Il n’y a pas deux sans trois. Les augures énoncés dans cet adage populaire seraient-ils en cours de se réaliser ?
Cette fois encore à partir de l’Europe point de départ des deux seules guerres d’envergure mondiale jamais vécues jusqu’ici ? Une fois de plus le monde entier serait-il sur le point de se laisser entraîner dans une aventure effroyable, une catastrophe engendrée par une querelle entre cousins voisins ?
En tout cas, c’est la tendance qui semble se dessiner à mesure que passent les jours. Pas tant que l’esprit belliciste l’emporte sur tous les continents, mais parce ce que de nombreux pays, sinon la plupart des pays de certains continents se voient enjoints de prendre le parti de l’une ou l’autre des Parties en conflit.
Car sans être tout à fait mondiale, du moins pour l’instant, l’actuelle guerre en Europe n’en est pas moins totale, du moment qu’elle implique tous les aspects à savoir militaire, diplomatique, économique et technologique, que les domaines de la finance, du sport, de la science, de la culture, et de la communication entre autres.
De sanctions en contre-sanctions, de punitions en rétorsions, une fissure sans cesse grandissante éloigne progressivement les factions en confrontation, chacune tenant à faire le décompte de ses alliés.
Les pays africains en particulier sont ainsi devenus la cible de déclarations ou de promesses d’amitié pleines de sous-entendus communicatoires, de campagnes de dénigrement et de stigmatisation, autant de menaces à peine voilées à l’adresse des réfractaires à toute idée de confrontation dictée de l’extérieur.
Sans pour autant être tenable, une posture médiane entre le pour et le contre n’en sera pas moins lourde de conséquences comme le sont les autres options. Tout est donc question de convictions propres, de volonté d’autodétermination et de capacités de se faire entendre, au nom de La Défense de ses propres intérêts.
Dans cet environnement de tumulte expressément entretenu par les nostalgiques du dominion, de la sphère d’influence, du pré-carré et de la profondeur stratégique, la seule chose dont on puisse être à peu près certains est la fin du rêve de la mondialisation et le retour fracassant de la polarisation.
Si la mondialisation encore en expérimentation pouvait nourrir l’ambition de faire tomber les barrières idéologiques jusqu’alors principaux obstacles à la liberté des partenariats entre acteurs de la scène internationale, la polarisation de retour au son des canons entend rétablir les lignes de démarcation d’antan.
Le danger de cette situation pour l’Afrique c’est qu’elle se retrouve écartelée entre les blocs idéologiques, démembrée par des conflictualités opportunistes politiques ou criminelles, cette Afrique déjà notablement minée par la gangrène terroriste.
Notre continent qui pourrait ainsi voir s’évanouir son rêve d’enfin peser du poids que lui confère son étendue, sa diversité, ses ressources et tout son potentiel.
Aussi est-il d’une impérieuse nécessité pour ce continent d’unir ses voix et ses forces, pour à la fois résister aux attractions et aux pressions, afin de définir sa propre voix.
Alors l’Afrique pourra-t-elle le moment venu prendre d’office et de droit, une place autour de la table des négociations devant mettre un terme aux hostilités, au lieu d’être du menu que se partageront les protagonistes des actuelles et futures conflictualités. /-