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Cabral Libii : « Si vous demandez à un pauvre paysan pourquoi il échange son vote contre une sardine, il vous répondra qu’au moins on a pensé à lui…»

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Dans une tribune publiée sur ses plateformes digitales le 25 mai 2021, le président national du Parti camerounais pour la Réconciliation nationale, Cabral Libii fait un examen sur les consciences des hommes politiques au Cameroun, et donne les pistes, qui pour lui contribuent au maintien du régime Biya au pouvoir depuis 40 ans.

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Cabral Libii (c) Droits réservés

Lebledparle.com vous dévoile la tribune de Cabral Libii

DE L’ALIÉNATION POLITIQUE AU FATALISME ÉLECTORAL…

La prochaine élection présidentielle n’est plus lointaine...

Mais une question se pose :  les camerounais sont-ils prêts à garder l’échine courbée y compris face à une « succession filiale » ?

Beaucoup répondraient que c’est possible parce que nous sommes sous une dictature et que le peuple pourrait se faire massacrer en cas de révolte.

Prétexte douteux car, même si le régime est férocement répressif, il ne pourrait pas tenir devant une marée de 1 000 000 personnes, marchant à Yaoundé de la poste centrale à… Etoudi.

Une autre raison invoquée est l’utilisation par le régime d’un code électoral taillé sur sa mesure. Cela aussi ne tient que difficilement la route. En effet en 1992, il a fallu de peu pour qu’un candidat de l’opposition l’emporte sur le Président en exercice…

À l’époque, les élections étaient encore plus obscures qu’aujourd’hui. Au lieu d’Elecam d’aujourd’hui, c’étaient des sous-préfets totalement sous l’influence du pouvoir qui organisaient les élections, avec très peu d’observateurs internationaux et sans contrôle citoyen des réseaux sociaux.

Si les raisons de la répression et/ou du mauvais code électoral sont insuffisantes pour justifier le statu quo politique de notre pays, quelle arme le régime utilise-t-il pour se maintenir au pouvoir pendant ce nombre record de décennies ? À mon avis, il s’agit de l’aliénation !

De l’aliénation politique plus précisément.

L’aliénation c’est le processus par lequel un autre que soi prend le contrôle de notre conscience. C’est la dépossession de ce qui fait notre humanité à savoir, notre conscience.

Pour paraphraser le philosophe Karl Max : Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être, mais c’est leur être social qui détermine leur conscience. Ça veut dire que nous avons les idées de notre situation matérielle, sociale et environnementale ou de notre vécu historique.

Selon l’environnement où nous avons grandi, selon notre vécu, selon notre milieu social, nous n’aurons pas les mêmes idées.

Dès lors que notre conscience se construit à travers les influences qu’elle reçoit, il est évident qu’à un vécu différent, va correspondre une conscience différente.

Concrètement, 2 personnes avec des situations matérielles différentes ne pensent pas de la même façon. 2 personnes avec un traumatisme historique différent ne pensent pas de la même façon. Ça veut dire que les hommes ne sont pas si libres qu’on ne le pense. Ils pensent par rapport à ce qu’ils sont ou ce qu’ils ont vécu.

Si vous en zone urbaine, du haut de votre niveau d’éducation, votre situation matérielle intéressante, de votre accès illimité à internet, vous demandez à un pauvre paysan en zone rurale pourquoi il échange son vote contre un billet de banque ou… une sardine, il vous répondra certainement qu’au moins on a pensé à lui avec tous ces « cadeaux ».

Pour approfondir :   Calixthe Beyala : « Les écrivains ont des soucis avec des régimes dictatoriaux et tribalistes »

Que c’est mieux que les promesses de changement des autres hommes politiques qui n’ont même pas pris la peine d’arriver dans leurs villages ou qui arrivent « sans rien apporter ».

 Vous parlez donc là à une personne aliénée. Cette aliénation n’est pas de sa faute. Elle n’a même pas conscience de son aliénation. Pire, elle se croit même libre de ses choix !

Pendant une élection, vous pouvez accumuler des records d’audience dans les meetings, mais le jour du vote, les électeurs conditionnés par leur aliénation, font le choix du court terme.

 C’est pour cette raison qu’il faut toujours être compréhensif avec ces personnes. Il ne faut même pas les juger, mais travailler à les arracher de cette aliénation.

Une autre catégorie de personnes aliénées sont des gens qui ne pensent pas que leur destin dépend d’eux-mêmes.

