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Un prisonnier condamné à mort traîne marafa en justice

L’homme qui intente aujourd’hui une procédure contre Marafa Hamidou Yaya est ce qu’on pourrait appeler un criminel hors normes. Particulièrement craint dans tous les milieux carcéraux, il traîne une réputation de caïd et de tueur froid qui terrorise tous les petits bandits.

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Marafa attendu au tribunal le 5 juillet 2012

Un détenu de la prison de New Bell a carrément choisi de faire servir une citation directe à Marafa Hamidou Yaya pour … dénonciation calomnieuse. Mais le hic est que le plaignant en question est un criminel condamné à mort pour assassinat !

Mercredi 27 Juin dernier, à 15h35, un huissier de justice pénètre dans l’enceinte du Secrétariat d’état à la Défense à Yaoundé, et demande à voir le détenu Marafa Hamidou Yaya. C’est Me Ebode Raphael, huissier de justice à la 16è charge près la Cour d’appel du Centre. Sans se perdre en salamalecs, l’homme de loi sert sans autre forme de procès une citation directe au détenu qui la reçoit et appose sa signature sur l’original. Qui est donc celui qui traîne l’ex Minatd en Justice, et pourquoi ? C’est un certain Bessong Daniel, condamné à mort par le tribunal de grande instance du Wouri pour l’assassinat du boucher Nourry en 2000 à Douala, actuellement en détention à la prison de Nkongsamba. Un condamné à mort qui traîne Marafa Hamidou Yaya au tribunal, alors que ce dernier attend de comparaître pour la fameuse affaire du BB Jet 2, il faut le dire, cette nouvelle a de quoi donner le vertige.

 

En rappel, en 2008, à la suite des fameuses émeutes de la faim, le Sdf avait intenté une procédure contre Marafa Hamidou Yaya pour dénonciation calomnieuse, mais cette procédure n’avait pas prospéré. Et précisement parce qu’au moment où il évoquait la présence d’un dangereux criminel évadé de Douala, Marafa Hamidou Yaya n’avait pas nommément prononcé le nom de Bessong. Encore que la citation directe le dit de façon explicite en précisant que c’est le Sdf qui aurait prétendu qu’il s’agissait de Bessong. Ce qui, en tout cas ne manque pas d’étonner est qu’au moment où le Sdf avait diligenté sa procédure contre le ministre, Bessong Daniel n’avait pas été partie au procès. Ce n’est que quatre ans plus tard, qu’il entre dans la danse pour intenter une procédure qui se présente de bout en bout comme une énorme curiosité.

 

Curiosité dans ce sens que c’est un huissier exerçant à Yaoundé qui est venu servir une assignation commanditée par un plaignant en détention à … Nkongsamba. L’autre stupéfiante curiosité est que la citation directe domicilie Bessong à la prison de New Bell, alors qu’en réalité le condamné à mort est – à l’heure qu’il est – incarcéré à Nkongsamba. Curiosité ensuite dans la mesure où l’on peut se demander comment, avec quelle escorte spéciale, et aux frais de qui ce condamné à mort emprisonné à Nkongsamba viendra comparaître à Yaoundé à chaque étape de la procédure.

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L’accusateur, comme un tueur froid

 

Autre mystère, voilà un plaignant détenu en prison depuis plusieurs années qui sait tout de celui qu’il poursuit : sa filiation, le numéro de sa carte d’identité, le jour de la délivrance de celle-ci, le nom du père de Marafa, celui de sa mère. Trop beau pour être simple. Tout, dans cette drôle de procédure, d’un genre sans précédent au Cameroun, établit sans ambages que ce condamné à mort est un plaignant vraiment spécial qui peut se permettre de saisir allègrement la Justice dans l’optique de laver son honneur flétri par un « préjudice moral incommensurable », alors qu’il est reconnu par cette même Justice comme un tueur sans états d’âme. Il faudrait se poser des questions au sujet des réelles motivations de cette procédure qui donne plutôt l’impression d’être une instrumentalisation bien huilée – mais mal pensée – dans un simple souci de créer une diversion.

