Depuis quelques jours, des captures d’écran d’erreurs relevées dans des manuels scolaires qui seraient au programme ne cessent de faire le tour de la toile.
Selon plusieurs parents, ces erreurs étaient déjà contenues dans les manuels de leurs enfants l’année dernière. L’un d’eux a d’ailleurs affirmé que « c’est fort probable » qu’il s’agisse de fautes contenues dans les livres au programme cette année. Ce parent ajoute : « J’ai également décelé une faute l’année dernière dans le livre de mon fils du CP [cours préparatoire, ndlr]. Il faudrait que les parents prennent également de la peine pour tenir les enfants après les cours sinon hein…»
Une situation qui pousse à s’interroger sur la politique du manuel scolaire dans le pays. En effet, depuis l’année scolaire 2018-2019, les éditeurs locaux sont les plus représentés dans la liste officielle des manuels scolaires inscrits au programme. Selon des statistiques disponibles aux éditions Clé à Yaoundé, les nationaux s’en tirent avec près de 75% du marché.
Toute chose qui implique une remise en question de la fiabilité de l’édition locale des livres. Dans une tribune publiée en mars 2022 dans le journal Le Jour et écrit par le professeur Ambroise Kom (écrivain et universitaire camerounais, spécialiste des littératures africaines, principalement francophones), ce dernier formule un ensemble de critiques concernant la politique nationale du livre et du manuel scolaire sur lesquelles il convient de revenir point par point. Il est curieusement reproché aux ministères en charge de l’éducation (Minedub et Minesec) de ne pas se limiter à l’élaboration des programmes scolaires et de prendre à leur compte, l’homologation des manuels scolaires évalués par le Conseil National d’Agrément des Manuels Scolaires et des Matériels Didactiques (CNAMSMD). Il convient au préalable de rappeler le lien qui existe entre les programmes scolaires et les manuels. Un programme scolaire pourrait être comparé à une recette culinaire dont le manuel serait le plat dûment préparé, un plan architectural dont la maison bâtie est la matérialisation. Ne pas établir de correspondance entre curricula et production des manuels scolaires reviendrait à imaginer qu’on peut, par le fait du hasard ou de la chance, trouver sur le marché de l’immobilier une maison construite conformément à un plan architectural qui n’a jamais été dévoilé. Le manuel scolaire est donc un ouvrage de commande, assorti d’un cahier de charge précis et détaillé.