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Violation des droits civiques du clergé : Ludovic Lado va porter plainte contre l’Etat du Cameroun

Jean Marc Ela

Après une lettre ouverte adressée à Jacques Fame Ndongo, le Prêtre et universitaire Ludovic Lado a décidé de porter plainte pour la violation des droits civiques du clergé camerounais. L’annonce a été faite le mardi 23 février 2021 sur Facebook.


Jean Marc Ela
Jean Marc Ela – DR

Cette décision de porter plainte trouve sa source sur le fait que l’Etat exclut le clergé des enseignants de l’université publique, comme l’indique la correspondance du Minetat Minesup du 18 janvier 2021 adressée au Recteur de l’université de Yaoundé au sujet du recrutement spécial des docteurs lancé par le président de la République. « J’ai décidé de porter plainte sur l’article 14 du Statut de la Fonction publique qui viole les droits des « ministres de culte » », écrit-il.

LETTRE OUVERTE AU MINISTRE D’ETAT JACQUES FAME NDONGO, MINISTRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

Objet : violation des droits civiques du clergé

Monsieur le Ministre d’Etat,

J’ai lu votre lettre du 18 janvier 2021 dernier adressée au recteur de l’université de Yaoundé 1, laquelle rappelait que, d’après le statut général de la fonction publique, les « ministres de culte » n’ont pas le droit d’être recruté comme enseignant permanent dans une université publique au Cameroun en particulier et dans la fonction publique en général. Ayant été formé dans les milieux universitaires anglo-saxons où ce type de considération est suranné, je vous avoue que j’ai été littéralement choqué pour plusieurs raisons. En voici quelques-unes.

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La première relève du caractère laïc de l’Etat du Cameroun. La laïcité à la française que nous avons héritée exige simplement que le religieux soit reléguée à la sphère privée. D’où vient-il donc que les considérations religieuses s’invitent dans l’organisation de la fonction publique. Cette réglementation est simplement discriminatoire et viole le caractère laïc de l’Etat inscrit dans la Constitution du Cameroun. Elle viole en outre le droit à la liberté de religion, car devenir « ministre de culte » relève des pratiques religieuses qui ne sauraient s’inviter dans l’organisation de la fonction publique.

La seconde est d’ordre sémantique. Que mettez-vous dans le concept de « ministre de culte » ? Les prêtres ? Les pasteurs ? Les imams ? Les sacrificateurs traditionnels ? Les ministres de rituels de loges rosicruciennes ou maçonniques ? La liste n’est pas exhaustive. Savez-vous que chez les chrétiens, surtout chez les protestants où la notion de clergé est très fluide, tout fidèle peut animer un culte ? Bref tous les chrétiens sont potentiellement « ministre de culte », sauf si c’est le clergé catholique qui est ici implicitement visé.

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Enfin, je me demande ce que le Cameroun aurait perdu si une telle disposition avait exclu de l’université le Père Physicien Crougneau, le Père historien Engelbert Mveng, le Père sociologue Jean-Marc Ela, le Père Philophose Meinrad Hebga, le Père psychologue Jacques-Philippe Tsala Tsala, etc. pour ne citer que quelques « ministre de culte » catholiques. Le Cameroun aurait justement beaucoup perdu.

Vous conviendrez avec moi, Monsieur le ministre d’Etat, que la science n’a rien à voir avec l’appartenance religieuse, où l’exercice d’une fonction religieuse dans la vie privée. Vous me direz que vous ne faites que rappeler une réglementation en vigueur. Je vous le concède. Mais les mauvaises lois, discriminatoires de surcroit, sont faites pour être changées.  Et je vous sais bien docte pour faire changer ladite disposition du statut général de la fonction publique, parce qu’elle est n’a plus sa place dans aucune université au 21ème siècle.

Cordiales Salutations

Ludovic Lado, Jésuite et universitaire !


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