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Ouest-Cameroun : Crise de succession à la tête du royaume Bangou, après le décès du Roi Marcel Tayo II

ROYAUME BANGOU

Depuis le décès le 16 novembre dernier du 14e roi de la Dynastie Bangou, un groupement de deuxième degré des Hauts-Plateaux à l’Ouest du Cameroun, plusieurs voix s’élèvent pour revendiquer le trône qui aurait été usurpé pendant 39ans par Sa Majesté Tayo II, successeur de Christophe Djomo qui avait hérité d’un trône vacant.


ROYAUME BANGOU
Entrée principale Royaume Bangou – DR

Ci-dessous, le texte d’un fils du royaume qui retrace les origines de la crise :

Crise institutionnelle à la chefferie BANGOU.

La première crise eut lieu pendant le règne du Roi Djomo I (Djo Mebengou) qui succéda à son frère aîné Taleani avant d’être déporté par les allemands. Il fut succédé à son tour par le Roi TAYO I consanguin des deux premiers cités.

A la mort du roi TAYO I grand résistant à l’administration coloniale, le village fut divisé ente Simkam Charles soutenu par l’Administration coloniale et Djomo Christophe soutenu par les notables qui crient à l’usurpation.

Simkam Charles accéda alors au trône avec le soutien de l’extérieur. Djomo Christophe résista quelques années avant de trouver refuge dans sa plantation à Nkongsamba. Mais Simkam ne régna que quelques années et mourut. Djomo Christophe vînt et revendiqua à nouveau le trône ; mais il est à nouveau vaincu par Kemayou Paul Bernard fils de Simkam Charles qui accède au trône. Djomo Christophe se retira définitivement.

Paul Bernard Kemayou, le 12ème de la dynastie, décédera en 1985 en Guinée Conakry.

A la veille des années 60, plusieurs villages camerounais n’ont pas pu échapper aux attaques des maquisards, initiateurs d’une résistance farouche contre le pouvoir légué par le colon. Ainsi, la contestation atteint Bangou et quelques groupements voisins dans la zone des Hauts-Plateaux à l’Ouest-Cameroun, tels que Bamendjou, Bandenkop et Baham. Les contestataires y trouvent un champ fertile, favorisé par l’adhésion des tenants du pouvoir traditionnel à l’idée d’une indépendance totale. Un choix qui se fait au détriment du parti au pouvoir à l’époque, l’Union camerounaise (UC).

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Sa majesté Paul Bernard Kemayou opte pour le ralliement à la branche révolutionnaire et le siège de l’UPC est installé dans l’enceinte de la chefferie. BANGOU est choisi comme exemple de guerre aux Bamilékés. Sa majesté Kemayou prend le chemin de l’exil et atterrit en Chine, avant de se retrouver en Guinée Conakry.

La chefferie Bangou est incendiée par des maquisards. La cour du roi est donc déserte. Pas de reine, de prince ou de princesse, encore moins de notable. La crise s’installe.

7 ans plus tard, en 1967, l’autorité administrative locale sur la demande du Conseil des notables, signe un arrêté destituant S.M Kemayou. Il faut alors mettre fin aux vacances observées sur le trône à Bangou. Des consultations sont organisées afin de trouver un successeur au roi en exil. On n’ira pas chercher loin, puisque Christophe Djomo, fils du Roi Tayo I et contestataire de la légitimité des Rois Simkam Charles et son fils Kemayou Paul Bernard, accède au trône, au terme d’une concertation entre des notables qui estiment que le malheur frappe le village à cause de la forfaiture qui avait vu le Roi Simkam Charles accéder au trône. La décision est validée par l’autorité administrative. Le Roi Christophe Djomo lance le chantier de la reconstruction du royaume. Il organise le rapatriement des populations qui avaient désertées fuyant la terreur des maquisards et du gouvernement. Il décède en 1979 laissant derrière lui TAYO Marcel, son fils, 14 e Roi dans la dynastie.

Le 6 novembre 1982, le pouvoir politique change de main au Cameroun. Paul Biya succède à Ahmadou Ahidjo et demande aux exilés de retourner au pays, afin de contribuer à la construction nationale. Depuis la Guinée, Paul Bernard Kemayou ne réagit pas à cet appel. Le temps passe, et, sans que l’on sache pourquoi, il en veut au nouveau chef de l’Etat. En 1985, Paul Bernard Kemayou meurt sans avoir été réhabilité.

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Au début des années 90, on parle davantage du rapatriement de ses restes. Inhumer Paul Bernard Kemayou à Bangou signifierait la recherche d’un héritier parmi ses enfants.

Des tentatives d’inhumation se succèdent, avec un affrontement parfois violent entre les pro-Kemayou d’un côté, l’administration territoriale et Marcel Tayo et la plupart des notables de l’autre. La bataille s’installe. Le 11 mai 1995, le rituel d’inhumation de Sa Majesté Kemayou tourne au spectacle. Le cercueil est enlevé par des prisonniers accompagnés des forces du maintien de l’ordre, car l’autorité administrative croit en l’autorité du conseil des notables. Ils l’ouvrent et l’inspectent. Les pro-Kemayou parlent désormais de profanation de corps. Pour la Justice et les notables, ce cercueil était vide.

Dès lors, Le Roi Marcel Tayo propose à ses frères et cousins, qui lui en veulent, de se rapprocher pour trouver une solution. Surtout qu’il pense qu’en région bamiléké, il n’est pas aisé de vivre sans savoir où est-ce qu’on a gardé les crânes de ses parents.

L’offre est rejeté par les proches de Kamayou jusqu’à la mort du roi TAYO I I le vendredi 16 novembre 2018.

La succession est à nouveau ouverte


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