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Valère Bessala : « Le Colon a fait du bamiléké le mouton noir du triangle national »

Très remarqué dans la scène politique au Cameroun, le leader politique Valère Bertrand Bessala se livre sur l’hégémonie des Bamiléké au Cameroun. Dans un série de billets qu’il baptise « L’histoire s’amuse ; l’hégémonie bamiléké, une fausse question », Valère Bessala livre en primeur ce qu’il considère comme une assertion sans enjeux véritables.

civil Valere Bessala

Lebledparle.com partage avec vous l’intégralité de cette analyse, qui en rappelle bien d’autres, et  qui s’ouvre par une citation fort évocatrice. « Le pouvoir est un vin fort qui monte à la tête des esprits faibles », Solon. Beaucoup veulent m’entendre sur cette question et me demandent de donner mon point de vue. Donc de prendre position.Il y a peut-être un point de vue à donner, mais il n’y a aucune position à prendre. Parce que c’est une fausse question.

 La question bamiléké, un masque d’Halloween

Ceux qui considèrent aujourd’hui la question bamiléké comme un sujet digne d’intérêt, sont justement ceux qui hier ont construit un monstre d’Halloween pour effrayer les générations présentes afin de se garantir une longévité de pouvoir et de prébendes. Ils se recrutent au sein du pouvoir en place et dans l’élite collaborationniste de l’Ouest.

Ceux de la jeune génération qui s’activent dans le soutien d’un mirage hégémonique bamiléké, sont justement ceux qui ont été déformés par leur mauvaise naissance ou par leur mauvaise croissance. Soit ils sont nés à la période transitoire de mutation sociopolitique ( entre la fin de la colonisation et la fin du maquis marquée par l’inquisition et la délation généralisées et favorisées par la Loi de 1962 sur la subversion), et donc gardent en eux les séquelles profondes des traumatismes vécus et subis par leurs parents.

Soit ils ont été élevés ou ont grandi aux côtés des traumatisés des périodes coloniales et du maquis , au point de dupliquer au fil des époques les clichés du passé douloureux d’un peuple qui a réussi à transformer la marginalisation en sa faveur.

 Une affaire des bamiléké qui trompe les bamiléké !

L’histoire s’amuse donc dans les esprits de ceux qui ne connaissent pas le Cameroun, Pays de nos ancêtres. La question bamiléké est comme la question anglophone, comme la question islamo-peuhle (nous y reviendrons). Elle est plus sociale qu’économique. Ceux qui la perçoivent uniquement sous le prisme de la domination économique et donc financière, semblent passer à côté du sujet (nous y reviendrons).

Car la prégnance financière « apparente’ » du peuple de l’Ouest, n’est qu’une piètre façade qui cache maladroitement pour qui sait voir, la tromperie de l’élite bamiléké sur la jeune génération qui se bat pour accéder au soleil.

 L’élite de l’Ouest tire les ficelles…!!!

En effet, le malaise bamiléké profite d’abord et avant tout à l’élite de l’Ouest. C’est une élite de prébende branchée aux mamelles du pouvoir en place. Ce dernier l’utilise pour ses besoins et ses projets d’éternisation. Cette élite en profite depuis plus d’une quarantaine d’années d’abord économiquement (avantages financiers, fiscaux etc.) et désormais politiquement (postes et positions de pouvoir).

Sentant approcher à grands pas le basculement du régime et donc certainement ou probablement, la perte de ses positions et avantages, elle remue et remet sur la place et le débat publics, le sentiment de  »rejet » du bamiléké, censé être oublié et enterré avec la fin du maquis.

 Que gagne la vieille élite bamiléké à entretenir ce faux débat ?

Cette élite bamiléké attise et entretient ce sentiment à titre principal, pour deux(2) raisons:

– L’émergence et la montée d’une jeune génération bamiléké aseptisée . Elle a réussi une parfaite intégration dans la société Camerounaise sans avoir besoin de ce chantage tribal. Elle est devenue un danger pour cette vieille élite bamiléké et leurs progénitures à laquelle ils veulent transmettre le témoin du privilège de la collaboration avec le pouvoir en place.

