in

Patrice Siméon Mvomo taxe certains médias de « presse du ventre et du bas-ventre »

12 mars 2020

Dans une analyse parvenue à la rédaction de Lebledparle.com, le socio-politiste s’attèle à la classification des médias camerounais. Pour lui, il est une presse républicaine, une autre à gages et une troisième qui ne pense qu’à « manger ». Notre rédaction vous livre ci-dessous l’intégralité de l’exposé de Patrice Siméon Mvomo à l’occasion de la journée mondiale de la liberté d’expression. 


12 mars 2020
Journaux camerounais (c) Droits réservés

Au Cameroun, la liberté de la presse est fille de la liberté d’expression 

La journée Mondiale de la liberté de la Presse de ce 03 Mai 2021 se célèbre sous le thème : l’information comme bien public.

La liberté de la Presse tout comme la liberté d’expression prend sa source dans l’article 19 de la « déclaration universelle des droits de l’homme » adoptée le 10 décembre 1948.

Le thème arrêté pour cette année « l’information comme bien public vient » susciter le débat sur la nécessité de débattre sur les nouveaux défis qui se posent à la liberté de la presse, à la sécurité des journalistes et de travailler ensemble à l’identification des solutions que rencontrent la presse travers le monde.

C’est la raison principale pour laquelle journalistes, membres de la société civile, autorités nationales, universitaires ainsi que le grand Public se sont réunis en Namibie du 29 Avril au 3 Mai à l’occasion de « la Conférence Mondiale de la liberté de la presse ».

Le Cameroun n’est donc pas loin de ce débat. Il est même important de rappeler que le Cameroun n’a pas attendu les recommandations adoptées lors de la 26ème session de la conférence générale de l’UNESCO de 1991 sur laquelle s’était  appuyé l’Assemblée générale des Nations unies pour faire du 3 Mai la journée Mondiale de la liberté de la Presse, pour accorder  la liberté de la presse au Cameroun. Car le Président de la République S.E Paul Biya était en avance sur le temps avec la loi N° 90/053/19 décembre 1990 sur la liberté d’association au Cameroun, qui consacre par ailleurs la liberté d’expression au Cameroun.

Parti d’une presse privée existante dans le noir, le quotient le Messager né en 1979 en est l’illustration magistrale à l’ouverture après l’arrivée au pouvoir de l’homme du 6 Novembre 1982. La loi du 19 décembre 1990 est venu creuser un boulevard pour la liberté d’expression. À son tour scellé par la Constitution du 18 Janvier 1996 qui consacre la liberté d’expression et de presse au Cameroun.

Nous n’allons pas refaire l’histoire de la liberté de la presse au Cameroun en revenant sur la libéralisation parachevée en 2004   et les abus dont sont victimes les journalistes dans l’exercice de leurs fonctions. Toute chose qui n’est pas une exclusivité Camerounaise mais universellement visible dans tous les pays de la planète, peut-être à des dimensions relativement variables.

Chaque peuple a la presse qu’il mérite. Et la presse de chaque pays est à l’image de la société dans laquelle elle vit. Au Cameroun, ils sont nombreux à   confondre liberté à libertinage, liberté d’expression à liberté d’insulter sans représailles.

Pour approfondir :   Grégoire Owona : « Il faut que les enseignants sachent qu’ils ont les droits et les devoirs »

Toujours est-il que la liberté de la presse au Cameroun est à encourager car elle sort de loin. Le nombre sans cesse croissant de journaux, de radios, de télévisions privées et publiques et la démocratisation de l’information par l’entrée des médias sociaux au Cameroun sont entre autres éléments qui démontrent à suffisance, que «la liberté de la presse au Cameroun est fille du renouveau ».

La surpolitisation de la Presse est à l’origine du visage triste qu’elle présente aujourd’hui. Même si elle l’était déjà aux premières heures de la démocratie. Mais pas à ce niveau.  

Au Cameroun la presse a plusieurs visages :

A- La presse aux ordres ;

Celle qui joue les Relais des ennemis du Cameroun de l’intérieur ou de l’extérieur. Le Ministre de l’administration territoriale Monsieur Paul Atanga Nji avait d’ailleurs comparé cette dernière « aux vendeurs d’œufs qui cherchent la bagarre ». 

Cette presse aux ordres a tourné le dos au journalisme pour se consacrer à la propagande politicienne et populiste.

