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[Tribune] Marie Claire Nnana : « La Can Total Energies2021 des peuples »

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Une semaine après le lancement de la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN 2021) au Cameroun, l’heure du bilan est loin d’avoir sonné. Et cependant, il est opportun d’en dégager les premiers enseignements, avant que le second tour, avec son lot de surprises et d’émotions, ne plonge dans la sidération totale les différents acteurs !

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Les camerounais en attente d’accès au stade – capture photo

Il apparaît ainsi de prime abord que le pari le plus fou de cette CAN, celui d’être et de se réaliser, est déjà gagné. Accueillir 24 sélections nationales, avec quelques milliers de joueurs, invités et officiels, dans des infrastructures sportives, hôtelières, hospitalières, touristiques et de transport dignes de ce nom, pouvait ressembler à une gageure il y a seulement un an. Tant par le contexte sanitaire et sécuritaire de ces dernières années, que par le doute et l’hystérie instillés dans les réseaux sociaux. Aujourd’hui, même en scrutant à la loupe les conditions de séjour et les aires de jeu à travers le pays, on doit convenir que le pays organisateur a travaillé dur pour atteindre ce résultat, à savoir remplir parfaitement le cahier de charges à 24 équipes imposé en cours de contrat par la Confédération africaine de football (CAF). Le Cameroun devient ainsi le premier pays subsaharien à réussir ce pari.

On peut donc, sans démagogie aucune, affirmer que le maître d’œuvre de cette entreprise titanesque, le président de la République, a su, non seulement bâtir des stades, des hôpitaux et des routes, dont les populations tireront le plus grand profit, mais aussi fédérer les énergies, rallier les sceptiques, éteindre les voix discordantes, par la magnificence et la grandeur de l’œuvre accomplie.

A l’aube de la seconde semaine du tournoi, il est loisible de faire un autre constat : le sport est plus fédérateur que la politique – Sans doute le savions-nous déjà, mais l’illustration qui en est faite ici est d’une brûlante actualité. Non seulement le microcosme politique, d’habitude si bouillonnant, s’est contraint au silence par respect pour la fête africaine du sport, mais aussi la parole des sportifs, plus libre et dénuée d’arrière-pensées, nous apparaît plus crédible. En effet, il a fallu que la CAN prenne son envol pour mettre au grand jour la désinformation orchestrée autour du pays. « On nous avait dit qu’il n’y avait pas de routes ! Mais moi je voyage entre les sites du tournoi sur de belles routes », s’exclamait un officiel. Que dire du matraquage insoutenable orchestré autour du stade d’Olembe, que les sportifs et les autres ont découvert … avec enchantement ? A croire que la politique est toujours par essence dans la feinte, la ruse et la duplicité ! Quand le sport, a contrario, promeut le don de soi, la solidarité, l’effort individuel au service du triomphe collectif.

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Dans ce sens-là, la CAN contribue également et de manière incontestable, à l’échelle de chaque nation, à resserrer le tissu social et le lien qui fonde le sentiment d’appartenance. A donner du bonheur tout simplement. Dans divers médias africains, on a pu suivre des reportages d’hommes et de femmes galopants de joie à mille lieux du Cameroun, devant leur écran de télévision, unis par la ferveur du sport et surtout par les exploits de leur équipe nationale. Cet enthousiasme n’est pas la plus petite des retombées, à l’heure où bon nombre des 24 pays engagés dans cette compétition vivent en interne des situations d’instabilité politique et de précarité créées par le terrorisme ou les changements de régime violents. Leurs populations ont droit, néanmoins à leur part de bonheur. Si le football, à travers cette CAN au Cameroun, peut y contribuer, alors le sport doit être plébiscité, non pas comme l’opium du peuple, mais comme le meilleur élixir de la joie !

Enfin, comment ne pas être marqué, en ce début de compétition par le courage des petits poucets, qui bousculent allègrement les prétentions et les ambitions, les certitudes médiatiques, les présomptions de supériorité ? C’est avec délectation que les spectateurs avisés se persuadent alors qu’en sport plus qu’ailleurs, l’ordre établi ne l’est pas pour de bon. La rage de vaincre, la force de l’esprit, la cohésion d’une « petite » équipe peuvent à tout moment briser l’hégémonie et la hiérarchie. C’est là toute la magie du football : réussir à nous faire croire que tout est possible et mettre sur le même pied d’égalité les nations et les hommes. Du moins lorsque les arbitres restent de justes censeurs…

Ce qui importe, au-delà du résultat, c’est le brassage, le fair-play, la fraternité virile qui exsude des corps trempés, du souffle haletant et des courses-poursuites folles sur le gazon vert. Ce sont les fils d’Afrique  en mouvement dans la moiteur de la saison sèche de Yaoundé, de Limbe, de Garoua, de Bafoussam et de Douala. Et ce sentiment d’appartenance à l’Afrique n’est pas, nous semble-t-il, exposé au délitement lorsque joutes verbales un tantinet provocatrices se livrent entre supporters par médias sociaux improvisés circulent. Au contraire : cette communication, quoiqu’un peu rude, participe de la connaissance mutuelle des peuples que l’histoire post coloniale a perfidement contribué à éloigner les uns des autres. Cette connaissance aboutira sans doute un jour à la reconnaissance de l’autre. C’est l’objectif que recherche, sans y parvenir encore, l’Union africaine : créer une union des peuples, au-delà de l’union institutionnelle. Le sport, et le football en particulier, paraît de notre point de vue, le vecteur le plus efficace à cet égard.

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En définitive, dans un monde miné par le désir d’hégémonie, qui implique l’asservissement des uns par les autres, comme dans une nouvelle forme  d’esclavage ; dans un village global où des réseaux sociaux sans contrôle aucun propagent les discours radicaux et banalisent la violence, le risque est grand de voir les pays africains  devenir de plus en plus éruptifs et insurrectionnels. N’est-ce pas déjà le cas, à vrai dire ? Dans ce contexte, le développement des infrastructures sportives, l’investissement dans la détection et la formation des talents sportifs, la promotion des valeurs véhiculées par le sport de haut niveau, nous semblent à même, avec d’autres mesures plus ciblées, de redonner de l’espoir et de l’envie à une jeunesse en pertes de repères, livrée aux fake-news et à l’extrémisme violent. Pour toutes ces raisons, la CAN à Yaoundé, avec 24 pays, près de la moitié du continent, est un cadeau. Pour le Cameroun, et pour l’Afrique.

Si le Cameroun sait exploiter ces acquis infrastructurels au lendemain de sa CAN, au profit de sa jeunesse, alors il aura déblayé largement les voies d’un avenir de paix. Car l’avenir, c’est la jeunesse.

Par Marie-Claire NNANA

 


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