Il faut donc faire barrage  à cette génération montante en la déroutant par ce faux débat, ou à défaut, la caporaliser dans ce chantage contre promesses d’émergence.

–  Le déclin de la chefferie traditionnelle à l’Ouest. l’autorité traditionnelle ou plus simplement, la chefferie à l’Ouest est en perte de vitesse. Son emprise sur les nouvelles générations est de plus en plus lâche. Or c’est cette chefferie ou ce pouvoir traditionnel que les élites de l’Ouest ont toujours utilisé pour formater les esprits au sentiment anti-bamiléké .

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Les chefs s’y sont d’ailleurs pliés, puisque trouvant leurs propres comptes en termes d’avantages financiers et même des postes politiques électifs au Sénat et à l’Assemblée nationale. De ce fait, ce faux débat qui est remis avec acuité sur la place publique permet aussi aux chefs traditionnels de reprendre le contrôle sur les jeunes générations de bamiléké  dont la mentalité est plus évoluée et qui battent en brèche la plupart des préjugés sur les mariages inter-ethniques ou inter-tribaux .

Ils s’installent durablement et même définitivement hors de l’Ouest. Ils font des affaires et investissent leur confiance de plus en plus avec des partenaires qui ne sont pas de l’Ouest etc. Ils sont donc un danger pour l’ancien discours, pour la vieille élite et pour les gardiens de la tradition bamiléké.

 Que gagne le pouvoir en place dans ce faux débat ?

L’élite bamiléké réussit très bien ce projet avec le pouvoir en place qui y trouve d’ailleurs aussi son compte à deux (2) niveaux :

Opposer les insoumis du pouvoir aux zombifiés du pouvoir. La question de la marginalisation du bamiléké est une distraction très efficace pour opposer les insoumis du pouvoir  aux zombifiés du pouvoir;

Si le colon a stigmatisé le bamiléké ( cf. Colonel Lamberton: qui a assimilé le bamiléké au caillou dans la chaussure du Cameroun), c’est bien parce qu’il n’a pas réussi à l’Ouest ce qu’il a réussi ailleurs. Il n’a pas réussi à retourner l’homme de l’Ouest contre ses frères et contre les intérêts de son terroir.

De ce fait, il a fait du bamiléké le mouton noir du triangle national , non seulement pour le couper des autres peuples déjà ramollis, mais surtout l’empêcher d’accéder à des positions de pouvoir qui lui auraient permis de défaire son projet d’asservissement du Cameroun.

L’homme bamiléké comme l’homme Bassa’a a donc toujours été un insoumis du pouvoir colonial. A l’exception des peuples du septentrion et de la zone saxonne du pays où le pouvoir traditionnel a su jouer des coudes ou pactiser pour rester debout (nous y reviendrons), les autres peuples ont été très vite conquis et domestiqués, à la faveur du démantèlement du pouvoir traditionnel qui a été substitué au pouvoir politico-administratif colonial, puis post colonial.

A cela, il faudrait ajouter l’investissement du pouvoir politique sur leur territoire. L’homme du Centre et celui du Littoral par exemple, sont plus ouverts parce que le colon s’est installé chez eux et ils ont appris à relativiser la présence de  »l’étranger » sur  »leurs » terres. Aujourd’hui, la capitale politique et la capitale économique sont devenues des capteurs sociologiques et anthropologiques qui diluent l’identité des  »plus anciens » occupants. Ce qui suscite des frictions, notamment avec la question foncière (nous y reviendrons).

2° *Empêcher la propansion de l’esprit de revendication. La question du rejet du bamiléké permet au pouvoir en place d’empêcher la contamination de l’éveil du peuple de l’Ouest aux autres peuples qui ont été endormis par des stratagèmes mystiques et des pratiques de terreur, de trafics d’influence et de corruption de leurs élites, nègres de service à la solde de ce pouvoir éternitaire. Le culte des ancêtres est resté très prégnant à l’Ouest, peut-être même plus présent que l’emprise des croyances importées qui n’ont pas dénaturé en profondeur l’identité de l’homme de l’Ouest.