Informer est le cadet de leurs soucis car le sensationnel, le populisme et le buzz sont des nouveaux critères sur lesquelles ils basent leur  pertinence . Ces derniers sont plus à la chasse des vues, des likes et un nombre élevé de commentaires que préoccupés par les missions premières du journalisme :

1- Informer

2- former

3- divertir

4- assurer la réliance sociale.

B- La presse du ventre et du bas ventre

Le plus important pour cette presse c’est manger, boire et assouvir certains plaisirs primaires. On y retrouve la presse à gages, la presse de la rue des bars et la presse des salons de thé. Elle ne sort que pour régler des comptes. Elle prend plusieurs formes presse écrite quotidiens, hebdomadaires, mensuels et annuels leur périodicité importe peu. Les chaînes de radio et de télévisions hébergent certains sans oublier ceux qui sont présents dans les médias et réseaux sociaux.   Ils sortent tous pour manger. Le respect de la déontologie, le droit à l’image, le respect de la dignité humaine et le respect de la loi n’est pas leur affaire. Ils comptent sur leurs syndicats pour appeler à leur libération quand sonne l’heure des comptes.

C- La presse républicaine

Elle est composée de journalistes patriotes et professionnels, ces derniers ne parlent pas seulement de l’homme qui déchire la presse mais aussi du visage collé sur la presse qui est déchirée. Ils informent sur la raison pour laquelle cette presse a été déchirée ou doit être déchirée.

Ils informent sur ce qui est fait par le gouvernement en faveur des populations. Ils n’informent pas seulement sur les trains qui arrivent en retard mais aussi sur les trains qui arrivent à l’heure, tout en donnant les raisons qui ont pu justifier le retard de l’un des trains. Ils remplissent encore les missions de la presses (informer, former, divertir et assurer la réliance sociale). Ils ne sont pas nombreux mais ils existent. Ce qu’il faut par contre déplorer ici c’est l’excès de zèle de certains qui les pousse parfois à relayer des contrevérités ou parfois à manipuler la vérité. Mais des faits négligeables et excusables. Contrairement à la presse aux ordres qui se retrouve très souvent en relation incestueuse avec l’ennemi.

Pour approfondir :   Gaston Kelman : « La sorcellerie dans le football ne date pas d'aujourd’hui… »

Ce que Nous pouvons dire pour finir sur ce sujet c’est  interpeller l’Etat et spécialement les organes chargés de l’organisation et de l’encadrement de la presse, de clarifier   la  définition sur  qui est ou peut être considéré comme journaliste au Cameroun?

Car le Métier de journaliste au Cameroun aujourd’hui, est pris d’assaut par ceux que j’appelle « les évadés sociaux ». Des individus sans véritable clarification qui se retrouvent du fait de la misère ambiante propulsés dans la presse.

La nécessité d’encadrer les groupes de presse qui doivent être transformés en véritable entreprises de presse où les comptes de l’entreprise ne seront plus confondus à ceux du promoteur de l’entreprise de presse se pose avec acuité

Il est important pour l’Etat de réguler ce secteur envahi par des patrons d’entreprises véreux, ces derniers ne payent ni les salaires encore moins des redevances sociales de leurs employés. Pendant que leurs employés tirent « le diable par la queue », ces patrons de presse se la coule douce et parfois leur niveau de vie contraste avec celui de leurs employés. Pour l’Etat doit avoir un œil sur les cahiers comptables de ces entreprises de presse, qui doivent afficher  patte blanche  et les comptes rassurés d’une certaine stabilité.

Et enfin revoir à la hausse jusqu’à un niveau acceptable l’enveloppe allouée à la presse camerounaise. Car comme le dit le thème de cette année : l’information comme « bien public » cela signifie que la redevance audiovisuelle ne devrait plus être uniquement une exclusivité des seules entreprises de presse publique Car les temps ont changé. Puis que « le bien public » se définit comme un bien non excluable ou sens où on ne peut pas restreindre son accès et son utilisation rien qu’à ceux qui le finance.

Bonne fête de la responsabilité, de l’éveil patriotique et du professionnalisme de la Presse à la presse Camerounaise


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Achuman

Cameroun : L’ancien Premier ministre Achidi Achu est décédé !

Bomo Zebaze

Benjamin Zebaze menace Bomo Ntimbane : « N’essaye plus jamais d’utiliser mon nom pour attirer les hommes au pouvoir »