Dans une information relayée par un site français cette semaine, Stéphane Martin, le président du musée du Quai Branly à Paris est défavorable à l’idée d’une restitution systématique des œuvres africaines emportées par les Européens, telle que voulue, et estime que la meilleure manière d’y répondre repose notamment dans la « circulation » des objets.

Parlant de la restitution, il pense que « ça ne peut être la voie unique. Sinon on va vider les musées européens et on entre dans une logique où le patrimoine devient l’otage de la mémoire. »
Stéphane Martin regrette les conclusions du rapport remis la semaine dernière à Emmanuel Macron par des universitaires africains, établissant selon lui que « tout ce qui a été collecté, acheté dans le cadre colonial est touché par l’impureté du crime colonial ». Il « ouvre un champ de “restituabilité” complète. Ce sont des propositions maximalistes », même si selon lui, un intéressant travail historique a été fait.
Pour l’homme qui préside depuis vingt ans aux destinées du musée parisien où sont rassemblées 70.000 œuvres d’art africain sur les quelque 90.000 des collections publiques françaises, le rapport que détient Emmanuel Macron a « un problème principal ». Pour lui, « Il met beaucoup trop les musées sur la touche au profit des spécialistes de la réparation mémorielle »
A la demande du président Macron, les Universitaires Bénédicte Savoy, du Collège de France, et Felwine Sarr, de l’Université de Saint-Louis au Sénégal, ont posé les jalons pour une restitution à l’Afrique subsaharienne d’œuvres d’art transférées pendant la colonisation. Selon leur recensement, des dizaines de milliers d’œuvres sont potentiellement concernées.
Ainsi, pourraient être restituées « les dons aux musées provenant des personnes liées à la colonisation (administrateurs, médecins, militaires) et ceux de leurs descendants, et surtout tout ce qui a été collecté par des expéditions scientifiques ». Le président du musée du Quai Branly pense qu’il y a eu des cadeaux faits librement, citant par exemple ceux des grands chefs du Cameroun à un médecin, Pierre Harter, qui aurait soigné leurs familles de la lèpre.