Hakainde Hichilema, 59 ans, opposant historique au président sortant de Zambie Edgar Lungu, est le vainqueur l’élection présidentielle, avec plus de 2,8 millions de voix, a annoncé la commission électorale dans la nuit de dimanche 15 à lundi 16 août. Dans une tribune publiée sur la toile le mardi 17 août 2021, William Bayiha, journaliste et communicant du PCRN donne les recettes de cette victoire et fait le parallèle avec le Cameroun, par rapport à la prochaine élection présidentielle de 2025.
Lebledparle.com vous propose le texte intégral.
ZAMBIE : LA RECETTE DE LA VICTOIRE D’HICHELEMA
Haikande Hichelema, le challenger du président sortant Edgar Lungu a pu remporter la dernière présidentielle grâce à quelques déterminants majeurs.
1-Le tout premier ingrédient de toute élection est la participation du corps électoral. Car si les oiseaux et les pierres peuvent louer Dieu, seuls les hommes en chair et en os peuvent faire gagner une élection. Comme l’a précisé Cabral Libii , le président sortant a été battu sur le terrain de la mobilisation. Alors qu’il se débattait avec son éternel million et demi de supporters – un chiffre proche de celui de Paul Biya en 2018, son adversaire a su mobiliser les jeunes qui n’avaient jamais voté de leur vie et a réussi à mobiliser un million de votants de plus. Et ce sont ces même électeurs qui ont farouchement contrôlé leur vote. Bluffant !
2- L’application stricte du code de bonne conduite en matière électorale. Les élections en Zambie sont parmi les confrontations les plus violentes en Afrique. Et les dernières ont fait exception à la règle – ne serait-ce qu’au cours des derniers jours. La commission électorale a en effet suspendu les deux principaux partis de campagne pendant un mois en mai du fait des actes de hooliganisme de leurs cadres. Les deux formations fautives ont dû signer un accord de paix et la campagne a ou se poursuivre avec une sérénité relative.
3- La mise à contribution de la téléphonie mobile au cœur des opérations électorales. Les électeurs ont eu droit à l’utilisation d’un code USSD afin de vérifier leur statut sur la liste électorale. Si il est difficile d’évaluer aujourd’hui l’impact de l’introduction de cette technologie – surtout en matière de neutralité des entreprises concernées, au moins cela peut possiblement encourager les électeurs inscrits à se rendre au bureau de vote.
4- Pour que la recette soit parfaite, LES MÉDIAS ont aussi joué leur partition en essayant d’être justes avec toutes les parties. Les autorités leur ont formellement fait la demander de ne pas jeter de l’huile sur le feu. Une neutralité des derniers instants qui a participé à apaiser les esprits tout en ramenant le débat sur les idées. Je dois l’avouer je n’ai pas une connaissance approfondie des réseaux sociaux zambiens pour savoir s’ils ont des « lanceurs d’alerte » – en réalité des propagandistes – aussi partisans que les nôtres.
PS
5- Il existe enfin un contexte international défavorable à Edgar Lungu. Mais comme nous le savons les acteurs étrangers ne sont en général que des adjuvants ou des opposants à nos lignes de fractures internes. Pour être complètement maîtres de notre destin, il faudrait que nous apprenions progressivement à marginaliser leur poids dans nos analyses et nos actions.
Nous avons du pain sur la planche !