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Eseka – Cameroun : Xavier Messè À Tiati « Paul Biya aurait regagné son pays dès l’annonce de la catastrophe du rail »

Xavier Messè À Tiati, directeur publication Mutations
Xavier Messè À Tiati, directeur publication Mutations

Le DP du journal mutations s’est exprimé le 25 Octobre dernier à propos de la tragédie d’Eseka. Un résumé et une analyse pertinente de tout le contexte de ce que l’on appelle désormais le « vendredi noir ». Lebledparle.com s’est procuré cette intervention de Xavier Messè et vous la dévoile.

Xavier Messè À Tiati, directeur publication Mutations
Xavier Messè À Tiati, directeur publication Mutations (c) facebook

« Vendredi noir ». Cette expression fera désormais partie du vocabulaire socio-tragique au Cameroun. Les Américains eurent leur « 11 Septembre ». L’Indonésie , la Malaisie et Sumatra eurent leur « 26 décembre 2004 », le Tsunami qui fit 250.000 morts.
Au Cameroun encore, le  » 21 août 1986″ est mémorable: le lac Nyos. Il lâcha du fond des ses eaux le gaz carbonique qui tua 2000 personnes et plus de 6 000 têtes de bétail. Le 16 février 1998: des jeunes affamés du quartier Nsam à Yaoundé, courant derrière une citerne de la Société camerounaise de dépôt des produits pétrolier, afin de puiser l’essence qui s’en échappait, au moins 200 d’entre eux furent cramés par le feu déclenché aux alentours de cette cuve à pétrole.
Vendredi 21 octobre 2016 vient à son tour, enrichir tristement cette liste des catastrophes au Cameroun. Cette illustration se manifeste naturellement par le caractère imprévisible et difficilement maîtrisable de certaines catastrophes. Elle consacre par ailleurs les limites et la négligence de notre appareil politico-administratif. Elle met à nu l’incompétence d’une catégorie des fonctionnaires de l’administration camerounaise .
De ce  » Vendredi noir », nous avons connu: l’effondrement du pont de Manayaï dans l’arrondissement de Matomb, sur l’axe routier Yaoundé – Douala. Cet effondrement a rendu impossible toute circulation sur cette voie. ( lire les articles de notre envoyé spécial) Le ministre des Transports Edgar Alain Mebe Ngo’o a sollicité pour la circonstance, l’expertise technique du transporteur ferroviaire national, Camrail. Celui-ci a renforcé de 8 wagons, sa capacité habituelle de trafic sur la ligne, afin d’acheminer le maximum de personnes vers les deux grandes villes du pays. Le nombre de wagons est passé ainsi à 17. La surcapacité du train a produit le déraillement à la pénétrante de la gare d’Eséka. De l’avis de certains rescapés de ce déraillement, « les wagons étaient tous bondés de passagers… tous sauf un ont terminé leur voyage dans un précipice à bonne altitude en dessous des rails. Pour Camrail », affirme un rescapé.
À Camrail, on explique que  » l’augmentation des wagons est une doléance gouvernementale à laquelle on ne saurait déroger. Cette augmentation ne pourrait cependant être à l’origine du déraillement que connait tout train de par le monde… Les raccordements, le système de freinage, l’équilibre des voitures, tous ces réglages ont été effectués avant le départ du train. Cette révision de la machine aura d’ailleurs entraîné un retard de plus de 40 minutes sur l’heure normale de départ du train, afin de s’assurer que tout était au point », estime Camrail.
Les catastrophes, qu’elles soient naturelles ou accidentelles, sont des phénomènes non maîtrisables à 100/100. Il existe tout de même un niveau où l’élément humain a une part importante d’intervention: la vétusté d’une chaussée, d’un pont, l’engorgement d’un axe à grande circulation, l’entretien des machines roulants, le niveau de contenance des voitures, la qualité des machinistes… sont là des éléments qui participent de la capacité des hommes à prévoir et à juguler une catastrophe d’origine accidentelle. Même dans les catastrophes naturelles de type Tsunami, Katrina ou lac Nyos, il existe aussi une possibilité de limiter des effets dévastateurs par la prévision, l’information et l’éducation des populations. Rien de tout cela n’aura été mis à contribution pour minimiser, voire éviter la double catastrophe de Manayaï et d’Eseka. Des ingénieurs de contrôle avaient pourtant signalé depuis 4 ans l’obligation de réfectionner ce pont. Rien ne fut fait.
Quant à la gestion gouvernementale de cette crise, nous l’apprécions diversement: le chef de l’Etat,de là où se trouvait depuis plus de 30 jours, a décrété « une journée de deuil national ». Ce geste purement symbolique ne saurait faire oublier qu’il n’avait pas assisté ses compatriotes en peine. Le ministre des Transports avait démenti la rumeur du déraillement 5 minutes avant son effectivité ! Son homologue de la Communication a minoré drastiquement le nombre des morts du rail. Rien n’interdit à l’un et à l’autre de rectifier leurs déclarations initiales.
Dans une réelle démocratie où les dirigeants doivent leur ascension politique au bulletin de vote de l’électeur, Edgar Alain Mebe Ngo’o aurait eu l’obligation d’une conférence de presse. Issa Tchiroma de la Communication de même. Paul Biya aurait regagné son pays dès l’annonce de la catastrophe du rail. Ce serait des actes importants pour conjurer le  » Vendredi noir » du Cameroun.

Pour approfondir :   Diaspora : Une Camerounaise expulsée de la Cote d’Ivoire pour activités incompatibles avec l’intérêt national

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