in

[Tribune] Louis Marie Kakdeu : « La mouvance du changement au Cameroun passe par l’inclusion »

leaders opposition

L’universitaire et analyste politique revient  sur la plateforme de l’opposition pour la rédaction d’une proposition de loi en vue de modifier le code électoral. Il fait une analyse sur le leadership et estime qu’il doit inclusif et non exclusif.

leaders opposition
Des leaders de l’opposition camerounaise – capture photo

Lebledparle.com vous propose le texte intégral.

Plateforme de l’opposition camerounaise : A quand le leadership inclusif ?

Par Louis Marie Kakdeu

Une plateforme de l’opposition camerounaise s’était constituée autour de la révision du code électoral. L’intérêt d’un tel regroupement n’était plus à démontrer. Toutefois, un problème majeur d’inclusion se pose : En effet, cette plateforme reste refermée sur les 7 membres fondateurs à l’exclusion de toutes les autres forces de proposition et d’action qui se sont signalées.

Les faits : Les initiateurs de la plateforme avaient lancé un appel à contribution pour recueillir les propositions des autres partis politiques, ce qui était formidable. En réponse, certaines forces politiques ont contribué mais, n’ont plus été associées à la suite du processus. Pour ces contributeurs, il est difficile de comprendre la logique appliquée.

Lorsqu’on dit qu’il y a un problème de leadership dans l’opposition camerounaise, c’est parce que l’approche utilisée pour regrouper les forces politiques n’a jamais été inclusive. Pensez-vous que ces gens qui se sont fait « voler » leurs idées seront encore prêts à contribuer demain au cas où ils étaient encore invités ? Vous comprendrez pourquoi il y a toujours tendance à créer d’autres partis ou d’autres plateformes. Le Cameroun en a 318 en ce moment.

Approche inclusive : Il faut trancher ce nœud gordien du leadership camerounais qui est l’exclusion si l’on veut réussir la mouvance du changement. Même si l’on veut rester entre membres fondateurs, la moindre des choses lorsque l’on fait un appel à contribution c’est de créer un espace pour que les contributeurs présentent leurs idées. Même si ces contributions étaient les plus bêtes du monde, le minimum dans le leadership inclusif aurait été d’assurer l’écoute.

Pour approfondir :   Lions indomptables : les retours annoncés d'Onana, Moukoudi et Njie pour affronter le Burundi

On va rattraper ? Oui, pourquoi pas. Mais, je dis souvent que l’on ne va pas chasser Biya pour faire du Biya. Le rattrapage là risque de se passer comme à l’Assemblée nationale où les gens seront invités à applaudir le texte final sans avoir été préalablement consultés. Cette démarche n’est pas participative et représentative. Elle est donc anti-démocratique.

Enfin, beaucoup de contributions, comme celle que j’ai signée, sont documentées et déjà publiées dans des milieux scientifiques. Prendre une de ces idées sans m’associer relèverait de la malhonnêteté intellectuelle, et pire, du plagiat. Dieu seul sait que ce sont là des maladies chroniques qui minent la scène politique camerounaise. Au cours de la dernière session parlementaire, j’ai même entendu un député défendre des idées que j’ai publiées il y a plus de 10 ans sur le foncier sans me citer et en utilisant souvent mes mots. J’ai eu un mélange de sentiments à l’écoute.

Ceci est un appel au changement d’approche et de mindset sur la scène politique camerounaise. Vous comprenez pourquoi certains préfèrent mourir avec leurs idées. Ils ou elles disent d’avoir peur de se faire « chiper ». Ma question : Qu’est-ce que cela coûte aux gens d’avoir un peu d’esprit d’ouverture ? Quelle est la plus-value de se refermer sur 7 partis lorsque l’on a besoin de l’effet de masse pour réussir l’action politique ?  Comment peut-on être en train de traiter d’un sujet aussi important que le code électoral sous silence et sous anonymat ? Entre dire que la « proposition de loi » est le fruit de la concertation de 7 partis et dire que c’est le fruit de la consultation de 100 partis, qu’est-ce qui donne plus de poids en politique ? Pourquoi préfère-t-on aller faire foule ou animer la foule à 6000 ou 10000 km du Cameroun et plus jamais au Cameroun ou à Yaoundé ?

Pour approfondir :   Patriotisme : Quand le ghetto ravit la vedette (Tribune)

Lorsque vous finissez de vous poser toutes ces questions, vous comprenez que nous sommes encore très loin du compte. Certains me demandent pourquoi je ne fais pas moi-même tout ce que je propose et je leur renvoie la question : Pourquoi ne pouvons-nous pas le faire ensemble ? En équipe ? Beaucoup d’entre nous doivent désormais intégrer la démarche d’équipe. Une démarche d’ensemble. Pour gagner, tout le monde ne joue pas à la même position. Dans un moteur, c’est une petite pièce comme le piston qui fait fonctionner le reste. Il ne faut pas négliger les « petits partis ». Plus de 300 leaders sont allés créer d’autres partis parce qu’ils n’ont pas eu l’impression que les idées étaient prises en compte par les « grands partis ». Il faut trancher ce nœud gordien de l’échec. Que ceux qui sont aujourd’hui devant jouent leurs rôles. Il ne faut pas demander aux gardiens de but d’aller jouer devant pour marquer eux-mêmes des buts puisqu’ils disent n’être pas très contents du comportement des attaquants. Il faut interpeller les attaquants afin qu’ils fassent des tirs tout au moins cadrés. Pour ce faire, il faut changer de mindset.

Bonne journée.

LMK                                            

 


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Cabral N

Cabral Libii livre à ses militants les 7 étapes clés de la victoire du PCRN en 2025

Patrice Nganang annonce son retrait des réseaux sociaux

Joseph Emmanuel Ateba : « M. Nganang doit cesser l’exploitation de l’image du MRC »