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Tribune Libre : Dieudonné Essomba propose de passer à la fédération comme forme de l’Etat

Dieudonne Essomba

Dans une tribune libre publié sur son mur Facebook ce jeudi 21 février 2019, l’économiste statisticien Dieudonné Essomba estime que le gouvernement est pris au piège de la sécession et que pour sortir de ce piège « Il faut aller à la Fédération ». LeBledparle.com, vous propose de lire cette chronique.


Dieudonne Essomba
Dieudonné Essomba – capture écran

LE GOUVERNEMENT, PIEGE PAR LA SECESSION

J’avais été clair dès le départ de cette affaire : il fallait immédiatement aller à la Fédération de manière contrôlée par l’Etat central, sans hésitation, ni murmure.

En effet, on ne négocie jamais avec la Sécession, ni avec le Sécessionniste. C’est un mouvement qu‘il faut absolument étouffer. Toutefois, ce n’est pas avec les méthodes du Gouvernement et ses idéologues qu’on l’étouffe, mais par la Fédération.

La Fédération étouffe la sécession par trois mécanismes principaux :

  1. 1. Elle lui enlève sa séduction et amoindrit sa base de recrutement, car une bonne partie de la population se contente volontiers d’une autonomie de type fédéral, d’ailleurs généralement plus bénéfique que l’indépendance, car tout en fournissant à la population les moyens d’un Etat, elle lui dispense la gestion des charges lourdes comme la défense, le contrôle des frontières ou la diplomatie.
  2. 2. Elle oppose à la Sécession une administration et une police locale, formées à partir des communautés locales et disposant d’une importante légitimité. La police locale connaît le terrain et la sociologie autant que les Sécessionnistes et les combat avec plus de précision, l’armée centrale venant plutôt en appui. Or, lorsque l’Armée centrale combat directement la Sécession, elle ne peut pas être efficace puisqu‘elle ne connaît pas le terrain, multiple les bavures et conforte l’image de force d’occupation que lui créent les sécessionnistes ;
  3. 3. Elle paralyse l’action de la Sécession en réduisant ses possibilités d’agression de l’Etat. En effet, les infrastructures publiques les plus visibles, comme les écoles, les Lycées, les hôpitaux, les routes, sont majoritairement la propriété de l’Etat local. En les détruisant, les Sécessionnistes détruisent le fruit du labeur des populations locales et des dotations fédérales qu’ils ont reçues, sans espérance d’être reconstruits. Ce qui est totalement inacceptable. A contrario, l’Etat unitaire est très vulnérable : puisque toutes ces infrastructures lui appartiennent, les Sécessionnistes les attaquent, obligeant l’Etat qui veut absolument afficher sa présence à les reconstruire dans une spirale sans fin.
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Il fallait donc aller à la Fédération dès le départ. Malheureusement, le Gouvernement et ses idéologues sont partis sur des présupposés totalement défectueux, le principal étant que la réduction du mouvement était une affaire de quelques jours ! Une Sécession ! Depuis quand les guérillas sécessionnistes meurent en quelques jours ? Même les mouvements aussi mineurs que la Casamance ou le Cabinda qui ne recoupent même pas 1% de la population résiste encore depuis près d’un demi-siècle. Comment a-t-on pu imaginer que la sécession anglophone qui recouvre 20% de la population était une affaire de quelques jours ?

C’était un non-sens absolu ! La Sécession anglophone, il faut aller chercher dans les 50 ans, le temps de 3 générations, pour que le problème change de nature !

Cela signifie que cette Sécession n’en est qu’à ses débuts et elle ne peut que monter en force, quels que soient les efforts du Gouvernement. Son ampleur est telle que le Cameroun n’a pas les moyens politiques, économiques, financiers, diplomatiques pour la réduire dans le cadre d’un Etat unitaire.

Cette Sécession va nous porter des coups mortels. Comme je l’ai dit, son objectif n’est pas de battre l’armée, puisqu’elle n’en a pas les moyens. Son objectif est de tuer l’Etat par un effet-ciseaux :

-à gauche, elle détruit toutes les ressources sur lesquelles l’Etat comptait pour fonctionner, amputant grièvement ses moyens financiers ;

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-à droite, elle soumet l’Etat à de lourdes opérations de sécurité, mais surtout à une obligation de reconstruction permanente des infrastructures qu’elle détruit, suivant une logique simple : elle détruit un hôpital en dépensant seulement 20.000 FCFA, mais comme l’Etat doit absolument préserver sa présence, il est obligé de le reconstruire à 20 Millions de FCFA, soit mille fois plus.

Avec ses destructions, ses provocations, elle va saigner le Cameroun à blanc et épuiser l’Etat. On peut se scandaliser des crimes des Sécessionnistes, des meurtres des agents publics en uniforme, des incendies des hôpitaux et des écoles, mais qu’est-ce que ces cris d’indignation peuvent leur faire ? Ils se fichent carrément de nos référents ! On n’apitoie pas un crocodile en lui lisant la Bible !

Les gars sont dans une logique simple : détruire l’Etat du Cameroun sur ce qu’ils appellent leur territoire ! Le reste, ce n’est pas leur affaire !

Certains pseudo-patriotes pensent que soutenir les positions du Gouvernement et son Etat unitaire, c’est aimer le Cameroun. C’est totalement faux ! Le Cameroun unitaire, il faut se faire définitivement à l’idée qu’il est mort, et que le terme « unitaire » est lui-même devenu un vecteur de guerre.

La Sécession anglophone ne s’arrêtera pas et nous n’avons pas les moyens d’y mettre fin. Persister dans cette voie, c’est effectivement, contribuer à la destruction du Cameroun.

Il faut aller à la Fédération, en renforçant le camp des Fédéralistes Anglophones qui sont encore, heureusement, nombreux, en négociant les modalités de fonctionnement avec eux, et en l’étendant à tout le Cameroun, pour éviter la polarisation anglophone/francophone.


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