Or ce sont ces croyances importées (le christianisme et le protestantisme notamment) que le pouvoir a toujours utilisées pour l’aider à tenir les peuples et à travestir leur psychologie.

Car il faut le souligner à grands traits, l’homme bamiléké a conservé dans ses veines les anticorps authentiques contre la manipulation politique et contre la corruption de l’identité socioanthropologique. La marginalisation du maquis l’a poussé à un enfermement sur lui-même.

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Cela a fait naître et grandir en lui un besoin constant et permanent d’indépendance et d’autonomie que les autres peuples n’ont pas ou presque (il a appris à se débrouiller par lui-même et à ne compter que sur lui-même) ; un éveil de conscience qui le garde toujours en alerte et prudence contre tout danger ou rapprochement dont il soupçonne en permanence une volonté malicieuse de le détourner de ses principes

( il a du mal à collaborer avec les non bamiléké parce qu’ils n’ont pas souffert du colon et ses suppôts autant que lui et ils pourraient le trahir à tout moment); un esprit de conquête des espaces qui en fait, n’est que le résultat et la traduction de son dynamisme. Comme il a appris à se battre de lui-même et tout seul, sans compter sur le pouvoir colonial et postcolonial qui l’a stigmatisé, il ne craint nullement d’affronter pour sa survie ou son confort, les difficultés dans n’importe quel environnement hostile.

Il accepte de faire les petits métiers que les autres peuples répugnent etc. (nous y reviendrons).

Tout se joue sur la naïveté des jeunes générations !!!

L’histoire s’amuse et se joue donc sur la naïveté des jeunes générations. Si elle était vraie hier, la question bamiléké est un faux problème aujourd’hui. C’est un stratagème politique savamment pensé par l’élite bamiléké en collusion avec le pouvoir en place, pour empêcher le passage de témoin, non seulement entre les générations à l’intérieur de cette communauté, mais surtout au moment de l’alternance politique nationale.

On les convainc donc de ce que elle, la jeune génération bamiléké, pour qu’elle  »s’en sorte », il faudrait  »absolument » qu’un bamiléké occupe le dernier fauteuil. Pour achever de les plier, on prend à titre d’exemple des propos savamment et intentionnellement pensés et distillés par des apparatchiks du pouvoir, au lancement de cette macabre campagne tribale (  »un bamiléké ne sera jamais président au Cameroun ». Cf. Câbles WikiLeaks, 2007-2008).

Pendant que l’élite du Sud chauffe sa jeunesse sur les propos déformés d’un leader politique devant le Conseil Constitutionnel aux lendemains de l’élection présidentielle d’octobre 2018 (Où présente-t-on le concours pour devenir bulu ?).

 La manipulation du  »On ne nous aime pas »… »ils sont un danger »…!!!

Sous le prétexte du malaise tribal (on n’aime pas le bamiléké au Cameroun), le but est de contraindre la jeune génération bamiléké à rester et garder les rangs serrés derrière leurs élites collabo du pouvoir. Pendant ce temps, et pour la même raison (les bamiléké sont un danger), les élites collabo des autres régions se battent pour garder les leurs à leur suite.

 La jeune génération est perdante…!!!

Marché et résultat de dupes, pendant que les jeunes générations des deux(2) bords élitaires s’étripent en rangs serrés sur fond de tribalisme, les élites économiques et politiques de l’Ouest et des autres régions, dînent ensemble, se partagent les positions de pouvoir, s’échangent des faveurs et privilèges sur la sueur des Camerounais, mieux encore, scellent leurs amitiés par les unions de leurs progénitures.

 Et quand viendra 2025

Et quand viendra 2025, pendant que les jeunes générations seront en bagarre, ces élites décideront entre elles, qui d’elles-mêmes ou de leurs progénitures succèdera à celui qui leur aura offert en holocauste le Cameroun et les Camerounais pendant 43 ans. Jeunesse Camerounaise, soyons sages. », A écrit Valère Bertrand Bessala le guide du parti JOUVENCE.


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