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Tribune : Le colonisé consentant

Bekolo Obama

L’Africain aime le colonialisme, l’Africain a  tellement aimé le colonialisme qu’il ne veut pas lâcher ses acquis… Et parmi ses acquis, la République bananière, le pouvoir, les petits privilèges, la France, la langue française pour les colonisés francophones et la même chose pour les anglophones…


Bekolo Obama
Jean-Pierre Bekolo Obama – DR

Les politiques africains sont heureux d’être des ministres comme les intellectuels africains sont heureux d’être des docteurs. Toutes ces choses n’ont été possibles qu’avec le colonialisme. Dieu Merci pour nous le blanc est passé par là. Faut pas écouter tous ces discours anticolonialistes d’individus qui n’ont jamais renoncés à vivre et à jouir des acquis du colonialisme. Il faut arrêter de jouer sur la mauvaise conscience et la culpabilité chrétienne de l’occident qui voudrait s’auto flageller pour tout le mal qu’il a fait subir aux “bons sauvages” que nous étions.

Si le discours anticolonial est la réponse des dirigeants africains véreux à l’occident lorsque celle-ci veut leur donner des leçons de démocratie, de droits humains par exemple c’est bien parce qu’il est devenu le bouclier qui protège les dictatures africaines. Etonnant que les intellectuels de la décoloniale disent la même chose que les dictateurs! Les élites intellectuelles politiques corrompues africaines peuvent donc se cacher derrière le bouclier du discours anti-colonial car il est le paravent des bénéficiaires actuels du néocolonialisme dont ils sont devenus les principaux acteurs.

En plus de la structure et des outils qu’ont apporté le colonialisme au pouvoir en Afrique, il a aussi apporté sa violence qui est un acquis dont les Africains ne veulent pas se défaire. Car cette violence est ce qui leur permet d’exister faisant fi de toutes les valeurs qu’on dit africaines. S’il faut être honnête, les africains ne veulent pas retourner à leur Afrique traditionnelle, elle reste de l’ordre de la nostalgie et surtout sert à supporter le regard insupportable qu’on aurait sur nous-mêmes; celui des gens qui ont embrassé leur bourreau non pas par amour du prochain, mais par admiration du dominateur et de la domination elle-même.

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Le peu d’enthousiasme des Camerounais par exemple à célébrer leurs héros de la lutte coloniale montre à quel point jouir des retombées du colonialisme est plus savoureux que de perdre son énergie à raconter une histoire de perdants d’une lutte de libération nationale toujours considérée aujourd’hui par les camerounais comme une entreprise malheureuse car ce qu’ils en retiennent c’est la mort inutile de leurs compatriotes pour avoir osé affronter le colonialisme.

Arrêtons donc de nous mentir et de mentir aux autres, nos comportements disent le contraire de nos paroles, nous aimons le colonialisme. Ce n’est pas un hasard si les cours de chinois sont plus populaires en Afrique que les cours de décoloniale car après la première colonisation, les africains sont prêts pour une deuxième. Les cours de langue africaine alors n’existent quasiment nulle part comparé aux cours d’Allemand, d’Espagnole et même du Turc!!

Je veux comprendre comment tous ces gens relativement intelligents alignés devant l’Ambassade de France pour un visa sont tous des victimes psychiatriques dont parle Peaux Noires Masque Blanc de Fanon.

Tout serait-il de l’ordre du psychique? Peut-on tout mettre sur l’état mental du colonisé? Franchement bien que né de parents colonisés, je ne me sens pas mentalement dérangé. Quel est ce pouvoir de manipulation que le colonisateur aurait eu sur le colonisé et ses descendants jusqu’à ce jour? Ou c’est tout simplement que le colonisé a accepté de jouer le jeu? Et si c’est le colonisé qui finalement était le plus heureux dans cette relation avec le colonisateur?  Et si le consentement était finalement la dimension la plus importante du colonialisme?

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Voilà des gens à qui on a tout imposé et qui adorent tellement ce qu’on leur a imposé qu’ils suivent leur bourreau rentré chez lui pour en redemander!

Quelle différence avec le consommateur victime de la société capitaliste qui sait que le hamburger n’est pas bon pour sa santé mais qui en mange quand même? Le colonisé n’est-il pas finalement addicte au colonisateur? Dans les deux cas, les victimes sont consentantes.

Et si l’Afrique avait servi de modèle au capitalisme, ce serait un modèle parfait.

Et si le colonialisme avait juste décelé une faiblesse et exploité ce qui est avant tout un comportement humain à des fins d’intérêts tout comme le capitalisme?

Si ceci est avéré, continuer à parler du colonialisme ne serait-il pas réducteur quand ce n’est pas une distraction quand on sait maintenant qu’il s’agit d’une question humaine plus large et que le véritable profiteur et danger pour l’humanité entière est le capitalisme? Car aujourd’hui c’est la planète entière qui est victime du colonialisme et l’humanité qui a besoin d’une décoloniale. Comment faire quand les victimes sont consentantes?

 


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