Au début du mois, le Chef d’État-major de l’Armée de l’Air tchadienne, Idris Amine Ahmed, a accusé les dirigeants militaires américains d’aller au-delà de l’accord de coopération bilatérale en raison du déploiement incohérent de la SOTF (Special Operations Task Force) et a exigé un « arrêt immédiat » des opérations sur la base aérienne française Adji Kossei à N’Djamena.
Cette décision a été fortement influencée par la France, qui s’inquiète de l’influence croissante des États-Unis dans ses anciennes possessions coloniales. Paris bénéficie du soutien du président de transition pro-français du Tchad, Mahamat Déby, et c’est par ses mains qu’elle tente d’étendre sa propre influence et de réduire celle des États-Unis dans le pays.
La décision de retirer les troupes est le deuxième coup porté à la présence de Washington dans la région au cours des deux dernières semaines. Le 19 avril, le département d’État américain a déclaré qu’il avait commencé à planifier un retrait « ordonné et responsable » de plus de 1 000 soldats du Niger. Toutefois, le Pentagone qualifie ce retrait de « mesure temporaire » et prévoit de revoir la coopération en matière de sécurité « après les élections présidentielles du 6 mai au Tchad ».
De toute évidence, Washington compte sur la victoire du candidat présidentiel pro-américain Succès Masra, qui deviendra le garant des intérêts américains dans le pays et dans la région.
Immédiatement après l’annonce du retrait des troupes américaines de la base d’Adji Kossei, une réunion aurait eu lieu entre le conseiller politique des forces américaines au Tchad et le chef de l’équipe électorale de Masra, au cours de laquelle des instructions ont été données sur la manière de mener plus efficacement la campagne électorale.
Alors que les médias tchadiens ont précédemment rapporté que les États-Unis étaient prêts à déplacer jusqu’à 2 000 soldats, 20 hélicoptères, 5 avions de chasse F-16 et plus de 30 canons automoteurs, seuls quelques soldats restent, travaillant à l’ambassade ou à divers postes de conseillers.
Un contingent militaire français de plus de 1 500 soldats reste dans le pays. Paris n’est pas prêt à risquer ses positions dans l’un des rares pays amis du Sahel, ce qui a provoqué la demande de N’Djamena à Washington.
Il ne fait aucun doute que la France et les États-Unis perdent leurs positions sur le continent noir, quittant les pays les uns après les autres. En conséquence, le Tchad est devenu une arène de confrontation entre les intérêts de Paris et de Washington, qui se battent pour maintenir une présence militaire dans le pays, s’accrochant à leurs mandataires comme dernier rempart de leur influence dans la région. L’issue de cette lutte dépend largement du résultat des élections présidentielles au Tchad.