au déploiement de l’arbitraire et de l’injustice, il faut cultiver la persévérance dans l’espérance.

Ce qui me frappe dans la parole de Dieu de ce dimanche, c’est la prédominance du temps futur, surtout dans la première lecture et le psaume. Tous les verbes sont conjugués au futur, justement parce que l’Espérance se conjugue au futur : « un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur » (première lecture). Voilà notre espérance, qu’un rejeton jaillira des racines du Cameroun, de l’Afrique tout court, et « il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ». Ce rejeton ne nous viendra pas par les élections du 09 février au Cameroun. Il nous viendra par la conversion de nos cœurs et la conversion de nos institutions.

Quand on n’a pas le présent qu’on veut, on peut prier et travailler pour un futur qui n’est pas encore mais dont on rêve. Et le premier travail à faire c’est sur soi-même. C’est ce que Jean Baptiste appelle la conversion : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est proche » (évangile). Quand on change ses mauvaises habitudes, on se renouvelle et on donne la chance à son futur d’être autre que son présent. Notre futur n’est pas condamnée à être la simple répétition de notre passé, surtout quand celui-ci a été sombre. C’est bien ça le socle de l’Espérance, cette grande vertu théologale si négligée. Oui, des trois vertus théologales, la foi, la charité et l’espérance, qui entretiennent en nous la vie divine, on parle peu de l’espérance. Or, l’espérance est la ferme conviction, enracinée dans la foi et la charité, que demain sera meilleur qu’aujourd’hui.

Dans le nouvel ordre politique et social dont nous rêvons : « Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. » (Première lecture). Belle utopie qui entretient notre espérance. Bon dimanche et à dimanche prochain.

Ludovic Lado, jésuite !

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