Maurice Kamto, l’Influenceur ultime.
ELLE
- Au Cameroun, beaucoup de personnes (notamment les femmes) pensent qu’il suffit de se déshabiller à 92% et de récolter des « likes » sur ses photos pour se faire appeler « influenceuse ». Vous vous trompez lourdement ; vous êtes en réalité de simples panneaux solaires, c’est-à-dire des objets d’exhibition exposés en plein air pour être vus de tous, y compris du dernier des nigauds.
Il est vrai que décrocher un contrat publicitaire parce qu’on a montré son poitrail et son croupion (deux choses qu’en principe toutes les femmes possèdent, et d’ailleurs en plus gros volume que la plupart de ces « influenceuses ») peut vite monter à la tête et nous convaincre qu’on est une personne importante, mais en fait non. Ces femmes n’ont en général aucune pensée, aucun combat, aucune idéologie, aucune cause défendue, et aucune parole dont on peut se rappeler ou s’inspirer pour évoluer mentalement. Ce sont des entités inertes et muettes, exactement comme des… panneaux solaires.
Ces femmes sont souvent surprises d’être supplantées très rapidement par d’autres femmes (généralement plus jeunes), alors qu’elles étaient encore au sommet il y a peu. Mais pourquoi donc s’étonner qu’une maison bâtie sur du sable soit emportée par la première tempête venue ?
LUI
- Au Cameroun, beaucoup de personnes, (notamment les hommes) pensent qu’être suivi par des milliers de personnes parce qu’on fait le clown et qu’on amuse la galerie, c’est être influenceur. La plupart d’entre eux ont besoin de « buzz », c’est-à-dire de créer de vrais-faux scandales dans leur vie privée pour maintenir l’attention sur eux. Autrement, il leur serait impossible d’exister. Car ils ne défendent aucune théorie, aucun principe, aucun courant, même le plus banal. Ils n’ont aucune phrase dont on se rappelle et qu’on peut citer un jour dans une discussion sérieuse.
Ces hommes sont convaincus qu’en restant à l’écart des sujets brûlants de la société, ils maintiennent leur « fanbase ». Ils craignent en effet de perdre leurs « followers » s’ils venaient à s’engager pour une cause ou une morale quelconque. Oubliant alors que la célébrité des réseaux sociaux, c’est comme l’argent du Monopoly : une illusion, un mirage, une vue de l’esprit. Ainsi, beaucoup s’étonnent que personne ne les cherche lorsqu’ils s’absentent pour quelques temps (volontairement ou non), ni ne les assiste lorsqu’ils sont en difficulté matérielle, en dépit de leur immense audience digitale.
On peut appeler ces hommes des barbes-à-papa. C’est-à-dire des aliments fantaisistes que l’on consomme pour se divertir et tuer le temps, mais jamais pour se nourrir. Quand l’histoire s’écrit, ils sont oubliés comme s’ils n’avaient jamais existé ; exactement comme on oublie la barbe-à-papa quand on a faim pour de vrai.
QU’EST-CE QU’UN INFLUENCEUR ?
Un influenceur est une personne dont la PENSÉE fait réagir. C’est-à-dire une personne qui n’a besoin ni d’être là, ni même de se montrer sur une photo pour faire parler d’elle. C’est une personne qui dit « Bonjour » le lundi, et dont on continue de commenter le « Bonjour » jusqu’au lundi suivant. C’est un personnage dont la parole plaît et déplaît à la fois, et par conséquent, qui génère des discussions autour de ce qu’il a dit.
Et voilà donc le mot clé : il a une parole, une pensée. Sans cette parole ou cette pensée, la société fonctionnerait autrement ; ce qui signifie qu’il a un impact, et donc une INFLUENCE sur cette société-là.
Et quand on parle ici d’influence, on n’évoque certainement pas un buzz temporaire (à l’image de ces chansons loufoques auxquelles tu viens de penser), mais une véritable force gravitationnelle qui attire l’attention sur un intervalle de plusieurs années, voire de plusieurs décennies.
À votre avis, pourquoi pensez-vous qu’on se souvient encore de Jésus, de Mohamed, de Socrate, de Charlemagne (le vrai, pas Messanga) ou encore de Confucius en 2023, alors que ni Facebook, ni WhatsApp, ni l’iPhone 15 n’existaient à leur époque ? Il est naïf de croire que parce qu’on a des vidéos de soi, on restera davantage dans les mémoires que ceux qui n’en avaient pas. Les gens que je viens de citer sont déjà tous morts, et chacun d’eux reste malgré tout plus célèbre – et plus impactant – que tous nos influenceurs réunis. De quoi mettre la puce à l’oreille à nos vaillants saltimbanques, persuadés que le rôle de saltimbanque est amplement suffisant.
Or, il y a de bons saltimbanques (Jean Miché Kankan), et de mauvais saltimbanques (…..)
EN BREF
Il n’existe actuellement aucun influenceur au Cameroun aussi efficace que Maurice Kamto. Autrefois on écrivait des thèses doctorales sur les silences de Paul Biya. Aujourd’hui, les biyayistes eux-mêmes sont obsédés par les faits et les non-faits, les dires et les non-dits de Maurice Kamto. Quand il parle ils parlent, quand il se tait ils parlent. Ils sont sous son influence complète, comme des astres en orbite autour d’une étoile centrale. En tant que MRCiste, je ne parle que très rarement de Maurice Kamto ; je parle davantage du parti et de son idéal de justice pour un Cameroun plus prospère et où règnera la dignité humaine. Autrement dit, les non-MRCistes parlent de Kamto plus que les MRCistes eux-mêmes, et plus que Kamto ne parle de lui-même. Ils sont ses premiers agents publicitaires, et le plus intéressant, c’est qu’ils ne font bé-né-vo-le-ment !
C’est ce qu’on appelle le sacerdoce.
En parallèle, les écrits, les actes, les discours et l’engagement de l’homme lui garantissent d’office une place, et une très belle, dans les dalles de pierre de l’histoire du Cameroun. Les premiers à en être pleinement conscients, ce sont ses principaux ennemis. C’est ce qui explique d’ailleurs leur obsession maladive à son égard.
C’est ce qu’on appelle l’influence.
Et pendant que Kamto est influent, eux, sont des affluents, c’est-à-dire de petits ruisseaux et de petites rivières qui viennent se jeter dans un cours d’eau infiniment plus immense.
EKANGA EKANGA CLAUDE WILFRIED