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Victoire de Francis Ngannou : Comme un air de Soul Makossa (Tribune)

Francis Nganou BIR

Le Camerounais Francis Ngannou est devenu le nouveau champion du monde des poids lourds de l’UFC ; le dimanche 28 mars 2021. Le journaliste Shérif Soultan Fadel Mohamed dans une tribune publiée le même jour, fait un parallèle entre la victoire de Francis Ngannou et la célèbre chanson Soul Makossa de feu Manu Dibango.


Francis Nganou BIR
Francis Nganou avec le BIR – DR

C’est l’histoire d’un tube camerounais devenu un succès planétaire. Mais ce tube, ce n’est pas du Cameroun qu’il va retentir et réveiller nos esprits sur le talent des Camerounais. Ce tube, c’est à partir de l’Amérique qu’il va tourner et tourner le monde. Tout comme Ngannou, c’est en Amérique qu’il a boxé et renversé le monde.

Entre Soul Makossa et la victoire de Ngannou, il y a quatre décennies, deux succès, deux exils. Mais deux exils différents. Si Manu est parti dans toute sa noblesse en France comme un étudiant promu à un avenir de fonctionnaire qui administrera le Cameroun après les indépendances, Ngannou quant à lui, en France aussi s’en va comme migrant lambda, comme un jeune qui n’avait plus rien à donner à son pays. Les parents de Manu lui ont certainement dit Au revoir quand son bateau quittait le quai, ceux de Ngannou lui auront certainement dit Adieu dans le cœur. Lorsqu’on part en aventure, seul le miracle nous tient. Le miracle fera de Ngannou ce qu’il fit de Manu, une légende camerounaise en Amérique.

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Mais comment cet hymne de la CAN dont personne ne se souvient est passé comme ça?  Quatre décennies après Soul Makossa, la question se pose encore. Comment Ngannou est passé comme ça?

Ngannou reste camerounais, authentique comme Manu. Le restera-t-il longtemps comme Papi Groove ? On verra bien.  On l’espère. Mais c’est à nous de nous poser cette question. C’est à nous de le chérir. Le chérir ne veut pas uniquement dire le célébrer comme il se doit. Cela implique que nous constations que les talents sont là et il nous appartient  de les encadrer.

On doit se demander, combien de Soul Makossa ont été enterrés ici, combien de Ngannou le sont, le seront. Parce que si Manu, après son Soul Makossa, a commencé à faire danser et rêver les jeunes camerounais de l’époque, Ngannou fait de  même.

Je vois déjà les gamins danser dans le ring comme Ngannou sautille devant un adversaire de combat.

Que la célébration ne nous aveugle pas, qu’elle nous eclaire plutôt. Peut-être que si Manu portait toujours des lunettes noires, c’était pour cacher ses yeux en larmes en voyant combien beaucoup de carrières sont enterrées avant d’avoir même démarré  chez nous. Peut-être que son sourire qu’il distribuait autant était pour masquer la douleur qu’il avait en voyant les jeunes partir à la nage pour un meilleur avenir. Peut-être que… Peut-être que…

Sourions comme lui pour Ngannou.

Cette victoire en Amérique qui sonne comme un air de Soul Makossa.

Dans 40 ans, on sera peut-être encore entrain de sourire comme lui  d’un succès à la Soul Makossa, réalisé cette fois, ici même, au Cameroun berceau de nos LÉGENDES.

Vive Ngannou !

©️ Shérif Soultan Fadel Mohamed

 


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