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Emeute sanglante au marché Mokolo, 3 personnes tuées par balle

Un affrontement entre sauveteurs et forces de maintien de l’ordre a causé de lourdes pertes samedi 16 juin dernier, au cours d’une opération coup de poing, visant la lutte contre le désordre urbain. Aux origines de ces heurts.

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11h. Marché Mokolo à Yaoundé. Comme à leur habitude, les agents de la Communauté urbaine de Yaoundé, aidés des éléments du commissariat du IIème arrondissement de police descendent sur le terrain pour un déguerpissement.

Seulement, loin de se limiter à les déguerpir du trottoir comme habituellement, ils poursuivent jusque dans les bas-fonds du marché les sauveteurs pour s’emparer de leurs marchandises. M. Nassara, (comme l’appellent affectueusement ses compères commerçants), raconte : « d’habitude, on chasse ceux qui vendent sur le trottoir et occupent par la même occasion la chaussée. Mais aujourd’hui, sous le prétexte que ceux-ci se débarrassent de leurs marchandises dans les boutiques d’autres commerçants, ils y sont entrés et lorsqu’ils trouvaient la moindre marchandise superposée ou mal rangée, ils en déduisaient qu’il s’agit de celui d’un sauveteur et ils saisissaient et la marchandise du sauveteur, et celui de son bienfaiteur ». Seulement, cette tactique a eu plus d’inconvénients que d’avantages. Car, sur 05 boutiques dont les marchandises ont été saisies et détruites, 03 d’entre elles n’étaient pas concernées.

Ainsi, la goûte d’eau qui fait déborder le vase est celle de cette boutique appartenant à une jeune femme qui, selon les dires des sauveteurs, arrivait à peine au marché, et s’imprégnait encore de la situation qui y règne. Curieusement, des gendarmes se présentent à elle et lui ordonne d’ouvrir sa boutique, afin qu’ils vérifient s’il n’y a aucune marchandise suspecte. « Elle s’est mise à pleurer, car elle était partie à la hâte hier, et n’avait pas eu le temps de ranger. Du coup, elle était sûre qu’ils saisiraient sa marchandise sous n’importe quel motif », relate un sauveteur. Ce qui a été fait.

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Mais, la jeune femme, refusant de se laisser faire, courrait après sa marchandise, sous la menace des éléments du commissariat du 2è arrondissement qui essayaient de la dissuader de continuer de les suivre. Ajoutée à cette situation, celle de cette autre bande de sauveteurs qui, bien que partis du trottoir, ont été pourchassés jusqu’au fin fond du marché par les agents de la Cuy. Leurs marchandises saisies, ils se sont rebellés, arguant du fait qu’il n’est pas normal que ces derniers les suivent jusque dans le marché pour se saisir de leurs marchandises. Ils ont donc entrepris de les récupérer.

C’est à ce moment que, les agents de la Cuy ont sortis des armes blanches pour les dissuader. Leur colère a redoublé : « nous pensions que cette action était uniquement destinée à assainir le marché et le rendre plus fréquentable et facile d’accès ! Mais si on en vient à sortir des armes encore de la part de qui ? Des agents de la Cuy , ramassée au quartier et dont aucune légitimité ne leur est reconnue, ça veut dire qu’ils visent un objectif autre que celui annoncé ! », Rapporte un commerçant. C’est de là que partent les casses, le soulèvement, la rébellion. Les sauveteurs se sont constitués en blocs et ont décidé de marcher sur le commissariat, car, ils pointent du doigt le commissaire Ayissi, et le prennent pour le principal responsable de cette situation.

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La situation tournant au vinaigre, « le commissaire a pris la fuite », non sans avoir fait appel aux éléments des autres corps (Esir, gendarmerie, Gsp, Bir… et autres brigade du quartier général). Ce sont ces derniers qui sont venus en renfort, bombes lacrymogènes, camions anti-émeute, armes, cagoules et tout l’arsenal de guerre que certains ont eu l’occasion de voir au défilé du 20 mai dernier. La situation s’est dégradée à tel point que les sauveteurs ont rassemblé des comptoirs afin d’y mettre du feu, multipliant ainsi des actes de vandalisme à travers jets de pierres dans tous les sens, pour, disent-ils, « se venger ».


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