Ils ne pensent pas qu’ils ont la solution à leurs problèmes ou que leur avenir est entre leurs mains. Ce sont des gens qui à longueur de journée espèrent la venue d’un libérateur, d’une intervention militaire étrangère, d’une mise en place d’un code électoral parfait, croient en un « sauveur » pour que le pays change de cap. Ils sont mentalement enchainés et (dés)espèrent que les dirigeants en place meurent pour sortir de la dictature. Pourtant comme on l’a vu au Tchad et Gabon voisins, le décès d’un autocrate ne sonne forcément pas la fin d’un régime…

Les plus téméraires de ces aliénés font énormément de bruits pour attirer l’attention des médias étrangers ou des puissances néocoloniales. Mais sur le fond, ils ne pensent pas qu’ils peuvent se libérer tous seuls. Ils sont esclaves dans leurs têtes.

Aliénés « sardiniques » ou aliénés « néocoloniaux » ont un point commun : Ils retardent tous la libération du peuple par la seule voie sure : Les élections !

En effet, seule la marée électorale peut faire plier un dictateur sans trop de dégâts. Cela s’est déjà produit en Afrique avec l’ancien président ivoirien Robert Guei ou l’ancien Président sénégalais Abdoulaye Wade.

Tous les dictateurs connaissent ce secret et s’emploie à tout faire pour le dissimuler au peuple.

À cet effet, ils utilisent 2 armes plus puissantes que les moyens militaires: Le divertissement et le découragement.

Le divertissement est l’arme favorite des puissants pour contrôler les masses. C’est pour cette raison que même aux pics de la pandémie du Covid-19, les débits de boisson restent ouverts. Même si le pays n’a pas d’hôpitaux ou bien que le chantier de l’autoroute Yaoundé-Douala piétine depuis 10 ans, l’argent ne manquera jamais pour construire des stades toujours plus faramineux.

Pour approfondir :   Pour Luc Magloire Mbarga Atangana : « les cours actuels du cacao, frisent l’esclavagisme»

Les réseaux sociaux sont venus encore donner un coup de pouce au pouvoir dans son offre de divertissements. À longueur de journée, les citoyens s’invectivent, discutent des sujets chronophages et s’éloignent de l’essentiel.

Le découragement est également une arme très puissante du pouvoir : On laisse diffuser par des hommes politiques à leur solde, qu’avec ce code électoral, rien n’est possible, que la France ou les USA sont des remparts infranchissables du pouvoir et que sans eux, rien n’est possible, que bientôt la succession dynastique est inévitable, que 2025 est encore loin et on a encore le temps de s’épuiser sur des sujets périphériques, que de toutes les façons, les jeux sont faits et il faut tout simplement tout accepter.

La conséquence de cette stratégie du pouvoir est la résignation électorale… voire l’abandon électoral. Par conséquent, les gens ne s’inscrivent pas sur les listes électorales. Quand ils s’inscrivent, ils ne retirent pas leurs cartes. Quand ils retirent leurs cartes, ils ne votent pas. Et ceux qui arrivent à voter ne s’intéressent pas au sort de leurs votes y compris dans leur propre bureau de votre ou circonscription électorale. Voilà la recette qui fait que le pouvoir se maintient depuis 50 ans !

Ils ont aliéné le peuple !

Pour changer cette situation, il faut désaliéner ce peuple. Il faut le sortir de la caverne. Il faut l’éduquer sans le juger, sans le brutaliser physiquement et surtout verbalement.

Sortir une personne de la caverne nécessite également de la méthode. Il faut de la patience et de la tempérance. Il faut former des leaders qui iront éduquer à leur tour les masses.

C’est pourquoi nous au PCRN, nous avons créé une académie citoyenne. Sa mission est de (ré)éduquer le peuple à la politique est aux valeurs de la République. Nous sommes conscients que ce travail peut prendre du temps. Si vous sortez une personne de l’obscurité totale de la caverne pour la lumière du soleil, vous courrez le risque de « griller » ses yeux et à la fin, il ne verra plus rien du tout ! Patience, méthode, pédagogie sont les principes directeurs de l’académie citoyenne du PCRN.

Notre objectif est d’atteindre une masse critique de leaders, capables de faire sortir notre peuple de l’aliénation.  Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons libérer plus d’énergies pour le développement vertigineux de notre pays.

Cabral Libii


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