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Le problème de Muriel, la Reine blanche

Eric Elouga, journaliste et critique cinématographique dans une publication sur Facebook, le 16 septembre a fait une analyse détaillée du jeu d’actrice de Muriel Blanche Leumeni dans le contexte du cinéma camerounais. Il a identifié plusieurs éléments qui, selon lui, pourraient améliorer sa performance en tant qu’actrice. Ces points portent sur des aspects tels que l’incarnation des personnages, l’expression émotionnelle, l’identification du public aux personnages et la justesse du jeu. Lebledparle.com vous propose le texte intégral.

Muriel Blanche
Muriel Blanche, Actrice de cinéma - DR

Reconnaissons-le-lui, avec l’effet amplificateur des réseaux sociaux Muriel Blanche Leumeni est devenue probablement la plus grande superstar de l’histoire de notre cinéma. Elle est belle, sait prendre la lumière, passe bien à l’écran. Pour ce métier, c’est la base. Mais il y a quelque chose dans son jeu, n’en déplaise aux fans, qui en fait une actrice moyenne, même parmi ceux de sa génération. Et selon moi, ça tient en 4 points essentiels.

le défaut d’incarnation : un acteur, en cinéma comme en télévision, ne prête pas que ses traits à un personnage. Il doit également lui donner vie. Le principe même d’une bonne interprétation se mesurera dès lors aux capacités du comédien, qu’importe sa notoriété, à se faire oublier lui, au profit du personnage. A chaque personnage qui change, la façon de jouer le devrait aussi. Chez Muriel Blanche, peu importe le personnage qu’elle doit incarner, la seule chose qu’on voit à l’écran est toujours…. Muriel Blanche. Ses personnages sont écrasés à son détriment, à tel point que deux mois après avoir vu un rôle, c’est à peine si on s’en rappelle le nom. On sait juste que c’était « le film de Muriel Blanche ». La fatima avocate de 40 ans et la Passy jeune femme d’affaires de 30 ans dans Madame Monsieur, quelqu’un a-t-il vraiment vu la différence ? A sa decharge c’est un phénomène qu’on retrouve chez de nombreuses superstars comme Dwayne Johnson, Vin Diesel et quelques autres au jeu monocorde. Ça ne les empêche pas d’avoir du succès.

le défaut d’émotion : je me rappelle qu’en regardant Madame Monsieur, j’ai parfois eu envie de lâcher un « weeehhh pourquoi on lui fait subir tout ça » face au jeu de… Emy Dany Bassong, aka Sophie. On dit pourtant de la personne dans la vraie vie (je n’en sais rien je ne la connais pas personnellement) qu’elle est peu avenante. Mais c’est incontestablement une bonne actrice, justement par sa capacité à communiquer des émotions. Pour Muriel Blanche, même dans un rôle plus mélodramatique comme celui d’Aline où il lui arrive tous les malheurs du monde et où elle pleure chaque trois scènes, je n’ai ressenti ni empathie, ni même pitié. A certains moments j’ai même plutôt ri, ce qui j’imagine est l’inverse de la réaction supposée être suscitée. Voir un personnage sans être content qu’il lui arrive quelque chose de bien ou triste quand il souffre, signifie généralement que soit le personnage en question est mal écrit, soit il est mal interprété.

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le défaut d’identification : si on n’est pas dans James Bond ou dans un film de super-héros où on accepte l’idée de voir des personnages aux capacités extraordinaires, le public n’a d’empathie pour un personnage, que s’il arrive à s’identifier à lui. Des Mamie Ton, Blanche Bilongo, Batanken, Big mop, savent toucher le cœur du public parce qu’ils nous rappellent une mère, tante, belle-mère, un voisin du quartier qu’on a un jour connu. A force de vouloir la rendre toujours plus rayonnante, charismatique, femme forte, généreuse, intègre, fidèle, populaire, résiliente, brillante, altruiste et j’en passe, ceux qui écrivent ses rôles (mais aussi elle-même qui est productrice ou dans le processus décisionnel de nombre des productions où elle joue), ont fait de Muriel Blanche l’archétype de personnages hors sol, auquel très peu peuvent s’identifier. Elle arrive dans un meeting, est chaudement applaudie on ignore pourquoi, et le lendemain fait redécoller tous les sondages ? En plus de 35 ans d’existence, j’avoue ne jamais avoir croisé une telle Wonder woman.

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le défaut de justesse : dans le film Sheningans par exemple, où elle tient le rôle de la bad girl, MB a opéré une prise de risque qui pouvait être payante. Le personnage, à contre-pied de ses rôles habituels, m’a plu. Mais il a été dilué par du surjeu. Le trait toujours forcé, quand il faut savoir alterner les phases sobres et celles plus exagérées, pour offrir une palette de jeu nuancée et donc plus crédible.

Bizarrement, en revisitant sa filmographie pour écrire cette chronique, j’ai trouvé que son jeu était bien meilleur dans ses premiers sketchs, notamment dans Pakgne. J’en suis arrivé à la conclusion qu’elle gagnerait à être moins impliquée dans le processus créatif pour avoir plus de recul et donc un meilleur rendu. La question de ses partenaires à l’écran se pose aussi. De manière instinctive sans doute, MB performe mieux quand en face on lui donne bien la réplique.

 


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