 

Mais, instrumentalisation par qui ? C’est là la grosse, voire l’énorme question. Car s’il ne reste plus, comme armes, qu’à recourir à des criminels de sang, reconnus et condamnés comme tels par la Justice camerounaise pour les embaucher comme alliés dans l’optique de fragiliser Marafa, la conclusion coulera de source : ça vole de plus en plus bas au Cameroun. Personne au Cameroun n’a été dupe sur la fausse «évasion aggravée» de Polycarpe Abah Abah – qui lui a donné droit à six ans d’emprisonnement alors que depuis six ans qu’il est détenu, son dossier ne passe toujours pas devant la barre, les habitués des roublardises judiciaires n’ont pas beaucoup d’efforts à fournir pour comprendre que cette nouvelle orientation du dossier Marafa pue.

 

Marafa Hamidou Yaya commencera-t-il son chemin de croix devant les tribunaux face à un condamné à mort ? On peut se poser la question. Mais tout laisse croire car le dossier de l’aéronef étant vide, on cherche frénétiquement n’importe quoi pour maintenir l’ex-Minatd en prison. D’ailleurs certaines sources bien introduites distillées par des journalistes de la place parisienne, murmurent déjà qu’un vilain dossier serait en préparation en Europe, avec un accusateur grassement rémunéré pour accuser Marafa d’avoir planifié l’assassinat d’un certain nombre de personnes.

 

Bessong Daniel, un redoutable criminel

 

L’homme qui intente aujourd’hui une procédure contre Marafa Hamidou Yaya est ce qu’on pourrait appeler un criminel hors normes. Particulièrement craint dans tous les milieux carcéraux, il traîne une réputation de caïd et de tueur froid qui terrorise tous les petits bandits.

 

C’est Bessong qui avait abattu d’une balle dans la tête le propriétaire de la Boucherie Nourry à Douala en 2001 en présence de son épouse et de son fils. De concert avec les coauteurs de cet acte barbare, il avait avoué les faits sans remords. Incarcéré à la prison de New Bell, il a à son actif plusieurs évasions et autres tentatives d’évasion de ce lieu. La plus spectaculaire ayant été celle de 2004 pendant laquelle il avait corrompu l’un des vigiles d’un mirador. Au terme de celle-ci, il s’était envolé en compagnie d’une demi douzaine de rufians à bord d’un taxi qui les attendaient de l’autre côté du mur. Repris quelques temps plus tard, il s’est remis à son activité de prédilection : terroriser les autres détenus en les rackettant.

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Mal lui en a pris un jour, les faibles détenus se sont ligués contre lui et failli le lyncher ? C’est après cet incident qui a fait grand bruit que Bessong a été transféré à la prison de Nkongsamba depuis environ deux ans.  Mais même à Nkongsamba, il n’en finit pas de s’agiter. Il se dit que le grave soulèvement de détenus qui s’y est produit il y a quelques mois avait été organisé par lui.

 

La citation directe

 

Le condamné à mort Bessong poursuit Marafa Hamidou Yaya pour dénonciation calomnieuse.

 

-« Attendu, lit-on, qu’en date du 28 février 2008 sieur Marafa Hamidou Yaya, au cours d’un point de presse a déclaré qu’un criminel bien connu et évadé le 25 décembre 2007 de la prison de new Bell, où il purgeait une peine d’emprisonnement de 15 ans pour assassinat commis durant 2000 sur l’homme d’affaire Nourry a été aperçu dans la ville de Bamenda le 27 Février 2008, en compagnie du Chairman du Sdf dans le véhicule de celui-ci.

 

-Attendu qu’à la même occasion, le requis a précisé que le criminel en question coordonnait les manifestations dans la ville de Bamenda.

 

– Attendu par ailleurs que le Sdf réfute ces allégations de sieur Marafa dans une citation directe en soulignant que le meurtrier en question est le nommé Bessong condamné à mort qui purge effectivement sa peine à la prison centrale de Douala.

 

– Attendu que ces faits sont constitutifs de dénonciation calomnieuse prévus et réprimés par les articles 74 et 304 du code pénal.

 

-Que ces faits ont causé au requérant un préjudice incommensurable pour lequel il demande réparation. »

 

Pour répondre de cela, Marafa Hamidou Yaya est donc attendu à l’audience du 5 Juillet 2012 par devant le tribunal de Première instance de Yaoundé Centre administratif statuant en matière correctionnelle.



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